Chapitre 6 : Partie 2

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Comment dire que je n'ai pas dormi de la veille ? Mes paupières sont lourdes, et même mon cerveau semble incapable de se concentrer. La découverte que je suis une Grindelwald m'a tellement bouleversée que je ne me souviens même plus de ce que j'ai mangé au petit déjeuner. Tout est flou, comme un rêve que l'on essaie désespérément de saisir mais qui s'échappe constamment. Emmit, notre fidèle majordome, est venu nous récupérer pour nous amener à la gare, et je suis montée dans la voiture avec une étrange sensation d'irréalité.

Assise à l'arrière de la voiture, je regarde le paysage défiler sans vraiment le voir. Les arbres dénudés par l'hiver et les champs enneigés forment un décor flou à travers les vitres embuées. Lorenzo, assis à côté de moi, jette des regards inquiets dans ma direction. Il a vite compris que quelque chose ne va pas. Mon silence, inhabituel, a dû le mettre sur la piste. Il n'a jamais été dupe de mes tentatives pour cacher mes émotions.

Je prends une profonde inspiration, le froid de l'air matinal m'apportant un semblant de clarté. "Enzo," dis-je finalement, ma voix à peine plus qu'un murmure. "Il faut que je te parle de quelque chose."

Lorenzo se tourne vers moi, son visage marqué par l'inquiétude. "Qu'est-ce qui se passe, Lana ?" demande-t-il doucement.

Je jette un coup d'œil à Emmit, qui est concentré sur la route mais dont les oreilles semblent légèrement tendues dans notre direction. Tant pis. Il a toujours été loyal à notre famille, et je n'ai plus la force de garder ce secret pour moi. "Hier soir, en rangeant mes affaires, j'ai trouvé un livret de famille dans le bureau de papa. Il y avait l'acte de naissance de grand-mère... Son nom de jeune fille, Enzo... C'est Grindelwald."

Lorenzo reste silencieux un moment, les yeux écarquillés par la surprise. "Grindelwald ? Comme..."

"Oui," le coupé-je, sentant mon cœur s'emballer de nouveau. "Comme le sorcier noir. Et puis il y a cette prophétie..."

"Quelle prophétie ?" Lorenzo semble suspendu à mes lèvres, toute son attention focalisée sur mes mots.

Je lui raconte alors tout ce que j'ai découvert, ma voix à peine plus qu'un murmure. "La prophétie que j'ai trouvée à l'école. Elle parle d'une personne égale à l'héritier du mal. Enzo, si cette prophétie est vraie, cela pourrait être toi... ou moi."

Le silence retombe, lourd et oppressant, seulement troublé par le ronronnement du moteur et le crissement des pneus sur la neige. Lorenzo reste immobile, ses yeux fixés sur moi, cherchant à comprendre la gravité de mes paroles. Emmit continue de conduire, le regard toujours fixé sur la route, mais je sens qu'il écoute attentivement.

"Tu veux dire que... l'un de nous pourrait être destiné à affronter cet héritier du mal ?" La voix de Lorenzo est basse, empreinte de la même incrédulité que j'avais ressentie la nuit précédente.

"Oui," dis-je, sentant ma gorge se serrer. "Je n'en suis pas certaine, mais tout semble s'aligner. Pourquoi personne ne nous a rien dit ? Pourquoi grand-mère garde-t-elle ce secret ?"

" Et tu penses sérieusement qu'il peut s'agir de nous ? " me demande-t-il en prenant la situation à la légère, un sourire en coin.

" Tu ne me crois pas, c'est ça ? " répliquai-je, une pointe de frustration dans la voix.

Lorenzo soupire, posant son regard sur moi avec une douceur familière. " Lana, je sais que ce n'est pas ton style d'inventer ce genre de truc, commence-t-il, mais il y a beaucoup plus de chances que la prophétie que tu as trouvée dans la bibliothèque soit caduque, non ? Et puis, ce que tu as appris de grand-mère, c'est sûrement une coïncidence. "

Slytherin BoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant