Chapitre 9

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« Cinq, quatre, trois, deux, un ... Bonne année !!! » Zoltan se fit enlacer par sa sœur qui lui colla un gros bisou sur la joue, puis ce fut le tour de son père, et enfin de sa mère. Il leur sourit, leur souhaita que du bonheur pour ce nouvel an, mais sa tête était ailleurs, avec un certain chanteur sexy. Pas que le roux n'aime pas sa famille, loin de là, mais quand la personne qui détient votre cœur vient de sortir un album, sur vous, lors duquel il ne va très certainement pas vous faire une déclaration d'amour, il est normal d'avoir du mal à se concentrer, puisqu'on a qu'une envie c'est d'ouvrir YouTube Music.

Mais cela faisait trop longtemps que Zoltan n'avait pas passé un aussi long moment avec les siens, alors ses peines de cœur pouvaient attendre, et le roux prit son mal en patience.

Et là, dans cet appartement qu'il partageait avec Sannoë, pas ici ce soir par ailleurs, dans cet appartement où l'avait rejoint sa famille, Zoltan se fit la promesse d'attendre que la soirée soit finie avant de penser ne serait-ce qu'au nom du chanteur.

Il discuta avec sa sœur, s'intéressa à son travail, à sa vie, à son mari. Il débattit avec sa mère sur la politique, le conflit israélo-palestinien, l'écologie. Il écouta même son père lui raconter ses problèmes au travail, le fait qu'il n'arrivait pas à supporter la moitié de ses collègues et ce "putain de patron aussi con qu'un balai !". Zoltan, impuissant, vit cet homme qu'il avait toujours connu avec le sourire, cet homme toujours positif, n'élevant jamais la voix, Zoltan vit cet homme craquer. Et la musique qu'avait sorti Sunce, la musique qu'il savait inspirée de son père, la musique Regret s'imposa à lui.

"Elle est comme une tache indélébile

Elle est de cette race, indescriptible,

De ces maux qui restent à vie,

Quel que soit notre âge et notre pays."

Alors Zoltan se rendit compte que cette situation ne pouvait plus durer. Son père ne pouvait pas rester avec ce boulot qui ne lui plaisait pas. Il avait un rêve, et un rêve, ça ne s'abandonne pas. Demain, promis, il en parle avec lui et fera tout son possible pour qu'il continue d'y croire. Et qu'importe si son père échoue dans le métier de ses rêves, car "Si ton premier pas ne t'emmène pas là ou tu le souhaite, il te sort au-moins de là ou tu te trouves".

C'est quelques heures plus tard que, enfin, après avoir nettoyé le salon, rangé les jeux de cartes et fait la vaisselle, Zoltan rejoignit son lit. Dire qu'il avait réussi à se sortir Sunce de la tête et qu'il s'endormit sans écouter le nouvel album serait mentir, et de beaucoup. En effet, à peine fut-il arrivé dans sa chambre qu'il se jeta sur son téléphone. Il retourna la pièce pour retrouver ses écouteurs, qui n'étaient finalement que bien en évidence sur la table de nuit puis mit ensuite deux minutes pour se souvenir du code de déverrouillage. Enfin, il atteignit YouTube Musique. De là, il finit sur la page de l'album, et, devant la première musique, son doigt se stoppa à quelques millimètres de l'écran. Zoltan avait peur de ce qu'il entendrait. Après quelques secondes d'hésitations, il lança la musique, et ferma les yeux. Cœur de pierre était le nom du premier morceau.

" [...] Durant trois mois, je n'ai pas osé t'aborder,

Durant trois mois, je n'avais qu'une envie : te parler

C'est finalement dans ce parc aux milles couleur

Que tu m'as sourit, pour mon plus grand bonheur [...]"

La dernière note résonna, et le roux rouvrit les yeux, un sourire en coin. Il ne s'était pas trompé sur sa théorie, cet album parlait bien de lui, la première chanson était sur leur rencontre. Il fit défiler le nom des musiques : Pour toi, Regret, En morceaux, Bloqué, Je suis une balle rebondissante, Merci, milles merci. Le nom de cette dernière attira l'attention du jeune homme, mais il s'obligea à les écouter dans l'ordre. Il voulait comprendre ce que Yaël avait vécu. Alors il appuya sur le deuxième titre.

" [...] Je te dédie toutes mes pensées, toutes mes chansons,

Je te dédie toutes mes paroles, tous mes sons.

J'en suis certain maintenant, je suis sûr que je t'aime

Et ce d'un amour, inconditionnel [...] "

Les sentiments du brun s'étalaient là, sur quelques notes de musique. Sentiments que Zoltan connaissait très bien car il les avait partagés. Il les ressentait d'ailleurs toujours. Mais le jeune homme était intimement persuadé qu'ils n'étaient plus réciproques.

La troisième chanson, le jeune homme la connaissait. Et bien qu'il l'adore, il se permit de la sauter, pour passer directement à la quatrième, Morceaux. Zoltan eut un sourire sans joie à la vue de ce titre. C'était la fin de la belle histoire, la tristesse arrivait. Et en effet, le refrain changeait radicalement par rapport à la deuxième chanson :

" Mon cœur de pierre

Tu l'as transformé en verre

Puis tu l'as soulevé bien haut

Pour le briser en morceaux."

« Je n'ai pas brisé que le tien, si ça peut te rassurer, songea amèrement Zoltan, le mien non plus n'a pas été épargné. » Puis il se reprit. Son cœur avait pâti oui, mais il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même, c'était suite à sa propre décision qu'ils s'étaient séparés. Et puis, si c'était à refaire, le roux quitterait de nouveau Yaël. Ça avait été dur certes, mais c'était la meilleure chose à faire, pour eux deux.

Zoltan secoua la tête et revint dans le temps présent. Comme le dit si bien ce proverbe arabe : " Ce qui est passé a fui, ce que tu espères est absent, mais le présent est à toi." Alors le jeune homme enchaîna sur la cinquième musique, Bloqué.

" On dit du temps qu'il guérit toutes les blessures

Mais je crois qu'avec moi, il a abandonné.

On me dit d'être patient, qu'est passé le plus dur

Mais chaque jour sans toi me rappelle combien j't'aimais. [...] "

Zoltan s'empêcha de réfléchir plus que cela sur ce morceau, sinon il allait tomber en dépression et culpabiliser jusqu'à la fin des temps. Vite, enchaîner sur l'avant dernier titre : Je suis une balle rebondissante. « Il n'y a vraiment que Sunce pour avoir des noms de morceaux pareil » rigola-t-il.

" [...] Je suis une balle rebondissante

Et tu es celui qui m'a lancé

J'ai commencé par une descente

Maintenant je peux m'envoler. [...] "

S'il on omettait le titre, la chanson n'était pas si mal, trouva Zoltan. Il ne reste plus qu'une musique, se rendit-il compte. Merci, milles merci. Le jeune homme inspira un grand coup. Pour l'instant c'était aller, il s'était imaginé plus de violence à son égard. Le titre de cette musique l'interrogeait. Il était curieux de savoir qui Yaël remerciait ainsi. Ça ne pouvait pas être lui, il n'aurait en rien mérité cela. Ce morceau devait être à l'adresse de ses fans. Avant de lancer la musique, il aperçut l'heure sur son téléphone : cinq heures du matin, il serait temps qu'il dorme.

" [...] Merci, milles merci,

Mais je crois que tu as tort,

L'amour de la Lune et du Soleil

n'est impossible que d'notre décor,

Car si l'on change de référentiel,

Ces deux-là peuvent s'aimer,

Sans rien pour les en empêcher. [...] "

Ce dernier couplet coupa le souffle du roux. C'était donc bien lui que remerciait le chanteur. Plus que cela même, il lui faisait bien comprendre le message qu'il avait déjà tenté de faire passer dans le live : tout n'est pas perdu, il y a encore de l'espoir pour nous deux.

Alors Zoltan ouvrit la discussion Instagram avec Yaël. Il tapa quelques mots et envoya. " Tu as de la chance que ton adresse me soit inconnue, car sinon je serai déjà chez toi pour t'embrasser."

Une dizaine de secondes plus tard, le brun lui répondait.

" 25 rue des colombes "

FIN

Parce que je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant