Finn allait revoir Olive.
Il n'avait pas le choix.
Assis à la table de sa cuisine spatieuse et monochrome, Finn Foster manqua de s'étouffer avec son café en voyant la première page du New York Post.
Ce tabloïds était en un sens, pire que ce qu'il avait prévu la veille.
En gros caractères gras était écrit « FINN FOSTER HARCÈLE UNE ANCIENNE EMPLOYÉE HANDICAPÉE ».
Joint à ce titre accrocheur était imprimé une photo de la veille au soir lorsqu'il avait bousculé Martin, elle par terre, lui debout. Une image symbolique en somme, qui affirmait sa supériorité et sa réputation d'enflure.
Il reposa son café au moment où son téléphone se mit à sonner. Son avocat à l'autre bout du combiné lui expliqua qu'il ne pouvait poursuivre le journal pour diffamation que s'il n'avait pas poussé Olive Martin ce qui n'était pas le cas.
Le deuxième coup de téléphone qu'il reçu fut la réelle chute. Il avait toujours pensé que sa réputation dans la presse était suffisamment mauvaise pour que ses employeurs n'y prêtent pas attention.Visiblement il avait tord. Le patron de Citigroup Inc. en personne l'avait appelé pour lui expliquer que malgré son travail excellent, ils allaient devoir se passer de ses services pour préserver l'image de la banque.
Il ne voyait pas en quoi l'image de la banque était liée à son travail mais il n'avait rien pu répondre, encore sous le choc.Finn resta assit à sa table, le journal dans une main son café dans l'autre, le regard perdu dans le vide.
Il venait d'échouer. Mais il n'allait pas se laisser faire comme ça. Il alpagua Gérard pour demander au chauffeur de préparer la voiture. Il s'habilla plus décontracté pour passer inaperçu, attrapa son manteau, une casquette et sorti.
Il devait se rendre immédiatement chez Olive Martin pour régler ce problème. Pour réparer sa réputation il devrait agir rapidement.Il se gara à quelques rues de son adresse qui semblait être aussi un garage. En tournant il fut étonné du nombre de journalistes plantés devant chez elle.
C'était donc là qu'elle habitait. Un lieu assez insalubre mais qui était parfait pour un garage: humide et détérioré.
Il fit demi tour avant d'être repéré par les journalistes et se dirigea vers la porte de derrière, sa dernière option.
Il tendit le bras pour saisir la poignée mais celle-ci s'ouvrît à la volée et il tomba né à né avec une femme petite, au teint basané et à la coupe de cheveux raide et courte.
Elle l'examina de haut en bas avant de lever les yeux au ciel.
— Finn Foster, toujours là où on ne veut pas qu'il soit.
— J'aimerai parler à Olive Martin.
— Oui et moi j'aimerais vivre sur Mars, comme quoi on a pas toujours tout ce qu'on veut.
Elle fit volt face pour s'en aller mais il ne devait pas la laisser partir, c'était sa seule chance de parler avec Olive Martin.
Il l'attrapa par le bras d'une main et bloqua la porte de l'autre.
— Attends ! Je veux juste lui parler, je peux vous payer si vous voulez.
Elle s'arrêta, se retourna et le fixa d'un air de dégoût.
— Lâches. Mon. Bras. Y'a vraiment que les bourgeois pour penser que tout se règle avec de l'argent. Ses yeux étaient si menaçants que Finn trouvait la trace sur sa joue plus proche d'une peinture de guerre que de l'huile de moteur.
— Écoute moi bien, j'ai le pouvoir de faire fermer ton garage demain si j'en ai envie. Mais je reviendrais tous les putains jours s'il le faut, jusqu'à ce que tu me laisse lui parler. Laisse. Moi. Rentrer.
Il n'aimait pas faire du chantage mais si c'était la seule solution pour être écouté il allait le faire.
Elle n'eut pas l'air impressionnée mais elle ouvrit la porte sur un couloir étroit et mal éclairé. Il la suivit dans la cage d'escalier sur la gauche qui donnait au premier étage sur un couloir bien plus viable. En arrivant au bout du couloir elle s'arrêta et lui fit face, cet air menaçant de nouveau voilant ses yeux.
— Je te préviens, tu fais un pas de travers avec Olive je te ferais regretter d'être né. Je te torturerais d'une manière telle que tu me supplieras de mettre fin à tes jours et ça, c'est bien quelques chose de l'argent ne peut pas acheter.
A ces mots elle fait demi-tour et ouvrit la porte.La première chose qui frappa Finn quand il entra fut à quel point l'appartement était bien organisé. Chaque objet semblait être à sa juste place et pas une once de poussière ne trônait sur les meuble. Le contraste entre le garage et ce studio était frappant à tel point qu'il mit plusieurs secondes à porter son attention sur Olive Martin, assise les jambes croisées sur un fauteuil près de la seule -mais grande- fenêtre de l'appartement. Elle aussi semblait à sa place.
Elle était vêtue d'une camisole blanche qui lui donnait un air presque angélique avec ses légers cheveux couleur or. Ses grandes lunettes noires étaient une fois de plus posées sur son nez et elle tenait dans sa main une tasse. Son pied battait la mesure dans l'air et ses lèvres s'étirèrent en un fin sourire lorsque la porte d'entrée se referma.
— Finn Foster ! Décidément, si j'y croyais je penserais que c'est le destin qui veut que nous nous croisions aussi souvent.
Elle avait un ton pince dans rire qui lui donnait un air furieux.
Elle prit une gorgée de sa boisson sans bouger de son fauteuil.
— Que me vaut donc le plaisir de votre visite ?
— J'aimerais vous demander une faveur, puis vous en faire une.
Olive émit un reniflement amusée.
— Vous lancez toute la presse New Yorkaise à mes trousses et en plus de cela vous voulez une faveur ?
— Je pense que vous devriez m'écouter avant de prendre votre décision, il répondit sur de lui.
— Et moi je pense que vous avez bien trop l'habitude qu'on évolue dans le creux de votre main. Il est tant que vous payiez les conséquences de vos actions.
— Écoutez, si nous apparaissons en publique ensemble pendant quelques temps, cela calmera les ardeurs des journalistes.
Cette fois elle lui riait au nez pour de bon. Un rire moqueur et acerbe.
— Et qu'est ce que j'y gagne dans cette histoire ? Non parce que là vous m'expliquez comment moi je réglerais votre problème, pas comment vous réglerez le miens. Et oui, réglerez, car quoi qu'il se passe, ce problème sera réglé, par vous, ou bien par moi.
— Si nous montrons de bonnes relations en public la presse ne trouvera plus rien à redire sur nous, vous comme moi.
Il y eu un silence puis Olive reprit.
— Vous plaisantez n'est-ce pas ? J'attendais la chute de la blague. Vous me prenez vraiment pour une imbecile. Je suis aveugle monsieur Foster, pas stupide.
La presse vous lâchera peut-être car vous êtes influent et vous avez le pouvoir de mettre de la distance avec eux, mais moi ?
Moi qui suis de la classe populaire et en plus quelqu'un d'handicapée comme vous l'avez si bien dit hier, ils n'en feront qu'une bouchée. Foster grogna en face d'elle. Ils trouveront un moyen de me faire du chantage, de me forcer à parler. Et ce jour là, je ne résisterais pas.Il se leva, sortant son portefeuille de sa poche et la regarda à travers ses verres teintés de noir.
— Je suis peut-être naïf, certes, de penser que vous voudriez bien m'aider à améliorer la situation, mais je ne suis pas idiot. Il fit glisser sa carte de visite vers Olive. Si vous rencontrez le moindre soucis appelez moi et je vous ferais parvenir mon avocat. Sur ce, passez une bonne journée mesdames.
Il ouvrit la porte et fit une halte. Il regarda Olive pas dessus son épaule. Elle était tellement sure d'elle qu'il en était presque intimidé.
— Oh et appelez aussi si vous changez d'avis, puis il claqua la porte.
Il appela son chauffeur pour qu'il le récupère par la porte de derrière et appela Manolo juste après.
Il l'entendît décrocher et ne le laissa pas parler.
— C'est Finn, j'ai besoin de toutes les informations que tu possèdes sur Olive Martin. C'est la réceptionniste aveugle qui gérait l'arrivée au défilé d'hier.
— Oh croît moi je vois bien qui c'est, il eut un rire grave qui fit courir un frisson le long de la colonne de Finn.
— Hein ?
— Eh bien figure toi que plus d'une personne est venue de me voir pour me parler d'elle. Il y a quelque chose en elle, la manière dont elle parle, sa gestuelle peut-être, qui intéresse les plus grands.
Finn sentit ses dents ses serrer. La pensée que d'autre s'intéressent à elle l'énervait sans qu'il ne sache pourquoi.
— Peu importe. Fournit moi tout ce que tu peux sur elle, et il raccrocha immédiatement.Cette femme le rendait fou. Pour essayer de se changer les idées il travailla en continue jusqu'à minuit, où Gérard vint lui apporter son dîner.
— Elle n'a pas appelé ? Il demanda, honteux de cette curiosité.
— Non monsieur, je ferais en sorte de vous prévenir immédiatement si c'est le cas.
— Bien, il laissa son regard vagabonder dans son bureau.Il avait revu Olive Martin et elle était encore plus singulière que ce qu'il pensait.
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See Through
RomanceElle est aveugle, il est comptable. Elle est maligne, il vicieux. Olive Martin déteste les hommes et la haute société. Finn Foster est un expert comptable réputé. Il déteste les gens bordéliques et atypiques. Olive Martin est aveugle mais connaît Ne...