Chapitre 3

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« Tout vient à point à qui peut attendre », Clément Marot

GUILLAUME
Quelques mois plus tôt...

Versailles.
Le lieu du pouvoir royal et résidence principal de l'un des plus grands Roi que la France ait connue : Louis XIV. Mais c'est aussi le lieu où j'ai été invité par Sa Majesté lui-même.

— Nous sommes arrivés, monsieur, m'informe le cocher depuis l'extérieur.

À travers la fenêtre, je regarde ce palais qui se dresse devant moi, alors que mon carrosse s'est arrêté devant la cour de marbre, dominé par une grosse horloge ainsi que la chambre de parade du Roi. Ébahi car cela fait bien longtemps que je n'ai point mis les pieds ici, j'ouvre la porte et descend avant de m'arrêter net quand j'aperçois le valet du Roi.

— Monsieur Condé, le Roi vous attend.

Je fronce les sourcils.

— Suis-je en retard ?
— Aucunement, mais le Roi est un homme pressé avec beaucoup d'obligations, cela vaut mieux si nous ne le faisons pas attendre.

Je lui emboite le pas tandis que nous rentrons dans le château. Nous montons au premier étage, traversons le grand appartement du Roi, pour arriver dans le Salon de Mars où se trouvent les gardes du corps du souverain. Bontemps me demande de patienter avant de quitter la pièce, me laissant sous l'oeil inquisiteur des gardes.

— Il vous attend, il est dans le Salon d'Apollon, m'apprend Bontemps lorsqu'il revient.

J'acquiesce et marche en direction de la salle, non sans angoisse. J'ai reçu une invitation dans ma demeure de la part du Roi hier, mais je n'ai aucune idée de la nature de cette entrevue et cela fait accélérer les battements de mon cœur qui s'excite dans ma poitrine.

— Guillaume Condé, Sire, lui annonce Bontemps, pour la forme.
— Très bien, laissez-nous.

Le valet se retire et me laisse seul dans cette immense pièce où le Roi est assis sur son trône recouvert de plaque d'argent, installé sur une estrade.
Les murs de la pièce sont rouges, de nombreuses dorures recouvrent les portes ou le plafond, et sur celui-ci, juste au-dessus de ma tête, est peint Apollon, le Dieu du soleil, sur son char.

— Guillaume, merci d'avoir répondu à ma convocation.
— Votre Majesté, je suis honoré d'être de retour ici, dans votre humble demeure, réponds-je en faisant une révérence et retirant mon chapeau.
— Votre venu n'est pas désintéressé, Guillaume, lance-t-il en se levant pour s'approcher de moi. Vous êtes le fils de Louis II de Bourbon-Condé, mon noble cousin nous ayant quitté il y a huit ans et le frère de Henri-Jules Bourbon-Condé, l'actuel Prince de Condé.

En réalité, je suis le fils bâtard du Grand Condé et de ma mère Anne D'artois, simple bourgeoise, mais je remercie sa Majesté de ne point me rappeler l'histoire de ma naissance.

— Voyez-vous ces papiers sur la table ? me demande-t-il en les montrant du regard.

J'acquiesce d'un hochement de tête.

— Allez les chercher.

Je ne discute pas et m'exécute.

— Maintenant ouvrez le feuillet et lisez.

J'obéis, mais à peine le feuillet ouvert que mes yeux se perdent dans les mots couchés sur le papier, pas certains de comprendre ce qu'il est écrit, alors que c'est pourtant clair. Mais, chamboulé, je lève mon regard noisette vers le monarque.

— Sire, je... bégayé-je, ne sachant, en réalité, pas quoi dire.
— Guillaume Condé, je vous fais noble, à partir de ce jour, pour vous ainsi que pour votre famille et future descendance légitime, pour vos services rendus à la Couronne lors de la bataille de siège de Namur durant la guerre de la Ligue d'Augsbourg, qui gronde toujours. Vous êtes donc désormais Comte de Bourgogne et jouissez de toutes les faveurs qu'apportent votre titre. Ces lettres patentes sont la preuve de votre nouvelle noblesse.

Vices à Versailles - Pour arriver à moi Spin-offOù les histoires vivent. Découvrez maintenant