Les Forgeurs de Monde: T2 La Pierre et le Sang

Chapitre 2

Rose et moi, accompagnées de Dean, sommes à nouveau dans le train en direction de la capitale. Le jeune homme aux cheveux acajou et grande lunettes rondes ne s'est jamais rendu dans la grande ville. Il est surexcité, tout comme l'est Rose. Ils se tiennent la main, côte à côte dans notre cabine. Je suis assise en face d'eux, et regarde le désert par la fenêtre. Il y a un an, je vivais dans ce désert, en compagnie des hors la loi les plus recherchés d'Aridara, voir d'Atlas. Des hors la loi loin d'être aussi cruels qu'on me les avait décrit. Je me demande souvent comment ils vont, si le Macchabée continue de faire des cafés aussi ignoble, si Le Crayon continue de se procurer le meilleur matériel, si La Tempête a tout de même pu se servir de la jambe inachevée que je lui ai fait. Je me sens coupable de ne pas lui avoir fini, et je me sens stupide d'avoir agi comme je l'ai fait, tuant un homme qui n'a jamais rien eu contre moi. J'avais même commencé à lui trouver une certaine sympathie, et je suis persuadée que sa carapace cachait quelque chose de plus profond. Un homme de son âge, car il semblait avoir à peu près le même âge que moi, ne pouvait pas vivre dans le désert par choix. Il renfermait quelque chose de bien plus obscure au fond de lui. Mais je ne le saurais jamais. La blessure que je lui ai infligée était grave, et s'il a, par chance, survécu, il doit m'en vouloir. Je frissonne. Une part de moi souhaite qu'il soit encore en vie, pour ne pas avoir à porter le fardeau de la mort d'un homme, mais d'un autre côté, s'il souhaite se venger, alors je suis en danger. La seule fois où il m'a été hostile, c'était lors de l'attaque du train, il m'avait dérobé le collier qui avait appartenu à ma mère. En y repensant, je passe mes doigts sur la naissance de mon cou, comme pour chercher la fine chaine en or blanc, désormais absente.

— Helena ? Ça va ? me demande alors Rose, me faisant sortir de ses songes.

— Oh, euh... oui... je bafouille.

— On dirait que tu es triste, remarque la petite blonde.

— Non, j'ai juste une petite pointe de nostalgie...

— Ah oui ? moi aussi, quand on y allé toute les deux, complétement novices dans tout ça...

Je ne discute pas et acquiesce, laissant croire à Rose que c'est bien de notre dernière visite à Atlante dont je suis nostalgique. Elle n'a pas vraiment besoin de savoir que je pense à un groupe de bandits qui nous avaient enlevé toutes les deux. Et j'ignore encore pourquoi tout ceci me bouleverse autant. Vivre dans le désert, à l'affut du moindre danger n'a absolument rien d'attirant et de confortable, et pourtant...

Atlante commence à apparaitre à l'Horizon. Ses immenses gratte-ciel qui transpercent les nuages, et ce faisceau lumineux, s'élançant jusqu'au-dessus des nuages de sa couleur blanche éclatante, qui charge le ciel en énergie électrique. Dean se lève de son siège pour admirer la vue qui se profile à l'horizon. Il est admiratif, et Rose s'attendrit en le regardant découvrir la capitale.

— Attend de voir quand on sera à l'intérieur, lui dit-elle en riant et lui attrapant la main.

— C'est quand même fabuleux, dit-il, un sourire étincelant affiché sur son visage.

— La Tour Citado, c'est celle qui est à gauche là-bas, je lui indique en lui montrant du doigt, c'est une des plus grandes, et c'est là que nous nous dirigeons.

— C'est incroyable... épilogue-t-il de plus belle, le regard emplit d'étoile en admirant le paysage tellement futuriste, tranchant brutalement avec le décor aride et primitif de notre désert.

Nous arrivons à la gare de la Citadelle, le quartier des affaires d'Atlante. Comme je suis celle qui connait le mieux les lieux, je les guide jusqu'à une navette, comme j'ai pu le faire avec Rose lors de notre première visite. Dean est émerveillé, et regarde les immenses bâtiments, la tête penchée vers leur sommet qu'on ne peut voir tant ils sont hauts. Rose le regarde avec tendresse, un sourire béat se dessinant inlassablement sur son sourire. Je me surprends à sourire moi aussi, en les regardant, tout les deux. Ils sont tellement mignons.