Apaisement fragile

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Louis sentait encore la tension de la dispute dans l'air, comme une fumée invisible qui s'accrochait aux murs de l'appartement. Après l'étreinte avec Harry, il avait pris quelques minutes pour respirer profondément, tentant de calmer son propre cœur battant et de remettre de l'ordre dans ses pensées. Il connaissait Harry, savait que sa colère n'était pas réellement dirigée contre lui, mais contre ces démons invisibles qu'il combattait chaque jour. Pourtant, entendre ces mots durs l'avait blessé plus qu'il ne voulait l'admettre.

Il s'éloigna de Harry, prenant le temps de se servir un verre d'eau. Il pouvait sentir le regard de Harry peser sur lui, plein d'inquiétude et de regret. Louis ne voulait pas aggraver la situation en réagissant de manière excessive, mais il avait besoin de quelques instants pour rassembler ses émotions avant de parler à nouveau.

Après avoir bu, il tourna lentement son regard vers Harry, toujours debout près de la table de la cuisine, les épaules affaissées comme s'il portait un fardeau insupportable. Louis s'approcha doucement, comme s'il s'approchait d'un oiseau blessé, sa voix plus douce, presque un murmure. "Je sais que tu te bats, Harry. Je sais que tu ne voulais pas dire tout ça, pas de cette façon."

Harry acquiesça, ses yeux baissés vers le sol, sa voix cassée lorsqu'il répondit. "Je suis désolé, Louis... Je suis tellement désolé. Je ne sais pas ce qui m'a pris."

Louis prit une inspiration profonde, choisissant soigneusement ses mots. "Je ne vais pas prétendre que ça ne fait pas mal d'entendre ces choses. Mais je comprends que tu traverses quelque chose de difficile, et je ne suis pas ici pour te juger. Je suis ici parce que je t'aime, et je suis prêt à affronter tout ça avec toi, même quand c'est dur."

Il vit les épaules de Harry trembler légèrement, comme si un poids invisible venait de s'alourdir encore plus. Louis s'approcha un peu plus, posant sa main sur le bras de Harry avec douceur. "Mais pour ça, il faut que tu me parles, que tu partages avec moi ce que tu ressens. Même quand c'est sombre. Parce que sinon, je me sens impuissant, et je ne sais pas comment t'aider."

Harry releva enfin les yeux, et dans son regard, Louis lut une tempête de sentiments contradictoires : la peur, la honte, l'amour, et ce désespoir profond qui semblait ne jamais s'effacer complètement. "Je ne sais pas comment parler de tout ça," murmura-t-il. "C'est comme si j'avais tellement de choses à dire, mais pas les mots pour les exprimer."

Louis hocha doucement la tête. "Alors, ne parle pas tout de suite. Respire. Prends ton temps. On peut rester ici, dans ce silence, aussi longtemps que tu en as besoin. Mais sache que je suis là. Vraiment là."

Ils s'assirent ensemble sur le canapé, un espace minuscule entre eux, suffisant pour sentir la tension mais aussi l'intention de combler cet espace. Louis ne força pas Harry à parler. Il savait qu'il y avait des moments où les mots ne pouvaient pas capturer ce que l'on ressentait, où même le simple fait d'essayer de les formuler pouvait sembler une trahison à ce que l'on éprouvait vraiment.

Après quelques minutes, Harry soupira profondément. "Je suis terrifié, Louis," avoua-t-il enfin, sa voix à peine plus forte qu'un souffle. "Terrifié de ne jamais pouvoir aller mieux, de toujours te décevoir... de te perdre un jour parce que tu en auras marre de tout ça."

Louis sentit son cœur se serrer, une douleur douce-amère qui naissait de l'amour qu'il avait pour cet homme fragile et magnifique à la fois. "Je ne vais pas partir, Harry. Pas parce que tu traverses des moments difficiles. J'ai choisi d'être ici avec toi, et c'est un choix que je fais chaque jour, même quand c'est compliqué."

Il fit une pause, cherchant les mots justes. "Mais je ne vais pas mentir, c'est dur parfois. Pas à cause de toi, mais parce que je me sens impuissant, parce que je veux tellement te voir heureux, et je sais que je ne peux pas tout réparer par moi-même."

Harry hocha la tête, les larmes coulant de ses yeux sans qu'il semble en être conscient. "Je ne veux pas te faire souffrir."

"Et moi, je ne veux pas que tu te sentes coupable de ce que tu traverses," répondit Louis, sa voix ferme mais douce. "On va trouver un moyen de traverser ça ensemble, mais il faut que tu sois honnête avec moi, même quand c'est difficile. Même quand tu as envie de me repousser."

Harry hocha la tête à nouveau, et cette fois, il s'autorisa à pleurer, à laisser sortir cette douleur qu'il gardait enfermée depuis trop longtemps. Louis le tira doucement vers lui, l'enveloppant dans ses bras, lui permettant de pleurer contre son épaule. Ils restèrent ainsi longtemps, dans une étreinte silencieuse qui valait plus que mille mots.

Louis caressa doucement le dos de Harry, murmura des mots de réconfort à son oreille, sachant que la guérison n'était pas un chemin linéaire, mais un chemin qu'ils devaient parcourir ensemble, un pas à la fois. Ce soir, il y avait eu une tempête, mais à présent, dans l'intimité de leur étreinte, il y avait aussi un début de calme, une promesse fragile de lendemains peut-être un peu plus clairs.

À travers les OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant