Chapitre 3

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Zoltan, assis sur sa chaise, s'ennuyait ferme. Pas que le cours de SNT ne soit pas intéressant, mais un peu quand même. Un coup d'œil à sa montre lui apprit que seulement cinq minutes s'étaient écoulées depuis la dernière fois qu'il avait regardé l'heure. Un soupir lui échappa. Plus que trente minutes. Trente minutes et il retrouvait Yaël pour une après-midi à deux en l'honneur de leurs cinq mois de couple. C'est son petit ami qui avait eu l'idée et ce dernier avait tenu à tout préparer tout seul, pour surprendre Zoltan. Zoltan qui n'avait donc qu'une hâte : terminer ce cours pour rejoindre Yaël et découvrir cette surprise. Ils avaient toute l'après-midi car tous deux finissaient à midi le vendredi.

C'est enfin, après une demi-heure de SNT ressentie trois heures, que la sonnerie retentit. En une seconde Zoltan avait rangé ses affaires, souhaité un bon week-end à ses amis et était sorti en trombe, la musique de la sonnerie résonnant encore.

Il avait rendez-vous devant la salle de cours de Yaël, à l'autre bout du lycée. Il s'y rendit au pas de course, manquant de bousculer plus d'un lycéen.

« Zoltan ! »

L'interpellé se retourna pour apercevoir son petit ami.

« Désolé, on a eu un changement de salle. » expliqua-t-il avant d'effleurer les lèvres de son petit-ami. Un sourire pris automatiquement place sur celles-ci suite à ce contact, que le roux s'empressa de prolonger.

« On nous regarde. Lui chuchota Yaël.

- Tant mieux, comme cela ils peuvent tous voir à quel point mon petit ami est beau, sexy, intelligent et j'en passe.

- Oh, tu parles de MON petit ami, d'une beauté à rendre gay le plus hétéro des garçons ? »

Zoltan rougit en détournant les yeux et Yaël laissa échapper un petit rire. Puis il attrapa la main de son copain et le tira vers la sortie.

« C'est parti pour l'après-midi de tes rêves ! »

Et pour une après-midi de ses rêves, Zoltan ne fût pas déçu. Yaël et lui avaient mangé un sandwich dans la voiture, empruntée aux parents du premier, puis direction la destination surprise, à une heure trente de route. En arrivant, Zoltan se rendit compte avec bonheur que son petit ami l'avait emmené en montagne pour faire une petite marche et dormir dans un refuge. Il avait bien préparé sa surprise : des sacs les attendaient dans la voiture avec de quoi manger, boire et dormir.

La vue était magnifique et Zoltan se rendit compte combien cet endroit lui avait manqué. Il avait passé tous ses étés chez la mère de son père, dans les Alpes, jusqu'à ses 15 ans, année durant laquelle sa grand-mère était morte. Suite à ce décès il n'y était plus retourné car la maison avait été vendue. C'est là, en marchant dans la forêt, puis la prairie, en sentant cet air sur son visage, c'est là qu'il se sentit enfin totalement lui-même.

À peine avait-il levé les yeux qu'il reconnut les monts qui l'entouraient. Leurs noms lui revinrent tout seul, comme une évidence. Des souvenirs avec sa famille à leur sommet envahirent sa tête. Des larmes se logèrent aux coins de ses yeux et il se jeta dans les bras de Yaël.

« Merci, t'es vraiment le meilleur des petits amis. Ça me fait extrêmement plaisir.

- Content que ça te plaise. Lui sourit Yaël. Tu remercieras aussi Liam et Sannoë, ils m'ont aidé à trouver l'idée et à l'organiser.

- Ils sont géniaux, je leur dois beaucoup. »

Une fois la marche terminée, les deux jeunes hommes s'installèrent dans le refuge. Il y avait déjà des matelas et Yaël sortit deux duvets de son sac. Ils se firent ensuite cuire quelques pâtes à l'aide d'un réchaud. Une fois le repas mangé, Zoltan proposa d'aller s'installer dehors pour regarder les étoiles. Ils s'allongèrent donc dans l'herbe, les yeux tournés vers le ciel. Il y avait une légère brise et la température de ce mois mai n'était pas très élevée. Yaël eut un petit frisson et son petit copain se rapprocha de lui pour le serrer dans ses bras. Un soupir de bien-être s'échappa de la bouche du brun, réchauffé. Ils restèrent là, enlacés, à observer les milliards de petits points lumineux qui éclairaient la nuit.

« C'est quoi ton rêve ? Demanda Zoltan, cassant ainsi le doux silence qui s'était installé.

- Devenir chanteur, sortir mes musiques. Je voudrais vivre de ma passion, faire ressentir ce " c'est exactement ça que je ressens ! " aux personnes qui tomberaient sur mes chansons. J'aimerais être inspirant pour des gens, qu'il y en ai qui se disent « Si lui a réussi, alors pourquoi pas moi ? »

- C'est une très belle ambition. Tu as déjà écrit des musiques ?

- Oui, cinq ou six. Je pourrais t'en faire écouter si tu veux.

- Avec grand plaisir. Accepta le roux. Yaël sourit, laissa passer un instant puis l'interrogea.

- Et toi, quel est ton rêve ?

- Je veux voyager pour découvrir d'autres façons de vivre, d'autres paysages. C'est Alda Merini qui a dit " Parfois on s'en va pour réfléchir, parfois on s'en va parce qu'on a réfléchi. " Moi je crois faire partie des premiers. Je veux partir, mais pour mieux rentrer. Selon moi, il y a partir pour fuir, et partir pour revenir. Ce sont deux objectifs totalement distincts, je ne sais pas si tu me comprends.

- Je crois que j'ai l'idée, et je trouve ça beau. Tu sais déjà où tu voudrais aller ?

- L'Afrique peut-être, ou alors l'Asie. Je me vois bien aller dans un pays défavorisé pour de l'humanitaire. »

Yaël hocha la tête mais ne dit rien. Qui avait-il à ajouter ? C'est au fil de discussion comme celle-ci, sérieuse et personnelle, que le brun tombait de plus en plus amoureux de son petit ami. Une douce chaleur prit place en son cœur, une sorte de bien-être qui se diffusa dans son corps. Zoltan, la montagne, le silence de la nuit. Cela lui suffisait pour faire son bonheur, pas besoin de plus.

Alors Yaël attrapa la main du roux et, lentement, le guida vers le refuge. Arrivé à l'intérieur, et pour tenter de partager cette sensation de flotter sur un nuage, le brun se pencha sur son petit ami puis l'embrassa. C'était léger, c'était tendre, c'était amoureux. Le baiser s'intensifia, se fit plus pressé et c'est là, dans un refuge au milieu de la montagne, que Yaël et Zoltan se firent l'amour pour la première fois.

Parce que je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant