(souvenirs)
Le village était presque désert, il n'y avait que des personnes âgées. Mon maître discutait avec elles dans un langage inconnu.
"Maître, dans quel pays sommes-nous ? "
"Ce pays s'appelle Ekhynal, c'est le cœur de toutes les magies.Allez, en route pour Limbregārd."
(présent)
Grrrrr grrrrr
"Pchhhut, Luna, calme."
Le bruit des feuilles qui se brisaient sous les pas avait réveillé Luna.
Elle se faisait vieille, car le bruit était perceptible depuis un moment déjà.Sans faire de bruit, je sors de ma tente, sabre à la main. En quelques
mouvements, je monte sur un arbre.Luna a quitté sa place et s'est
couchée à l'abri derrière des rochers. Furia est de l'autre côté de la rivière, il ne risque rien.Je peux voir une dizaine d'hommes armés d'épées et de lances s'approcher de mon campement.
Au signal de leur chef, ils se précipitent sur la toile, qui se retrouve complètement détruite.
*Vous me cherchez ?"
Ils se retournent, mais ne me voient pas dans l'ombre. Un éclat de lune
vient éclairer Fanlaï, et je pourfends leur chef, ma lame le tranchant en deux de haut en bas.Les hommes ne comprennent pas, ils ne voient que leur chef devenir deux moitiés d’homme.
Leurs cris de terreur se noient dans le silence de la forêt. Luna pose ses pattes sur son museau pour ne pas voir la mort, elle qui l'a si souvent donnée.
Ils tombent un par un, aucun n'avait une chance de survie en m'attaquant. J'essuie ma lame sur le côté gauche du chef de bande.
La lumière du jour perce entre les arbres alors que je fouille ces
morceaux de soldats pour découvrir quel fou a osé s'en prendre à moi.Luna suit la piste qu'ils ont empruntée. En quelques minutes, je rassemble mes affaires. Je laisse la toile et récupère juste les cordes.
Je charge mon fidèle compagnon Furia, et nous partons sur la piste que suit Luna.
À la sortie de la forêt, Luna se couche et observe un camp. Il y a des chevaux, mais pas d'hommes, forcément puisque je les ai tués.
À pas de loup, avec ma louve, nous entrons dans le campement. Il y a les chevaux, mais aucune trace qui pourrait me donner l'identité de ces soldats.
Je fouille tente après tente. Luna a senti quelque chose. Elle gratte
devant une entrée.Je m'approche, pousse le tissu, passe mon sabre en premier, et à l'intérieur se trouve une jeune fille attachée.
J'observe les lieux. Le regard de la jeune fille se pose sur mon sabre.
En un mouvement rapide, elle se jette sur moi. Du revers de mon arme, je la pousse sur le côté.Les yeux de la jeune fille se mettent à briller. Je passe mon bracelet sur mon collier et mon armure recouvre mon corps.
Elle me lance une boule d'énergie que je bloque avec Fanlaï. La tente
explose et nous nous retrouvons au milieu de tissus brûlants.Furia et Luna se sont mis à l'abri. Je me mets en position de combat.
Elle rit en me voyant ainsi. Je reste calme, ma respiration est douce,
mon cœur est serein.Elle m'attaque avec des éclairs que j'évite avec agilité. En trois pas,
ma lame atteint son cou et un léger filet de sang coule sur sa peau."Qui es-tu ? Pour qui travailles-tu ? "
"Mon maître voulait juste savoir si tu avais bien retenu tes leçons."
Un frisson parcourt mon échine. Il n’est pas mort. Je ne la laisse pas
parler davantage. Son corps, en deux morceaux, tombe au sol.Je me penche sur sa dépouille.Je prends le chapelet qu’elle tenait dans sa main. Les pierres brillent
au contact de mon gant. Je le pose sur le sol et, d’un coup de sabre, je
les brise pour libérer les âmes prisonnières.Presque toutes les lumières disparaissent vers le soleil. Il en reste une qui vient à ma rencontre et me tend les bras.
"Merci d’avoir libéré mon corps. Je vais enfin pouvoir rejoindre le
royaume des lumières."Une larme coule sur sa joue. Elle tombe sur Fanlaï, roule sur la lame
jusqu’à la garde, et un filament d’or s’incruste sur son passage, une
nouvelle vibration pénétrant l'arme.Je tombe à genoux à côté du corps de la jeune fille. Des larmes coulent sur mes joues.
"Pourquoi fait-il cela ? Elle était innocente."
Je le crie dans le silence de la pleine.
Je sais que je ne voulais plus retourner là-bas, mais ai-je vraiment le choix ?
Peu importe où j'irai, il m’enverra toujours ses sbires, même après toutes ces années.
Je prends le temps de ramasser du bois pour honorer la mort de cette
jeune fille. Je dépose son corps et sa tête dans un linceul blanc sur le
bûcher.À la tombée de la nuit, j’allume le feu et, dans le crépitement du
brasier, je récite des incantations pour que son corps puisse rejoindre son âme dans le royaume des lumières.Dans la nuit profonde, je monte sur Furia et prends la direction de
Mediasie.Luna nous suit. Il nous faudra plusieurs semaines pour
rejoindre la ville portuaire.
Nous voyageons de nuit pour ne pas attirer l’attention sur nous.Après deux semaines de marche intensive, nous arrivons sur un col.
Luna se place devant moi, se redresse sur ses pattes arrière et prend forme humaine.Je descends de Furia pour la serrer dans mes bras.
« Ne pleure pas, ma douce. On savait que ce jour viendrait. Il est temps pour moi de partir. »
« Luna, sans toi, je suis perdue. Tu m’as sauvé la vie. »
« Finis ce pour quoi tu es faite et reviens-moi ici. Je t’attendrai. »
Luna prend dans sa sacoche une perle d’un blanc immaculé. Elle la pose sur mon front.
« En cette nuit de pleine lune, moi, Luna, louve des forêts interdites,
je te donne le pouvoir de te transformer. »« Par le nom des ombres des forêts interdites, je te nomme Pearl, afin que chaque être vivant craigne ta venue pour défendre les plus démunis. »
Une douce chaleur envahit mon corps et mon âme. Je passe mon bracelet sur mon collier et mon armure reprend place sur mon corps.
Mais sa couleur a changé. Elle est devenue blanche, comme le pelage de Luna. Je reste là durant plusieurs heures et, au lever du soleil, je reprends ma route.
Je me retourne une dernière fois pour voir Luna sur les rochers, hurlant mon nom.
VOUS LISEZ
PEARL
Adventureun destin, non une destinée pour vivre des grandes aventures, de la boue aux ombres du monde. Pearl va connaître mille et une aventures, elle va devoir faire des choix par instinct plus que par réflexions. D'un vieux soldat à un maître d'armes, la j...