« La dispute alimente la dispute », Sénèque
GUILLAUME
Sophie est en train d'écrire une lettre, sans doute à son frère, reparti dans sa demeure il y a quelques jours, assise à son bureau. Cela fait de longues minutes que je la regarde, dans l'embrasure de la porte. C'est une jeune femme magnifique. Elle a un caractère vraiment difficile, mais je ne peux nier qu'elle est réellement splendide. Quel dommage que nous ne nous entendions pas... Mais j'ai espoir et je vais tout faire pour qu'un jour, enfin, nous parvenions à nous entendre.
Voilà près d'une semaine que nous sommes mariés et je crois que, en sept jours nous n'avons pas eu une conversation calme et posée, celles-ci ont toujours été faites dans les cris et les haussements de voix, qu'en bien même j'essaie de calmer le jeu. À croire qu'elle ne peut parler autrement.
Lentement, je m'approche d'elle — je l'avoue, c'est aussi pour vérifier le destinataire de sa missive, car je n'oublie pas qu'elle m'a avoué être amoureuse d'un autre homme — ce qu'elle ne semble pas remarquer. Mais alors que j'allais l'enlacer dans mes bras dans un désir de douceur, elle prend peur, sursaute, sa feuille tombe au sol, se retourne et m'envoie un regard assassin.— M'espionnez-vous, où je rêve ?! m'agresse-t-elle presque.
— Je ne me le permetterais pas, réponds-je. Je voulais simplement...
— Qu'importe ce que vous vouliez, cela ne m'intéresse pas. Laissez-moi terminer ma lettre.J'attrape celle-ci sur le sol et la lui redonne. Elle me l'arrache presque des mains. Le Roi ainsi que son beau-père m'avaient prévenu qu'elle n'avait point un caractère facile, mais enfin tout de même, je ne m'attendais pas à autant de véhémence à mon égard.
— J'aimerais que nous faisions quelque chose ensemble, Sophie, lui avoué-je.
— Je ne le souhaite pas, je dois terminer cette lettre.
— Oui, cela je l'ai bien compris. Mais après, j'aimerais que...
— Comme je vous l'ai dit, je ne le souhaite pas, m'interrompt-elle brutalement.Je ferme les yeux et me force à prendre de grandes inspirations pour me calmer et ne pas m'énerver, car le faire ne nous mènerait à rien.
— Sauf que vous semblez oublier que je suis votre époux, Sophie, est qu'il est d'usage que nous faisions des choses ensemble, comme un vrai couple.
— Nous sommes déjà contraint d'habituer ensemble, ce qui est déjà beaucoup me demander, marmonne-t-elle.Seigneur, qu'elle m'agace. Aidez-moi à garder mon calme, je vous en conjure.
— Vous aimez chasser. Allons le faire ensemble, proposé-je avec plus de fermeté.
— J'aime le faire, oui, mais pas avec vous. C'est une activité que j'ai pour habitude d'avoir avec...Elle s'interrompt avant d'en dire trop, sans doute.
— Avec qui ? la pressé-je.
— Personne.
— Dans ce cas, nous pouvons y aller ensemble, admonesté-je en la prenant à son propre jeu.
— Je vous ai dit que je ne le souhaitais pas, respecter ma volonté !
— Cela fait des jours que je la respecte, Sophie ! Je ne vous touche pas parce que vous ne le voulez pas, je vous laisse y aller à votre rythme pour l'acte sexuel, j'accepte même que vous passiez vos journées chez votre mère où chez votre meilleure amie, mais cela suffit, désormais ! Je pense avoir fait suffisamment de concession pour vous depuis notre mariage. Cette fois, c'est à vous de faire un effort. Je vous demande simplement de faire quelque chose avec moi comme une promenade, ce n'est tout de même pas la mer à boire.
— Et pourquoi devrais-je accepter ?
— Parce que je vous le demande, soufflé-je d'exaspération.
— Et si je refuse, que ferez-vous ? Me violenterez-vous ?
— Grand Dieu non, je ne suis pas ce genre d'hommes ! Et cela me vexe beaucoup que vous puissiez penser cela de moi.Elle hausse les épaules, comme si elle était indifférente. Mon sang boue dans mes veines, je fulmine. Alors, de colère, j'attrape sa lettre pour le lui arracher des mains, persuadée de tomber sur une lettre d'amour à son amant, mais non, j'avais vu juste et il s'agit bien d'une pour son frère. Je vois mon prénom, mais je ne prends pas le temps de lire la suite.
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Vices à Versailles - Pour arriver à moi Spin-off
Romance1694. Officiellement fille du Marquis d'Anjou, le premier mari de sa mère Louise. Officieusement, elle est la fille du Roi-Soleil. Pour Sophie, être la fille d'une noble n'est pas simple. Mais il est encore plus difficile d'être fille de Roi. À t...