See Through

Trois

Olive inspira une nouvelle fois. C'était lui elle en était certaine. Elle n'avait pas passé tant de temps à son service mais l'eau de Cologne qu'il utilisait était singulière. Assez en tout cas, pour qu'elle le reconnaisse ici devant elle.
— Finn Foster et Kimberly Williams. Bienvenue. Vos places de situent au premier rang sièges 15 et 16, ma collègue va vous y conduire. Avez vous des vestes à me donner peut-être ?
Kimberly pouffa et Olive sentie sa mâchoire se contracter.
— Vous voyez bien que nous n'avons pas de veste non ?
Olive ne pris pas la peine de répondre et guarda son sourire crispé attendant que sa collègue arrive. Lorsqu'ils bougèrent enfin elle souffla un bon coup avant de passer à la personne suivante.

Au moment où elle avait appris la liste des invités elle n'avait pas pu s'empêcher de remarquer la présence de son ancien patron. Cela l'avait d'ailleurs grandement étonné car son domaine était bien plus la finance que la mode mais elle ne s'était pas attardée dessus.
Comme l'avait si bien dit Frankie, il avait du pouvoir. Bien plus qu'elle ne voulait l'admettre. Elle savait qu'il pouvait faire de sa vie un enfer mais elle était incapable de ne pas souligner à quel point ils étaient -lui et tous les autres bourgeois présents à ce défilé- déconnectés de la réalité.
Elle se mordit l'intérieure des joues. Les concepts même de famine et de pauvreté leurs étaient étrangers.

Elle invita le dernier couple à aller s'asseoir et disparue derrière la marrée mouvante de soie et de volants par la porte de derrière pour aller fumer.
Le balcon était vide et sombre et sa vue était juste assez précise pour distinguer la flamme vacillante de son briquet.

Elle inspira la première taff quand les applaudissements de la salle se firent entendre. Les notes des violonistes accompagnant les œuvres d'art s'élevèrent, la berçant juste assez pour supporter le silence bruyant de New York.

Elle profita de cette pause se fondant dans le décor de la nuit avec sa chemise et son pantalon de costume noirs. Les applaudissements parvinrent une nouvelle fois jusqu'à ses oreilles et elle se mit en route pour retrouver son poste. Elle avait réussit à ne pas faire de vagues jusqu'à présent ce qui n'était pas dans sa nature.

Sa manageuse compréhensive lui annonça qu'elle pouvait rentrer chez elle avant que tout ce beau monde ne le fasse. Elle aurait voulu aider à ranger, se lier d'amitié avec ses collègues en démontant le podium mais elle savait qu'avec son handicap elle ne serait pas d'une grande utilité.
Elle détestait que ce mot représente la limite de ses capacités.
Frustrée et énervée contre elle même, elle disparue donc sous son grand manteau, seule dans les rues de New York.
Elle avait mémorisé par cœur le chemin à pied les jours précédents et elle allait mettre ce travail à profit. Elle sortie son paquet pour en extraire une cigarette.

*

Finn avait congédié son chauffeur préférant rentrer à pied. Dès qu'il avait aperçu son père dans un coin de la pièce il avait sue qu'il serait incapable de voir la suite du défiler. Rien que savoir qu'ils respiraient le même air lui donnait la nausée.

C'est pourquoi il était parti en coup de vent. Il avait besoin d'air et cette soirée anormalement fraîche pour début Septembre était exactement ce qu'il lui fallait.
Il avait récupéré un manteau assez grand pour pouvoir plonger ses mains au fond des poches, avec un col juste assez haut pour couvrir sa nuque.

Il marchait d'un pas déterminé, sans vraiment savoir où il allait, marmonnant dans sa barbe. Il était fixé sur la pointe de ses chaussures de costume et ce qui devait arriver arriva.
Au croisement d'une rue il bouscula quelqu'un de plus léger que lui.

—Vous pourriez regarder où vous marchez bon dieu ! Elle pesta.

Il reconnu la voix avant de reconnaître le visage. Enfin, ce qu'il voyait du visage.
Cette femme de ménage aux cheveux blonds et aux grandes lunettes -trop grandes il trouvait- ne le lâchait pas.
Elle était tombée et semblait, si on en croyait la forme que prenaient ses sourcils, visiblement irritée.
Elle semblait plus petite et surtout plus démunie logée sur son arrière train plutôt que debout, devant son bureau à lui lancer du café à la figure.