Chapitre 13

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Edris passa une main dans ses cheveux blonds, dégageant ainsi sa vue. Ils étaient indisciplinés et partaient dans tous les sens. Ca faisait des jours que lui et Lucas n'avaient pas dormit dans un endroit propre et sec. Ils se cachaient depuis des jours dans les égouts d'Atlante, avec tous les autres sans-abris. Lucas, du haut de ses douze ans, était plein de ressources, et sa petite taille lui permettait de se faufiler dans les marchés des bas quartiers pour récupérer un peu de pain et de fruits. Il s'appuya contre la paroi voutée de l'immense canalisation et croisa les bras. Ils attendaient que le Crayon arrive et leur donne un petit boulot. L'homme était le seul à leur trouver des bons plans pour se faire un peu d'argent. Soudain des pas résonnèrent dans leur caverne de béton, clapotant dans l'eau stagnante. Edris se redressa et Lucas, qui était accroupi, se releva, rejetant sa tête en arrière pour dégager sa tignasse noir qui tombait devant les yeux. Mais ce fut le Macchabé qui arriva devant eux, l'air un peu désolé. Edris l'interrogea du regard.

— le Crayon va avoir un peu de retard... leur dit-il, en baissant la tête.

Edris grigna de mécontentement. Le jeune homme de vingt-deux ans devenait facilement irritable ces derniers temps. Surtout depuis qu'il avait aperçu Vigo Morggen dans un défilé dans le quartier des épices, pour la fête de la récolte.

— Tu sais ce qui le retarde ? demanda alors Lucas, en donnant un coup de pied dans le vide pour manifester son impatience.

— Un client... Difficile, je crois. Mais il doit vous dire quelques chose les garçons.

Edris ne répondit pas, les yeux dans le vide. Il pensait à un moyen de se sortir de ce trou à rat, d'offrir une vie décente à son jeune compagnon, et surtout, se venger de Vigo, peu en importer les moyens. Cet homme devait payer, il devait mourir.

— Tu peux pas nous le dire toi ? Lucas fixait le vieillard avec beaucoup de curiosité.

Le Macchabé, attendrit par les grands yeux noirs de l'enfant, lui ébouriffa affectueusement les cheveux.

— Ca va pas être simple à entendre, et je préfère qu'il vous le dise lui-même.

Il s'installa avec eux pour attendre le Crayon, et ils restèrent dans un mutisme latent. Edris n'était de toute façon pas bavard. Ce calme lui permettait de réfléchir. Il se demandait toutefois ce que devais leur annoncer l'homme barbu et corpulent.

Au bout de trois quart d'heure, celui-ci fit raisonner ses pas précipités accompagnés de sa respiration rauque. Il arriva vers eux, rouge comme une pivoine, essayant de reprendre sa respiration saccadée avant de leur parler. Il toussa même d'épuisement. Edris le soupçonna d'avoir couru.

— J'ai... J'ai fait aussi vite que j'ai pu... leur dit-il, récupérant petit à petit son souffle.

— Tu dois dire quoi ? interrogea Lucas, pressé de savoir de quoi il en retournait.

— On va devoir quitter la ville, ils vont faire un grand nettoyage dans les égouts et emprisonner tous ceux qui s'y trouvent.

— On a combien de temps ? demanda alors Edris, en fronçant les sourcils.

— Très peu, on doit rassembler nos affaires, et trouver un autre endroit où vivre. Par chance, personne ne connaît nos visages, on va pouvoir se faufiler.

— On doit vraiment quitter la ville ?

— Tu sais bien qu'ils ne supportent les sans-abri ici, on risquerait encore de finir en cellule, et je sais à quel point tu ne supportes pas ça, dit l'homme en costume sale en s'adressant à Edris.

Les Forgeurs de Monde: T2 La Pierre et le SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant