Chapitre 42

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Stiles se tenait immobile sur sa chaise, ses pupilles fixaient celles de sa psychiatre. Il était déterminé à se sortir de cette spirale infernale, seulement, aucun mot ne dépassait sa bouche. Il s'était déjà amusé à détailler le cabinet silencieusement pour passer le temps. Les murs, couleur blanc chaud, contrastaient avec celui derrière son bureau, un mélange de gris clair et de violet. De grandes fenêtres séparaient des cadres contenant des paysages épurés. Malheureusement, son inspection s’était rapidement terminé, l'obligeant à concentrer son attention sur elle.

– Votre regard a changé monsieur Stilinski, commença-t-elle doucement.

– Je suis allé sur la tombe d'un de mes amis avec Scott aujourd'hui.

– Toutes mes condoléances Stiles. Comment vous sentez-vous ?

– Triste. Apeuré. En colère. Soulagé. Heureux. Un peu tout à la fois, j'imagine.

– C'était la première fois que vous y alliez ?

– Oui… Non… Enfin pas vraiment. J’étais à l'enterrement il y a un an et après… Disons que je n'ai pas eu de moment pour penser à tout ça. Un an c'est énorme vous allez me dire, mais c'était compliqué.

– Vous n'avez pas besoin de me donner d'excuses. Le processus du deuil est propre à chacun, ne vous fustigez pas s'il vous a fallu tout ce temps pour vous recueillir.

– Oui, seulement, c'est particulier pour moi. La mort me tourne autour depuis que je suis enfant et j'avoue que ça commence à me fatiguer. Je suis prisonnier dans cette angoisse qui ne part jamais vraiment. Comme si je n'arrivais plus à respirer, plongé au milieu des abysses.

– Mmh… Vous savez, on ne peut rien faire face à la mort. Elle est inéluctable et elle vous accompagnera toujours, indépendante de notre contrôle. En revanche, le choix que nous avons c'est ce que nous voulons vivre jusqu'à ce qu'elle nous emporte. Qu'est ce qui est réellement important pour vous, Stiles ?

– Mes proches.

– Alors profitez de vivre à leur côté. Faites le pour vous, pour ceux qui sont partis.

– Vous êtes douée !

– Attendez, je n'ai pas terminé.

– Oh la, je suis pressé de découvrir ça.

– L'heure est terminée.

– Ah effectivement, du grand art. Je n'ai jamais entendu de paroles si sages.

– N'est-ce pas ? ricana la psychothérapeute. Plus sérieusement, vous pouvez vous autoriser à être heureux et ce, même après la perte de personnes chères. Essayez d'y penser jusqu'à notre prochaine séance.

– Prochaine séance ?

– Dans cinq jours, cela vous conviendrait ? Je n'ai malheureusement pas d'autres créneaux disponibles.

– Euh d'accord.

– Bien ! Bonne soirée Stiles, je reste joignable au cas où.

Elle lui serra la main, un sourire franc aux lèvres. Il la remercia et quitta son cabinet. Il se sentait épuisé, comme s'il avait couru un marathon. Il sortit de l'immeuble, le soleil se couchait paisiblement à l'horizon, colorant le ciel d'un rose pâle réconfortant. Il ferma les paupières, inspira à plein poumon et porta son attention sur les gazouillis des oiseaux. Il se sentait vivant et, égoïstement, son cœur s'allégea, son temps ici bas n'était pas terminé.

– Je vais t'y envoyer plus souvent si c'est pour te retrouver aussi calme.

Et puis, cette voix, cette dureté apparente cachant une douceur sans limite. Il pouvait encore l'entendre. Sa bouche s'étira, il ouvrit les yeux, momentanément abasourdi par la finesse du tableau qui se dessinait devant lui. Derek, son Derek, appuyé contre sa voiture sombre, les bras croisés, ses iris gris braqués sur lui. Une lueur amusée les animait, d'ailleurs, un rictus ironique s'était également emparé de ses lèvres fines. La luminosité basse lui donnait un air irréel, mystique.

L'appel du loup / Sterek T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant