7 septembre 1932, 17h38.
Arrow House, Birmingham.
- Ne fais pas cette tête, Arthur, le réprimande Tommy. Tu n'es pas content que je sois de retour?
Arthur regarde son frère cadet sortir une à une les dizaines de valises en cuir du coffre du taxi et les poser sur la première marche de l'escalier. Il pleut - une légère bruine de fin de saison, rien de cataclysmique -, mais pourtant, il n'arrive pas à l'aider pour qu'ils puissent rentrer au chaud plus vite.
Peut-être qu'Arthur parviendrait à l'aider s'il n'avait pas l'impression d'être bloqué dans un étrange rêve.
Peut-être qu'Arthur parviendrait à ne pas faire cette tête s'il n'avait pas l'impression que John et Johnny Dogs s'étaient ligués contre lui pour lui jouer un mauvais tour.
Peut-être qu'Arthur parviendrait à aider son frère et à ne pas faire cette tête s'il comprenait, au diable, ce que Tommy fiche ici !
- Tu... es de retour? parvient-il à articuler.
- On dirait bien, enchaîne Tommy avec un entrain peu naturel. (Il s'arrête un instant pour dévisager son ainé avant de lui donner une valise entre les bras.) Porte cela jusqu'à l'intérieur, veux-tu? J'ai mes chaussures du dimanche à l'intérieur, et je ne voudrais pas qu'elles terminent mouillées.
Comment cela, tu es de retour? a envie de lui demander Arthur. Qu'est-ce que tu fous ici, putain de merde? Et où est ta famille? Où est Alma?
- Depuis quand est-c'que tu as des putains de chaussures du dimanche? marmonne-t-il à la place.
- Les gens à Paris ont des chaussures du dimanche, explique Tommy en sortant une valise supplémentaire du taxi.
- Mais tu es... Tu n'as pas besoin de chaussures du dimanche ici. Personne n'a de chaussures du dimanche.
- Et bien, peut-être que vous devriez !
Aïe.
Ce n'est pas un bon signe.
Un Tommy qui débarque à l'improviste à Arrow House, après deux ans d'absence dont un sans avoir donné le moindre signe de vie, ce n'est pas un bon signe.
Un Tommy qui débarque à l'improviste à Arrow House, après deux ans d'absence dont un sans avoir donné le moindre signe de vie et qui parle de cette voix faussement joyeuse, c'est un putain de mauvais signe.
Un Tommy qui débarque à l'improviste à Arrow House, après deux ans d'absence dont un sans avoir donné le moindre signe de vie, qui parle de cette voix faussement joyeuse et qui arrive sans Alma et les gamins, c'est une putain de catastrophe.
- Tommy...
- Les chaussures, Arthur, le coupe-t-il sans le regarder. Pose-les dans le couloir.
Les chaussures, dans le couloir. Arthur jette un coup d'œil en direction de la valise qu'il a dans les mains, puis finit par obtempérer. Visiblement, l'heure des réponses n'est pas encore arrivée.
À contrecœur, il remonte les marches jusqu'à l'entrée d'Arrow House ; ce joli manoir qui a été tristement laissé à l'abandon ces vingt-quatre derniers mois. Évidemment, des jardiniers et des gens de l'entretien ont été payés pour que l'endroit ne tombe pas en ruine, mais Arthur lui a toujours trouvé un petit côté dérangeant depuis que plus personne n'y habitait.
Trop propre. Trop vide. Comme un... comme un film au cinéma qui serait projeté dans une salle sans spectateurs.
Jusqu'à l'année dernière, ce n'était que temporaire - Tommy, Alma et leurs cinq bambins étant, selon les dires officiels, en année sabbatique en France. Pour qu'Alma puisse prendre l'air, principalement - en même temps, avec toute cette histoire autour de la mort de son putain de frère, Oswald putain de Mosley, c'était compréhensible. Et puis pour les enfants aussi, ça leur permettait de voir un peu autre chose que Birmingham et ses environs.
Et puis ensuite... Ensuite, aucune nouvelle, et encore moins la moindre information sur une potentielle date de retour. Pas la moindre lettre, pas le moindre appel - alors même qu'ils ont une nouvelle ligne de téléphone chez Arthur à la maison avec Linda, qui leur permet d'avoir un deuxième poste dans la chambre à coucher. D'accord, cette ligne ne leur a jamais servi jusqu'à présent, parce que les gens avec qui ils risquent de téléphoner sont les gens qu'ils voient de toute façon tous les jours, sauf Tommy et Alma, qui ne font rien de tout ça !
Rien du tout. Pour ce qu'Arthur en sait, ils ont été kidnappés par la mafia italienne ou tués par les new-yorkais. Ou bien les italiens et les new-yorkais ont créé une alliance pour les assassiner de sang froid.
Et le pire, dans tout ça, c'est qu'ils ne peuvent rien faire! La seule raison pour laquelle Arthur et les gars ne sont pas allés directement voir ce qu'il se tramait à Paris, c'est parce que Polly le leur a interdit.
Et que quand Polly dit non... et bien, c'est un putain de non.
« Rien ne s'est passé, Arthur », répète-t-elle toujours quand il venait lui poser toujours et encore la même question. « Ils vont bien ; laisse-les tranquille ».
Parce que Polly, elle sait toujours davantage que les autres.
Alors pendant qu'Arthur pose la valise contenant des chaussures du dimanche dans l'entrée d'Arrow House, il se demande si Polly sait que Tommy est rentré, seul, et qu'il y a visiblement un putain de problème.
* * *
... Surprise ?
En toute honnêteté, je ne sais pas du tout si cette histoire intéresse encore quelqu'un, car ça fait presque 2 ans que j'avais fini d'écrire le tome 2. Mais aujourd'hui, je me suis réveillée avec l'envie d'écrire quelque chose, donc, apparemment, on part sur la suite des aventures de Tommy et d'Alma (?)
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[TOME 3] Thomas Shelby » Peaky Blinders.
Fanfic[ Ceci est la suite de la suite de l'histoire "Thomas Shelby » Peaky Blinders", il est nécessaire d'avoir lu les deux premiers tomes avant de commencer celui-ci! ] Deux ans plus tard... [ Fin du résumé ]