Chapitre 6

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Une semaine s'est écoulé, et le chantier est désormais achevé. Je ne suis même pas allé voir les finitions car j'ai toujours l'impression que mon projet m'a échappé.

Vigo a organisé l'inauguration, moins spectaculaire que la première. Il n'y aura pas d'acrobate, pas de numéro de jonglage. Je n'ai d'ailleurs pas reçu de robe atlante, il m'a autorisée à y venir habillée dans ma tenue habituelle. Je me regarde furtivement dans mon reflet dans mon psyché. Pour une habitante du désert qui vit constamment sous le soleil, je suis un peu pâle. J'enfile mon débardeur noir, mon jeans déchiré aux genoux, et revêts ma veste en cuir. Je réajuste ma ceinture et n'oublie pas de mettre ses lunettes de protection. Sans détermination particulière je pars en direction de l'inauguration.

L'événement a une nouvelle fois rassemblé beaucoup de monde, venant des villages environnant. Des dispositions ont été prises afin d'éviter un nouvel incident, notamment une vérification de la structure de la pompe, et une ronde de sécurité, de jour comme de nuit, autour de la construction, afin d'éviter que des individus y colle de la dynamite. J'arrive sur le dos d'un cheval, et rejoins Rose et Dean, qui sont au premier rang devant l'estrade. Ce dernier a été éloigné de plusieurs mètres de la pompe, et avait plusieurs barrière anti-feu tout autour. Les gens parlent entre eux en jetant des regards inquiets vers l'estrade.

— Tu n'es pas avec Vigo ? me demande alors Rose, étonnée de me voir mêlée aux public.

— Je n'ai pas été invité, je me contente de dire d'un ton désinvolte en haussant les épaules.

— Peut-être qu'il te fera monter sur scène après, me dit Dean, de son ton solennel habituel.

— Nous verrons bien, je soupire.

Vigo arrive dans une splendide voiture de l'ancien temps, parfaitement entretenue. Les photographes et journalistes se précipitent autour de lui pour ne louper aucune miette de ce qu'il pourra dire ou faire. Il a enfilé un costume orange pastel rayé de bande noir, et affiche son éternelle sourire éclatant qui étire sa moustache impeccable. Il monte sur l'estrade, et tout le monde l'applaudit.

Je tente alors d'avancer vers l'estrade à mon tour, avec un infime espoir que j'y serais la bienvenue, mais en voyant sa garde rapproché me barrer la route, je comprends rapidement que cette fois-ci, il a la ferme intention de récolté les lauriers tout seul. Une rage s'empare de moi et je commence à fulminer. Il s'approche du micro, encourageant les applaudissement à son encontre en agitant ses mains.

— Mesdames, messieurs, aujourd'hui ne sera pas comme l'an dernier. Nous avons appris de nos erreurs. Nous avons renforcé la sécurité afin que tout ce passe au mieux. Je suis heureux de me présenter devant vous pour l'inauguration de la deuxième pompe de recyclage de l'eau, construite pour la ville de Canyon. Espérons que celle-ci aura une meilleure durée de vie que la précédente.

Tout le monde rit, comme si l'incident de l'année dernier n'avait été qu'une funeste blague. Je peste et lâche un juron, camouflé par le bruit de la foule. Mes poings sont fermement serrés, provoquant la marque de mes ongles dans mes paumes.

— En bref, mes amis, aujourd'hui marquera le jour où Canyon utilisera enfin de vraies douches ! Le public l'acclame, et je vois dans le coin de mon œil Lewis et mon père applaudir froidement, les lèvres pincés, jetant des regards méfiant envers l'investisseur.

On lui donne les ciseaux d'or, et il coupe la bande lui-même, sous les acclamations de la foule. Une envie de pleurer me pique le nez mais je ravale mes larmes. La fureur quant à elle, palpite dans mon crâne, me provoquant une migraine. Il descend de l'estrade, et il m'aperçoit au premier rang. Il me fait un large sourire et me fait signe de venir près de lui. Je me fraie un chemin jusqu'à sa lui, le cœur battant de hargne, et m'approche suffisamment pour qu'il puisse se pencher vers moi.

Les Forgeurs de Monde: T2 La Pierre et le SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant