Chapitre 8 : Partie 1

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Cela fait un peu plus d'une semaine que je n'ai pas mis les pieds en cours. Le lendemain de la soirée pyjama, Alice m'a convaincue d'aller voir le directeur pour parler de ce qui s'était passé. Je me souviens encore de la boule d'angoisse dans mon estomac ce matin-là, mais Amélia, Lorenzo, et Alice ont été là, à mes côtés. Leur présence m'a donné la force de franchir cette étape, et je ne sais pas comment j'aurais fait sans eux.

Quand j'ai expliqué ce qu'Adrian avait tenté de faire, le visage de Lorenzo s'est durci immédiatement. Je pouvais voir la colère bouillonner en lui, comme s'il s'en voulait de ne pas avoir vu venir tout ça. Il est resté silencieux pendant que je racontais tout au directeur, mais je sais que c'est grâce à lui qu'Adrian a été renvoyé temporairement de l'école. Il a dû intervenir en coulisses pour que des mesures soient prises rapidement. Le directeur, M. Everard, a été compréhensif et m'a autorisée à prendre une semaine de repos, mais surtout, j'ai demandé à ce qu'on ne prévienne pas mes parents. Ils n'ont pas besoin de savoir, et je n'ai aucune envie de les inquiéter. Je veux croire que je vais bien, que tout va bien... même si, au fond, je sais que ce n'est pas le cas.

Les jours qui ont suivi, je n'ai pas eu la force de retourner en cours. Je suis restée dans ma chambre, enfermée avec mes pensées, trop épuisée mentalement pour affronter les autres. Alice, toujours à veiller sur moi, venait me tenir compagnie, et chaque soir, elle dormait dans la chambre. J'avais aussi la visite d'Amélia, Regulus, et Theodore de temps en temps, qui m'apportaient de quoi manger et les devoirs que je devais faire pour ne pas prendre trop de retard. Mais même avec leur gentillesse, je ne pouvais m'empêcher de me sentir isolée, comme dans une bulle, loin du reste du monde. Et puis... Mattéo. Je ne l'ai pas revu depuis cette nuit, et une partie de moi ne sait pas comment réagir si je le croise.

J'ai essayé de tout relativiser, de me dire que ça aurait pu être bien pire, que je m'en étais sortie. Pourtant, il m'est impossible d'ignorer cette sensation qui me ronge de l'intérieur. Chaque fois que je repense à cette nuit, une vague de panique m'envahit, me coupant le souffle. Je sais que je dois avancer, aller de l'avant... mais c'est plus facile à dire qu'à faire.

Aujourd'hui, c'est le jour où je dois retourner en cours. La simple idée de croiser des regards, de sentir les murmures à mon passage, me donne envie de faire demi-tour et de rester cachée sous ma couette. Mais je ne peux pas fuir éternellement. Je me lève, un peu patraque, et m'habille sans trop réfléchir. Un simple pull, une écharpe que je noue maladroitement, et un jean. Rien de plus. Je veux juste me fondre dans la masse.

En sortant de la chambre, j'aperçois Alice qui m'attend dans la salle commune. Quand je franchis la porte, les conversations cessent brusquement. Tous les regards se tournent vers moi, et l'atmosphère se fige. Je me sens immédiatement exposée, vulnérable, comme si tout le monde savait. Je baisse les yeux, le cœur serré.

Theodore, toujours fidèle à lui-même, se lève et me prend dans ses bras sans un mot. Son étreinte est réconfortante, et je sens qu'il essaie de me transmettre toute la force et le courage dont j'ai besoin. Je lui souris timidement, même si mon cœur n'y est pas vraiment. Le reste du groupe se regroupe autour de nous, prêt à partir pour le petit déjeuner. Ils essaient de reprendre la conversation, mais l'ambiance est différente. Je suis bien consciente que, malgré leurs efforts pour faire comme si de rien n'était, ils sont inquiets pour moi.

En chemin vers la Grande Salle, je marche un peu en retrait. Chaque pas me semble lourd, comme si j'étais prisonnière d'un cauchemar dont je ne peux pas me réveiller. Les murmures, les regards furtifs, les chuchotements... tout me pèse. Mais je dois y faire face. Je le dois. Pour eux. Pour moi.

Lorsque nous entrons dans la Grande Salle, une vague de murmures et de rires s'élève de toutes parts. Les autres élèves discutent entre eux, comme si le monde avait continué de tourner sans moi. Ce retour à la réalité me frappe de plein fouet, un peu trop brutalement à mon goût. Je me sens désorientée, presque étrangère à cette atmosphère familière. Alice, toujours attentive, me prend la main avec douceur et m'entraîne à sa suite jusqu'à la table des Serpentard. Elle m'installe à côté d'elle, Theodore se place de l'autre côté, et Lorenzo s'assoit en face de moi. Ils forment un bouclier de soutien autour de moi, essayant de rendre cette épreuve du petit-déjeuner un peu plus supportable.

Slytherin BoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant