11 - Syndrome de l'absence

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— Djayann —

14h30, hôpital, Paris📍

Je suis dans mon cabinet de consultation, assis devant mon bureau, les yeux rivés sur l'écran de mon ordinateur.

Mon esprit est ailleurs, mais mes doigts tapent machinalement le nom de ma prochaine patiente. Juliana. Je parcours rapidement son dossier médical.

— Hmm, je vois... *souffle-je*

Juliana est une adolescente avec une histoire compliquée.

Mon rôle, en tant que cardiologue pédiatrique, va bien au-delà de soigner son cœur.

Je dois comprendre sa situation émotionnelle, l'aider à gérer l'angoisse qui accompagne chaque battement irrégulier de son cœur.

Je prends une profonde inspiration, me préparant mentalement pour ma prochaine consultation.

Mon boulot n'est pas juste technique, c'est de l'humain à l'état pur.

Émilie est la prochaine sur ma liste, et je sens déjà la tempête arriver.

Elle est du genre à tester mes limites, chaque fois.

J'accueille Émilie avec un sourire chaleureux quand elle entre, ses pas traînants trahissant son humeur.

— Salut. Comment tu te sens aujourd'hui ? je lui demande avec calme.

Elle garde les yeux fixés sur le sol, marmonnant à peine une réponse.

La tension dans la pièce est palpable.

Elle me regarde de travers, genre "qu'est-ce que tu veux encore ?"

Pause.

Je la fixe un moment, puis je me reprends.

— Je répète ma question : comment ça va aujourd'hui, Émilie ?

Elle relève la tête, le regard défiant.

Émilie - Comme si ça t'intéressait vraiment. T'es juste là pour faire ton job, non ?

Ok.

Celle-là, elle est toujours sur la défensive.

Je hausse un sourcil, contrôlant l'envie de lui répondre cash.

Mutu - Calme-toi, c'est une ado.

Je me rappelle que j'ai vu bien pire.

Mais sérieusement, elle croit vraiment que je suis juste là pour faire le minimum ?

J'suis ivoirien, champion d'Afrique, je vais pas me laisser déstabiliser par une ado en colère.

— Écoute, j'sais que t'es en colère mais j'men tape. T'as peut-être l'impression que tout le monde te lâche ou que personne ne te comprend, mais tu sais quoi ? C'est normal. T'as le droit de ressentir ça, mais ça n'empêche pas que je sois là pour toi. C'est mon boulot, oui, mais c'est plus que ça ok ?

Elle continue de me regarder avec ce mélange de méfiance et de fatigue.

Je m'assieds un peu plus confortablement, gardant mon regard posé sur elle.

Elle a besoin de se sentir en sécurité, et c'est mon rôle de créer cet espace, même si elle ne s'en rend pas compte.

— Tu sais, parfois, le cœur, c'est comme la vie. Il bat, il souffre, il s'arrête, puis il repart. Et toi, là, même si t'as l'impression que tout est bloqué, que personne ne t'écoute... t'as encore beaucoup de battements devant toi.

𝐂𝐡𝐢𝐧𝐬𝐞𝐚 | 𝐂𝐨𝐞𝐮𝐫 𝐀𝐮𝐭𝐨𝐦𝐚𝐭𝐢𝐬𝐞́Où les histoires vivent. Découvrez maintenant