Les Forgeurs de Monde: T2 La Pierre et le Sang

Chapitre 4

Une semaine est passée depuis notre voyage à la capitale. Vigo est arrivé au petit matin, accompagné de toute son équipe toute de blanc vêtue, comme à son habitude. Il a encore loué tous le première étage du Sable Mouvant, et Lewis lui a redonné son bureau. Il a recommencé à engager du monde sans même demander mon avis. J'ai l'étrange pressentiment qu'il veut en finir au plus vite pour pouvoir commencer son projet à lui. Son empressement me pousse même à adopter une certaine méfiance, et je ne sais toujours pas en quoi il consistera. J'ai peut-être accepté trop vite...

Je travaille dans mon atelier, terminant de réparer la voiture de Lewis. Je lui ai amélioré ses amortisseurs, rajouté la fonction des quatre roues motrices et en réparant la portière qui avait du mal à se fermer. Je déteste ne faire les choses qu'à moitié. Je reste encore frustrée de ne pas avoir terminé la jambe de La Tempête. Je ravale ma frustration en m'acharner sur mon travail. Le vieil homme ne va pas tarder à venir chercher sa petite camionnette. Je referme le capot avec fermeté, provoquant un claquement satisfaisant. J'entre dans mon atelier et m'essuie les mains pleines de cambouis dans un chiffons. Je range mes outils soigneusement dans ma trousse quand on frappe à ma porte. Je l'ouvre et vois le maire, tout sourire, impatient de tester les améliorations de son véhicules.

— Tenez, les clés, mais faites attentions, elle va aller un peu plus vite maintenant, j'ai réparé le turbo, je lui explique, d'un ton professionnel et détaché.

— Tiens, voici ta paies, tu l'as bien mérité ! Il glisse dans la paume de ma main crasseuse une bourse remplie de pièce d'or.

— Je ne vous avez pas demandé autant... j'observe d'une petite voix, les yeux rivés sur le sac en tissus qui contient mon dû.

— Tu le mérites, et tu le sais, me dit-il en me gratifiant d'un clin d'œil.

Il entre dans sa voiture et je me contente de lui expliquer les nouvelles options, lui indiquant ce que j'ai amélioré en plus de ce qu'il m'avait demandé. Il démarre, me remercie chaleureusement et repart en me faisant un signe de la main. En regardant l'homme s'éloigner vers le cœur du village, je remarque Diego au loin, perché sur son cheval. Il me scrute les yeux plissé, comme si je m'apprêtais à commettre un crime. Je lui lance mon regard le plus noir, et il tourne la tête. Je soupire et rentre chez-moi en claquant la porte. Je me prépare un repas et mange tôt, sans attendre que Jim soit rentré, et me couche, épuisée. Mes journées se ressemblent tellement en ce moment que je suis las. J'ai prévu d'aller voir la reconstruction de ma pompe demain, essayer de me l'approprier un peu plus que ce qu'il est à présent.

Je me réveille avec l'odeur du bon café paternelle, que m'empresse de boire avant de partir au nord, près du chantier. J'emprunte un cheval de la caserne et m'y rends avec empressement, mes lunettes de protection accrochées sur mon front. J'arrive et constate avec une légère amertume que le chantier a déjà bien été entamé, sans moi, sans m'attendre. Vigo a mis les bouchées doubles pour le recrutement, et cela avance à une vitesse folle. L'investisseur, assit sur une chaise pliante en hauteur, tient des jumelles, surveillant le chantier dans un costume d'or rayé noir. Il a toujours cette habitude de porter des costumes haut en couleur. Je me demande combien il peut en avoir, je ne l'ai jamais vu porter le même Je constate qu'il porte encore son étrange bracelet qui scintille d'une couleur étrange par moment, de violet mêlé à de l'orange et du vert pâle, au poignet de sa main tatouée avec un croissant de lune. Je me dirige à son encontre et me place debout à côté de lui.

— Vous êtes là pour superviser ? je lui demande, en essayant de paraître le plus détachée possible.

— Non, ça c'est votre rôle. Je ne fais qu'observer, me répond-t-il avec un sourire lubrique. Il croise les jambes et balance son pied chaussé d'un mocassin en cuir ciré à la perfection.