CHAPITRE 2 - FUIR OU MOURIR

77 9 2
                                    


Point de vue Anastasia

C'est un léger flocon de neige sur mon visage qui me fait émerger d'un sommeil sans rêve. Tout était nébuleux. Je ne sais pas si je préfère cette alternative aux cauchemars.

Je ne sens plus mes pieds et mes mains, mes lèvres se sont mises à geler et le sang de mes blessures a cristallisé comme de la glace sur ma peau.

Il me faut un effort surhumain pour m'extraire de ma cachette et le moment où je mets pied à terre me fait pousser un cri.

Je reprends ma course à travers la forêt, chaque pas est un effort douloureux. Mes pieds saignent, mes jambes tremblent, mais je continue, poussée par une volonté de survivre. La peur que les soldats me retrouvent me cisaille le ventre.

Des heures et ce qui me parut une éternité plus tard, je trouve enfin un refuge. Le bâtiment qui se dessine devant moi semble abandonné et menace de s'effondrer à tout moment. La façade est décrépie et les fenêtres brisées mais je reconnais malgré tout la silhouette d'un vieil orphelinat.

En entrant à l'intérieur un frisson glacial me parcourt mais celui-ci ne vient pas du froid.

De vieux jouets abîmés jonchent le sol et la table est encore mise. Les occupants semblent être partis précipitamment.

Les murs froids et humides sont un maigre réconfort, mais cela est mieux que de rester à découvert. Les moisissures présentes sur les parois et le plafond emplissent le bâtiment d'une odeur âcre. Le maigre escalier menant à l'étage des dortoirs grince sous mon poids tandis que je fais glisser mes doigts sur le bois de la rampe. Des cadres usés avec des portraits d'enfants surplombent l'escalier. Je ralentis, observant chacune des photos où un élément semble se répéter sur chaque photo. Leur regard vide est dépourvu de joie.

12 lits.

Cela est la seule chose que je trouve à l'étage. Les draps recouverts d'humidité sont encore plus froids que le temps hivernal. Pas de couverture. Rien. Les occupants ont dû partir avec tout ce qu'il y avait.

Je m'effondre sur le sol, serrant mes bras autour de moi pour me réchauffer.

Cette journée-là, dans ce lieu désolé, je fis un serment silencieux à ma famille et à moi-même. Je survivrais. Peu importe les obstacles ou les dangers, je vivrais pour honorer leur mémoire et, peut-être, un jour, restaurer notre nom et notre héritage. C'est le début d'un long et difficile voyage, mais je sais que je ne peux pas abandonner. Pas maintenant. Plus jamais.

***

Le froid mordant de cette journée m'a presque paralysée. Mes lèvres sont de plus en plus gercées, mes mains et mes pieds insensibles. Je n'ai dormi que par intermittence, sursautant à chaque bruit suspect. Lorsque la lumière grisâtre du matin filtre à travers les fenêtres brisées, un sursaut secoue mon corps.

Des voix. Des voix d'hommes.

Paniquée, je me redresse et scrute l'obscurité de la pièce. Je ne peux pas rester ici.

Je ne peux pas les laisser m'emmener.

Mes yeux tombent sur un vieux miroir brisé au sol. Les éclats de verre à la pointe aiguisée me permettront de me défendre. Je dois me protéger, arrêter de me cacher.

Je le ramasse, ignorant la douleur que la coupure du verre provoque lorsque ma main entre en contact avec celui-ci. C'est comme si je venais de refermer mes doigts sur la lame d'un poignard.

Lorsque les pas se rapprochent, une détermination nouvelle m'envahit. La poignée tourne lentement et je lève mon bras, me préparant à attaquer le nouvel arrivant. Toute ma peur et ma colère des derniers jours se mélangent dans ce geste et j'abas mon bras contre l'homme franchissant le pas de la porte.

Anastasia (Sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant