Chapitre 1 - Theo

446 56 71
                                    

En termes de soirée de rentrée, personne ne fait mieux que les Zeta Beta Tau.

Les autres fraternités ont beau essayer de rivaliser, franchement, elles ne leur arrivent pas à la cheville. Ce chalet qu'ils privatisent au bord du lac Candlewood, ces navettes qui relient la fête au campus, ce buffet garni qui déborde de nourriture... Il n'y a pas à dire, ils mettent les moyens pour en mettre plein les yeux aux première année, histoire de poser leurs coudes sur la table et de les convaincre qu'ils sont les plus cools, ceux qu'il faut absolument rejoindre.

Je me rappelle avoir entendu Arabella, la copine de Caliban, grommeler que le budget qui passe là-dedans serait mieux investi ailleurs lors de l'édition de l'an dernier. D'un certain côté, je la comprends... mais en même temps, est-ce que les regards brillants des nouveaux Dolphins lorsqu'ils débarquent à la fête n'en valent pas la peine ?

— Alors, est-ce que je vous ai menti en vous promettant une soirée incroyable ?

Isaac hoche la tête vigoureusement, tandis que John balaye tout ce qui nous entoure d'yeux grands comme des soucoupes. Je prends très au sérieux ma mission d'intégration : bien sûr que je leur ai partagé le bon plan. Rien qu'à voir leurs expressions ébahis, je me sens récompensé.

— Toutes les fêtes de fraternité ressemblent à ça ? s'étrangle à moitié Carole.

— Ne vous emballez pas non plus, vous aurez le droit à votre lot de plans aussi foireux qu'au lycée. Ça, c'est quand même assez exceptionnel.

— Raison de plus pour en profiter à fond ! s'exclame Julian.

— OK, toi, je t'aime déjà.

J'avance ma main pour la frapper dans la sienne ; il la claque avec enthousiasme.

— Allez, amusez-vous. Vous avez jusque lundi matin pour vous remettre à temps pour le prochain entraînement !

Je n'ai pas besoin de le leur dire deux fois : ils s'égaient déjà à travers la salle, certains filant droit au buffet – c'est le fléau commun aux nageurs : nous avons tout le temps faim –, d'autres s'approchant du bar, d'autres encore, curieux, prenant la direction des baies vitrées ouvertes pour aller explorer l'étendue d'herbe en pente douce menant jusqu'aux berges du lac. Pour ma part, j'ai à peine fait quelques pas que je suis alpagué par Pieter, un mec des Zeta Beta Tau que je connais plutôt bien.

— Tu nous ramènes des recrues potentielles ?

— Tu sais, entre Rhett et moi, ils n'ont pas été très difficiles à convaincre.

Mon coéquipier fait aussi partie de la fraternité ; en tant que senior, il doit être en train de trimer quelque part, aux premières loges pour faire de la soirée un succès. Grand bien lui fasse : j'ai fait mon job d'organisateur le week-end dernier, pour notre après-midi sur la plage. Aujourd'hui, je suis libre comme l'air. C'est nickel : une fête comme ça, ça m'aurait fait chier de devoir la passer dans les coulisses.

— Et toi ? embraye Pieter. Aucune chance que tu nous rejoignes ?

— Bien essayé, mais non. Tu me connais, je ne compte pas me laisser attacher.

— Ni par une fraternité, ni par une fille, hein ?

Je me fends d'un petit mouvement de tête amusé en réponse. Ce n'est pas la première fois que les fraternités du campus tentent de me courtiser : je suis populaire, alors la plupart d'entre elles adoreraient m'avoir dans leurs rangs. Sauf que justement, moi, je n'ai pas besoin d'elles. Des frères, j'en ai déjà : ce sont les Dolphins. Sans compter mes quatre sœurs aînées, bien évidemment. Me pointer aux événements sympas comme la fête de ce soir sans les contraintes, ça me va parfaitement.

My Sweet SparkleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant