— Tu comptes vraiment accepter sa proposition ?
Olive baissait le son de la télévision en se tournant vers son amie.
— On en a déjà parlé Frankie. Je le fais poireauter, comme ça je peux demander ce que je veux en contrepartie et il ne pourra pas refuser. Un grand sourire peignait son visage et elle sortie une cigarette du paquet puis alluma son briquet.
— Et qu'est ce que tu comptes lui demander ?
Elle prit la première taffe et souffla la fumée sur son amie.
— Un chauffeur privé.
Elle omit un détail, mais elle devait tenir sa promesse.
— Sérieusement Liv ? De tous les trucs que tu peux avoir tu demandes un chauffeur privé ?
— Bah quoi ? C'est bien non ?
— Oui oui, mais je sais pas, avoir une faveur de Finn Foster c'est un peu comme un vœu du génie de la lampe. Les possibilités sont illimitées, donc ça m'étonne de toi que tu sois aussi raisonnable.
Olive ne répondit pas, car si elle le faisait cela l'obligerait encore une fois à mentir et elle n'aimait pas ça. De plus elle savait que Frankie la fixait.
— A moins que t'en veuille vraiment de lui avoir fait subir ça, elle continua.
— C'est un con Frankie.
— Oui je sais bien mais tu peux te sentir coupable envers un con. C'est déjà arrivé.
—Hmm...
En réalité elle était perdue. Son cerveau lui criait de partir le plus loin possible de lui mais son instinct l'en empêchait.
Et sa conscience lui criait d'arrêter ses conneries.
Elle attrapa sa carte de visite et la fit tourner entre ses doigts pour le vingtième fois.
Elle avait d'abord cru qu'il était vraiment stupide de donner une carte de visite à une aveugle mais en prenant la carte elle avait sentie les petits points sous ses doigts. Du braille.
La carte était juste assez longue pour contenir son numéro de téléphone et elle n'avait pas pu s'empêcher de sourire.
— Bon moi je vais me coucher, j'ai un déménagement à faire demain.
Olive sentie son cœur se serrer dans sa poitrine. Mais elle ne dit rien de peur de faire un nouveau caprice.Le lendemain, elle, Don et Verga (les employés du garage) aidèrent Frankie à déménager la plupart de ses affaires dans la petite camionnette garée sur le trottoir.
Une fois toutes les affaires ordonnées, Frankie aida Olive à monter dans le camion et fit démarrer l'engin.
— Tu peux me déposer chez Foster s'il te plaît ? Elle demanda à son amie.
Frankie répondit par l'affirmative et la conduit jusqu'à la résidence du patron.
Elle l'aida une nouvelle fois à descendre mais ne lâcha pas ses mains une fois sur le trottoir.
— Je reviens demain matin pour récupérer la voiture et les quelques affaires qu'il me reste. Si t'as le moindre problème tu m'appelles ok ?
Olive hocha la tête et serra les mains de son amie.
— Tu vas n'en faire qu'une bouchée de cet examen, c'est moi qui te le dit.
Son amie eut un rire bref et l'enlaça.
Cela faisait un bon moment qu'elle n'avait été enlacée de la sorte et elle mit un moment avant de l'étreindre à son tour.
— Fait attention à toi Liv, à demain.
Et elle défit son contact aussi abruptement qu'elle avait initié.Olive se tourna vers la maison. Tout ce qu'elle voyait était du beige. Rien d'autre. Elle trouva la sonnette à tâtons et se tint raide comme un piquet, prête à en découdre.
Elle reconnu l'odeur de Gérard qui lui ouvrit la porte en s'exclamant:
— Olive ! Quel bonheur de te revoir !
Elle avait beau ne pas apprécier son patron elle adorait Gérard.
Mais enveloppée par le stress elle ne trouva rien à répondre et se contenta de sourire.Il la conduisit, une main derrière le dos, jusqu'au bureau de Finn qu'elle commençait à connaître.
— Monsieur, madame est là pour vous.
Gérard la fit entrer et elle entendît Finn se lever immédiatement de sa chaise lorsqu'il comprit qu'il s'agissait d'elle. Seulement il resta debout, immobile. Seul son cœur tambourinait dans sa poitrine, un cheval lancé au galop.
— Bonjour à vous aussi monsieur Foster.
— Comptez vous accepter ma requête ou êtes vous venue la décliner et rire de moi ?
Elle nota immédiatement le ton impatient d'un enfant pourri-gâté ce qui ne fit qu'agrandir son sourire et accélérer les battements de son cœur.
— Je me ferais un plaisir de m'asseoir, merci beaucoup, elle l'ignora se dirigeant vers les fauteuils en cuir.
Elle s'assit dans son long manteau et remonta son regard vers la tâche noire de son champ de vision qui contrastait avec le beige de la pièce.
— Vous êtes donc venue me rire au nez.
— J'adorerais un café, c'est si gentiment proposé.
Elle le sentit bouger et elle entendit Gérard s'agiter dans l'entrée du bureau.
— La café arrive incessamment sous peu.
— Bien, je ne sais pas vous mais je n'arrive pas à me concentrer sans caféine.
Il eut un grognement quand il comprit qu'elle ne parlerait pas tant qu'elle n'avait pas son café.
— Pourquoi n'utilisez vous pas de canne ? Il demanda après un silence.
— Parce que je suis née sans. Je vis à New York depuis vingt-quatre ans. Je n'en ai pas besoin. Maintenant à mon tour de poser les questions. Pourquoi tenez-vous tant à votre réputation ?
Finn fut prit de cours et mit un petit temps avant de trouver une excuse convenable.
— Comme vous le savez déjà je suis étroitement lié à la maison Garcia. Il s'agit d'une maison avec une certaine renommée, je me dois de ne pas l'entacher. Il était trop humiliant pour lui d'accepter son échec devant elle alors qu'il avait déjà du mal à l'accepter lui même.
Elle s'immobilisa et un sourire lent lui fendit la bouche.
— Je vais faire comme si je ne venais pas de vous entendre me mentir Foster, mais à l'avenir tachez de prendre des cours de théâtre pour paraître un peu plus crédible.
Elle l'entendît ronchonner en s'asseyant ce qui la fit sourire d'avantage.
Gérard entra dans la pièce faisant tinter les tasses entre elles et Olive tourna instinctivement la tête, assoiffée.
— Je crois bien qu'il est l'heure de rentrer dans le vif du sujet Mademoiselle Martin.
Un frisson la parcourue. Elle n'aurait su dire pourquoi mais la manière dont il avait prononcé ce mot, « mademoiselle » avait quelque chose de tellement charmant qu'elle comprit l'espace d'un instant son succès auprès de la gente féminine.Elle bue une gorgée de café pour se concentrer et releva la tête.
— Je suis venue accepter votre proposition mais sous certaines conditions.
— Je vous écoute, il répondit sûrement plus rapidement qu'il n'aurait dû.
— Ma première requête est un chauffeur privé.
Il y eut un blanc.
— Vous rigolez j'espère. L'autre soir vous m'avez fait tout un cinéma pour rentrer à pied et aujourd'hui vous voulez un chauffeur privé ?
— Hier était un autre jour. Aujourd'hui je veux un chauffeur privé. Vous la voulez cette réputation ?
— Oui bon soit, autre chose ?
— J'y viens. J'exige une information complète de l'actualité. Je veux une image contrôlée de bout en bout. Quoique la presse sorte sur nous je veux être au courant le plus vite possible pour que l'on puisse réagir.
— Fait. Autre chose ?
— Oui.
C'était même la partie la plus importante pour Olive mais elle ne voulait pas le lui montrer.
— J'aimerais que vous payez mon loyer pour les deux prochaines années.
Elle avait fait des calculs et ça serait suffisant pour leur permettre de survivre de leurs économies faites pendant ces deux années.
Il laissa passer trois secondes, maximum mais ces trois secondes lui parurent une éternité.
— Bien. Un dernier souhait ?
Elle sentit le pois se libérer de ses épaules. Elle détestait faire ça mais c'était une question de survit.
— Non c'est tout, mais je veux tout ça sur un contrat signé de votre main et de celle de votre avocat le plus tôt possible que l'on puisse se mettre au travail.
— Ça sera fait demain.
— Bien, et vous serez assez aimable, pour célébrer notre collaboration, de demander à votre chauffeur de me ramener chez moi. Merci.
Elle se leva, portant immédiatement une de ses cigarettes à ses lèvres. Marchant d'un pas félin vers la sortie, son manteau léchait ses talons à chacun de ses pas.
Elle entendit Finn Foster se lever derrière elle et la rattraper en quelques enjambées seulement.
Elle entendit la porte s'ouvrir juste devant elle et sentit Finn poser délicatement sa main au creux de ses reins pour l'accompagner.
— Rentrez bien. Je demanderais à mon chauffeur d'être prudent.
Et aussi simplement que ça elle se retrouvait dehors.
Assise dans la voiture (les sièges en cuire étaient incomparables à ceux de la Golf de Frankie) elle ne pu s'empêcher de sentir son dos la bruler. Elle savait que Foster était juste heureux de pouvoir corriger sa réputation mais elle ne s'attendait pas à tant de démonstration de sa part.En arrivant chez elle la première chose qu'elle fit fût de prendre son téléphone pour appeler Frankie mais elle se stoppa. Frankie ne vivait plus ici. L'appartement était vide. Elle s'allongea sur son lit mais ne supportant pas le silence plus de trois minutes elle descendit aider Verga et Don dans le garage.
Elle prit une pause et appela Eddy pour lui annoncer qu'elle avait réglé le problème. Quand il lui demanda comment elle ne répondit pas mais raccrocha le sourire aux lèvres.
Maintenant que Frankie était partie pour deux ans elle allait devoir travailler à plein temps pour le garage, afin d'aider Eddy. Elle lui devait bien ça. En la voyant sortir du bureau dans ses pensées Don l'interpela.
— Livy ! Ça va ma jolie ? Y'a une Mercedes dans le fond à laver si tu veux. Oublie pas de boire et de faire des pauses hein, c'est un beau morceau.
Olive lui sourit en hochant la tête.Elle avait cet instinct avec les gens. Elle avait tout de suite sue que Don était une crème. Il sentait le talque et le savon pour bébé malgré ses mains rugueuses et sa bedaine.
Il s'occupait des voitures comme de ses enfants et était toujours bienveillant avec les clients parfois peu aimable de New York.
Il était aux antipodes de Verga, une afro-américaine à l'accent canadien qui n'avait pas sa langue dans sa poche. Olive avait tout de suite décelé un grand potentiel en elle et elle avait eu raison. C'était un petit génie des moteurs mais elle n'hésitait pas à travailler des heures supplémentaires pour s'assurer que le travail était bien fait. Elle et Frankie se disputaient souvent sur la manière de réparer certaine voiture tant et si bien qu'elles étaient devenues un bruit ambiant pour les deux autres.Il était déjà tard quand Olive finit d'astiquer la dernière voiture. Don se décida à rentrer et Verga finit, avec l'aide d'Olive, de réparer une fuite moteur avant d'elle aussi rentrer chez elle.
En abaissant le rideau en métal de l'entrée, le bruit résonna dans tous le hangar et au fond d'elle.
Olive se tourna et réalisa: pour la première fois en dix ans elle était à nouveau seule.
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See Through
RomanceElle est aveugle, il est comptable. Elle est maligne, il vicieux. Olive Martin déteste les hommes et la haute société. Finn Foster est un expert comptable réputé. Il déteste les gens bordéliques et atypiques. Olive Martin est aveugle mais connaît Ne...