Chapitre 7

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Falia Ndiaye





Le matin du mariage, j'ouvre les yeux, le souffle court. Mon cœur tambourine dans ma poitrine. Je me redresse doucement, prenant une profonde respiration pour essayer de calmer l'asthme qui menace de s'emparer de moi.

Je me lève, et me dirige vers le miroir. Je contemple mon visage pâle, mes yeux rougis pas la fatigue. J'ai du mal à respirer, pas seulement à cause de l'asthme, mais à cause de tout ce qui m'attend aujourd'hui.

Ndeysaan, je murmure, la gorge serrée.

Je pleure doucement, étouffant mes sanglots pour ne pas alerter ma famille qui s'affaire déjà dans la maison. Est-ce que maman se rend vraiment compte de ce que je sacrifie pour elle ? J'essuie mes larmes, mais je ne peux rien essuyer de ce poids sur ma poitrine, ni de l'incertitude qui plane sur ma vie.

Je me dirige vers la salle de bain, chaque pas me semble plus lourd que le précédent. Sous l'eau chaude de la douche, j'essaie de me calmer, de faire disparaître la tension qui pèse sur moi. Mais rien n'y fait. L'eau ruisselle sur mon corps, emportant mes larmes avec elle, et malgré la chaleur, un frisson glacé parcourt ma colonne vertébrale. Mon mariage sera scellé aujourd'hui. Pas comme dans mes rêves d'enfance, mais dans la réalité froide que je vis maintenant.

Je prends une grande respiration, me sèche lentement et porte une robe.

Une fois prête, les filles me rejoignent dans ma chambre. Aïcha, Amina et Maï entrent avec des sourires bienveillants, mais je vois bien qu'elles savent, elles aussi, que ce n'est pas le mariage rêvé.












[Quelques heures après]












Je me tiens là devant le miroir, dans cette robe de mariage en Bazin qui brille comme si c'était sensé effacer tout ce que je ressens. Le tissus est lourd, tout comme mon cœur. J'ai l'impression de porter une armure, mais pas pour me protéger.

Les filles m'accompagnent doucement jusqu'au salon où les voix des invités commencent à résonner. Je sens déjà le poids des regards qui se poseront sur moi. L'air dans la pièce est plus lourd, et je me demande si c'est la chaleur ou l'anxiété qui me coupe de nouveau le souffle.

Les femmes sont assises d'un côté et les hommes de l'autre. J'aperçois ma mère qui me sourit avec tata Sadiya.
Je prends place, près de Souleymane, qui semble à la fois distant et tendu. L'imam s'avance, un homme d'une grande sagesse, respecté par tous, et commence à réciter des prières, ses paroles résonnant dans la pièce. Il fait ses recommandations en wolof d'abord puis en français pour s'assurer que tout le monde comprend.

Il explique l'importance du respect et de la patience dans le mariage. Ses Mots tombent sur moi comme un poids supplémentaire. Il parle de responsabilités, de compromis. Il me regarde un instant, et je baisse les yeux. Mon cœur bat trop fort, et l'air me manque à nouveau.

« Respectez vous l'un et l'autre, même dans les moments difficiles. Le mariage n'est pas facile, mais avec foi et patience, il peut être une source de bénédiction »

Je fixe mes mains, décorés de henné, essayant de respirer lentement pour éviter une crise d'asthme en plein milieu de la cérémonie. Chaque mot de l'imam semble sceller un peu plus mon destin. Je devrais me sentir prête, mais je ne le suis pas. La vérité, c'est que je ne le serai probablement jamais. Je me sens comme une spectatrice de ma propre vie.

Aimer au delà des blessures: Une histoire de renaissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant