Chapitre 8

0 0 0
                                    


Nous restons dans notre cage le restant de la journée, sans eau en plein soleil. Nous n'arrivons à communiquer que par regard. Je sens mon cœur battre contre ma joue et mon œil dans une douleur lancinante. J'ai sans doute un coquard qui est apparue. Rose est assise, le dos voutée, les yeux rivés dans le vide. Je n'arrive pas à comprendre comment on a pu se laisser embarquée si facilement, ni pourquoi il a fallu, dans l'immensité de ce désert, que ce soit à cet endroit que le gang de Gabargi nous retrouve.

La nuit tombe sur le désert, ramenant avec elle sa température glaciale. Nous commençons à avoir froid, et nous serrons l'une contre l'autre. Nick Gabargi revient accompagné d'un autre bandit, grand et maigre, marchant avec les jambes arqué d'un homme qui a beaucoup chevaucher. L'homme ouvre la chaine qui bloque la porte de la cage en reniflant, et se penche pour attraper Rose. Je sens la panique me gagner quand il saisit le poigné de mon amie. Mon sang ne fait qu'un tour, et malgré la douleur dans ma cage thoracique, je me jette sur lui et lui assène un coup de pied dans la tête. Furieux, il se rabat sur moi, et m'attrape par la jambe.

— Tu vas regretter d'avoir fait ça.

Il me tire hors de la cage, la main fermement fermée sur sa cheville, alors que je me débats comme une furie, mes cris sont retenus par mon baillons. Je sens plusieurs bottes en cuir renforcés rencontrer mon corps avec puissance, me provoquant des spasmes de douleur incontrôlables. Ils me tabassent au sol. Je sens chacun des coups me transpercer les cotes, me provoquant ecchymose sur ecchymose. Je ne respire plus, et mord mon bâillon avec tellement de force que je pourrais l'arracher. La douleur est tel que je n'entends même plus Rose hurler et pleurer derrière moi. Je suis contente que ce soit moi et pas elle. Un coup m'est frappé à l'arrière de la tête, et je ne sens et ne vois plus rien.

Je me réveille, le corps complétement douloureux et ankylosé. Chaque geste, même le mouvement d'un doigt, me provoque des affres dans tous les membres. Je cherche Rose en tâtonnant, le visage gonflé et la vue obstruée. Je me rends rapidement compte qu'elle n'est plus avec moi dans la cage. Une peur dévorante m'envahit le corps et me transperce l'âme de part en part. L'adrénaline me donne la force de me redresser et je ne retiens pas mon hurlement de rage et de terreur. Je me mets à genou en tapant sur les barreaux. Je sens ma bave badigeonner le bandeau que j'ai encore autour de la bouche. Des hommes se tournent vers elle, et rient de me voir m'agiter. Mon visage n'est plus que larmes, sueur et bave, dégoulinant par-dessus mes plaies et mes contusions. Je suis désespérée, paniquée, assoiffée et je suis tellement impuissante. La nuit a beau être froide, je ne ressens rien d'autres que la douleur, et l'horrible brulure de ma peau qui s'infecte et s'enflamme.

Je veux me laisser partir, mais je dois tenir pour Rose. Je me rallonge dans le sable froid qui soulage mon corps endolories, les yeux gonflés par les larmes et les coups. Je suis morte d'inquiétude pour ma meilleure amie, et j'espère qu'elle est encore en vie, dans un meilleur état que moi. J'aperçois dans mon œil trouble ce que je reconnais comme sa silhouette, boitant en étant tenue par l'homme obèse et dégoutant qui nous détient captives. Ils s'approchent. Je me redresse mais ne recule pas quand il ouvre la cage, lui lançant un regard rempli de haine. Il me rit au nez, et balance Rose dans la cage. Je suis affolée de voir qu'elle aussi est dans un sale état. Je m'approche d'elle et ne peux retenir mes larmes. Elle a des bleus sur les bras et sur le ventre, les yeux gonflés et les lèvres enflés. Je veux lui dire que je suis désolée, mais je ne peux pas parler. Rose, elle, ne pleure pas. Elle garde les yeux ouverts, vide, traumatisée. C'est pire que tout. J'ai envie de hurler, de me battre, de le tuer.

Je décide alors d'interpeler l'homme. J'ai envie de négocier la liberté de mon amie. Elle ne mérite pas ce qui lui arrive. J'hurle à travers mon bâillon et frappe les barreaux rouillée de notre cage, provoquant les grognement de notre voisine et de ses petits. L'homme gras se retourne de toute son épaisseur, et affiche un sourire satisfait. Le voir me toiser me fait frissonner de dégoût. Il revient et rouvre cage d'un pas lourd. Il m'attrape par les cheveux pour la faire sortir, mais je ne grimace plus de douleur. Je ne suis plus à ça prêt.

Les Forgeurs de Monde: T2 La Pierre et le SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant