Chapitre 2

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« Je sors papa, je vais voir Yaël au parc. Je suis joignable, j'ai mon portable.

- Tu rentres à 17 heures maximum s'il te plait, c'est à toi de faire le repas ce soir.

- Pas de problème, je prends le chien, bises. »

Zoltan regarda sa montre en sortant : 14h, il avait le temps car le rendez-vous était à la demi. Il décida d'aller attendre au parc et se mit en route, pressé de retrouver son petit ami. Car oui, Yaël était son copain depuis deux mois. Deux mois de bonheur, où tout allait pour le mieux. Il y avait bien sûr eu quelques désaccords, mais Zoltan ayant été élevé dans une famille qui prônait la communication, les disputes n'avaient jamais été très longues. En passant devant la librairie du coin, Zoltan sourit. C'était là qu'ils s'étaient embrassés pour la première fois. Le souvenir de cette soirée du nouvel an lui revint et Zoltan se laissa porter dans cette scène qu'il s'était déjà rejouée des centaines de fois.

• Liam avait invité ses deux grands amis chez lui pour le passage de la nouvelle année et, Zoltan l'ayant supplié, avait également proposé à Yaël de venir. Ça ne faisait qu'un mois que les deux avaient discuté pour la première fois, mais ils étaient déjà inséparables. Il y avait une sorte d'évidence dans ce duo, comme deux pièces de puzzle ou comme le Yin et le Yang. Ils étaient Eric et Ramzy, Timon et Pumbaa, Sherlock et Watson. Comme Sannoë l'avait prédit, Zoltan les avait un peu délaissés, mais ses deux copains ne lui en voulaient pas. Qui seraient-ils pour empêcher leur ami d'être heureux ? Et puis, Zoltan étant dans la même classe qu'eux, ils le voyaient encore régulièrement, juste un peu moins qu'avant.

Toujours est-il qu'ils avaient tous rendez-vous chez Liam à 19 heures le 31 décembre. Zoltan avait stressé comme un dingue, hésitant sur sa tenue. Il voulait être beau, ou disons plutôt qu'il voulait que Yaël le trouve beau. Mais comment un papillon pourrait-il trouver beau une chenille ? Comment Yaël, toujours haut en couleur, pourrait-il s'intéresser à lui, un petit rouquin aux habits ternes ? Son père avait fini par l'aider à choisir ses vêtements tout en plaçant des allusions par-ci par-là sur le fait de se protéger. Zoltan s'était contenté de rire, tout en rougissant légèrement.

Quand la sonnette de la maison avait retenti, il s'était figé, avait voulu changer de tenue et avait sincèrement hésité à sauter par la fenêtre. Mais sa mère l'avait poussé vers la porte d'entrée et il n'avait rien pu faire d'autre qu'ouvrir. Un Yaël, armé d'un grand sourire, lui avait fait face, mais Zoltan avait vu dans ses yeux une sorte d'appréhension et une pointe d'appréciation quand le brun l'avait aperçu. « Je ne suis donc pas le seul à avoir des attentes, vis-à-vis de la soirée », en avait conclu le rouquin, réjouit de cette déduction. Le trajet s'était fait normalement, si l'on omettait la tension qui avait pris place entre les deux garçons.

La soirée s'était ensuite déroulée merveilleusement bien. Il n'y avait pas eu d'alcool : le père de Sannoë ayant un passif avec cette boisson, le trio avait fait un pacte selon quoi ils n'en boiraient jamais, mais cela ne les avait pas empêchés de s'amuser et de se lâcher. Il y avait bien sûr eu un action ou vérité, mais Sannoë et Liam n'avaient pas voulu mettre à mal la relation du duo et n'avaient donc pas trop joué sur les rapprochements. Ils n'avaient cependant pas lésiné sur les sous-entendus plus ou moins explicites impliquant la vie amoureuse de Zoltan, ou plutôt son absence, ainsi que son orientation sexuelle : « Zoltan a un poster de Mika dans sa chambre. Il l'adore, d'ailleurs ils ont un point commun tous les deux : ils adorent les bites ! ». Bon, pour un sous-entendu ça restait à revoir, mais au moins ça avait le mérite d'être clair. Encore plus de mérite quand, en entendant cette phrase, Yaël avait hoché la tête et avait sorti un « On est trois alors. » en adressant un clin d'œil à Zoltan. Le cœur de ce dernier avait soudainement semblé s'envoler et les libellules s'étaient déchainées.

Le reste de la soirée avait été plus que parfait. Zoltan était avec ses amis et, il faut bien se l'avouer, son crush, il y avait de la musique, de la pizza. Que demander de plus ? « Un baiser » lui avait répondu une petite voix dans sa tête et Zoltan avait souri. Oui, un baiser. Et il se fit la promesse d'en avoir un avant minuit du premier jour de l'année.

C'est à cinq heures du matin que Zoltan et Yaël étaient repartis. Yaël avait tenu à raccompagner Zoltan chez lui, officiellement car c'était sur son chemin, officieusement pour passer un peu de temps ensemble. Ils passaient devant une librairie quand Zoltan avait levé les yeux et s'était stoppé. Étonné, Yaël lui avait demandé ce qu'il se passait. « J'ai vu une étoile filante. » avait été la réponse de rouquin. Alors le brun s'était approché de Zoltan et lui avait murmuré de faire un vœu. Ce dernier l'avait fixé puis avait lâché « Je voudrais que tu m'embrasses. » et Yaël avait réalisé son souhait. •

Zoltan secoua la tête et revint dans le temps présent. Ses pensées l'avaient occupées un petit moment et il était maintenant plus que temps pour lui de se bouger, s'il ne voulait pas être en retard.

Quand il arriva dans le parc, Yaël était déjà là, assis sur "leur" banc. Un grand sourire prit place sur le visage de ce dernier quand il aperçut son copain. Puis ce sourire s'agrandit encore, jusqu'à frôler ses oreilles, quand le chien de Zoltan lui fit la fête, un bâton dans la gueule.

« Il y a quand même des fois où je me demande si tu n'es pas en couple avec moi seulement pour Roxi. Vanna Zoltan avec un air jaloux. Tu lui as dit bonjour avant de me faire un bisou.

- Tu veux un bisou ? Ok. Fit Yaël en s'approchant avec un air sadique. Attaque de bisous ! »

Zoltan rigola et se laissa faire, bien content de retrouver les lèvres du brun.

Au loin, sur un autre banc, étaient assis Liam et Sannoë. Ils eurent tous deux un petit soupir d'attendrissement devant le spectacle que leur offraient leurs deux amis.

« Ils vont tellement bien ensemble.

- Et tout ça grâce à nous ! Zoltan nous doit une gaufre chacun minimum pour nous remercier.

- Te remercier de quoi Liam ? Du coup du poster de Mika ? Tu aurais vu le regard qu'il t'a jeté. Le taquina Sannoë.

- Je t'emmerde !

- Moi aussi je t'aime. »


Parce que je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant