Écho du silence

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Allongé dans l'obscurité, Harry fixait le plafond, les yeux grands ouverts. Son souffle était encore saccadé, sa peau brûlante là où les mains de Louis l'avaient touché. Le silence de la chambre était apaisant, presque lourd, mais il sentait en lui un tumulte qu'il ne pouvait ignorer.

Les draps froissés étaient imprégnés de la chaleur de leurs corps, de l'odeur entêtante de leur union, mais Harry se sentait étrangement vide. Il tourna légèrement la tête, apercevant le profil de Louis à ses côtés. Ce visage qu'il connaissait si bien, ces traits délicats et apaisants qui semblaient murmurer que tout irait bien, même quand tout en lui criait le contraire.

Louis dormait déjà, sa respiration lente et régulière, ses paupières fermées sur des cils foncés qui se détachaient sur sa peau pâle. Harry se sentit coupable de l'avoir utilisé ainsi, encore une fois, pour essayer de noyer ce qui bouillonnait en lui. Mais il n'avait pas su faire autrement. Pas ce soir.

Il aurait voulu pouvoir parler, lui dire tout ce qu'il ressentait, lui expliquer pourquoi il agissait ainsi, pourquoi il semblait toujours chercher quelque chose qu'il ne trouvait jamais. Mais les mots restaient coincés dans sa gorge, comme une barrière invisible qu'il ne savait comment franchir.

Il se redressa lentement, essayant de ne pas réveiller Louis. Ses pieds touchèrent le sol froid, et il frissonna. La chambre était plongée dans la pénombre, seulement éclairée par la lueur faible de la lune filtrant à travers les rideaux. Il se leva, se dirigea vers la fenêtre, poussa légèrement le tissu pour regarder dehors. La rue était calme, presque vide, les lampadaires projetant des halos jaunes sur le trottoir.

Il appuya son front contre la vitre, sentant la fraîcheur du verre contre sa peau brûlante. Son reflet, à peine visible dans l'obscurité, lui renvoyait l'image de quelqu'un qu'il ne reconnaissait pas vraiment. Il avait passé tant de temps à se chercher dans les yeux des autres qu'il se demandait maintenant qui il était vraiment, sans le regard de son professeur, de ses collègues, même sans celui de Louis.

Il repensait à la chute de ce matin, à ce moment précis où tout s'était écroulé autour de lui. Ce n'était pas seulement une chute physique. C'était comme si tout s'était effondré à l'intérieur aussi. Comme si tous les doutes qu'il avait enfouis, tous les désirs qu'il avait étouffés, avaient trouvé un chemin vers la surface en une seule fraction de seconde.

Et puis il y avait eu Louis, avec sa douceur inébranlable, ses bras ouverts, toujours prêts à le rattraper. Mais Harry se demandait combien de temps Louis pourrait supporter tout cela. Combien de temps il pourrait supporter cette version de lui, si fragmentée, si blessée. Il avait l'impression d'être une bombe à retardement, prête à exploser à chaque instant.

Il se détourna de la fenêtre et retourna vers le lit, s'assit au bord, regardant Louis dormir, paisible. Il aimait Louis plus qu'il ne l'avait jamais aimé quelqu'un, mais parfois, il se demandait s'il ne l'aimait pas trop. Si cet amour-là n'était pas une autre forme de dépendance, une autre cage qu'il s'était construit pour ne pas affronter la réalité de ce qu'il ressentait.

Il soupira, un soupir long et profond, et tendit la main pour effleurer doucement la joue de Louis. La peau de Louis était douce sous ses doigts, et il sentit une vague de tendresse l'envahir, un amour douloureux qui lui tordit le ventre. Il avait envie de se blottir contre lui, de s'enfouir dans cette chaleur, de se perdre dans cet instant de calme et d'oublier tout le reste.

Mais il savait qu'il ne pouvait pas se contenter de ça. Pas cette fois. Pas après ce qu'il avait ressenti aujourd'hui, cette peur, cette honte, cette rage contre lui-même.

Il se pencha doucement, déposant un baiser léger sur le front de Louis. "Je suis désolé," murmura-t-il dans un souffle à peine audible, comme s'il craignait de briser la quiétude de la nuit. Il n'était même pas sûr que Louis l'entende, mais il avait besoin de dire ces mots, même dans le vide.

Il se recula et se leva, se dirigeant silencieusement vers la porte. Il avait besoin d'air, de sortir de cette pièce, de sortir de sa propre tête. Il se glissa hors de la chambre, descendant les escaliers en silence, jusqu'à atteindre la rue déserte.

L'air frais de la nuit le frappa comme une gifle, et il inspira profondément, laissant l'air glacial remplir ses poumons. Ses pensées tourbillonnaient, indisciplinées, et il marcha sans direction, cherchant quelque chose qu'il ne pouvait pas nommer. Chaque pas résonnait sur le trottoir, chaque souffle créait de petits nuages de vapeur dans l'air.

Il pensa à ce que Louis avait dit, à cette idée qu'il pouvait être plus que ce qu'il voyait dans le miroir, plus que ce que la danse lui avait imposé. Mais il n'arrivait pas à y croire. Pas vraiment. C'était comme essayer de saisir de la fumée entre ses doigts.

Il continua de marcher, sans savoir où il allait, sentant seulement le poids de ses propres pensées s'alléger, juste un peu, avec chaque pas. Peut-être qu'il n'avait pas besoin de réponses ce soir. Peut-être qu'il devait juste continuer à marcher, à respirer, à sentir.

Pour l'instant, c'était tout ce qu'il pouvait faire. Et c'était déjà mieux que rien.

À travers les OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant