Les cicatrice du silence

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Diarriétou Sow

Assise dans le salon, je la regardais, la haine bouillonnant en moi. Elle, cette traitresse, qui avait détruit tout ce que j'avais construit.

_Qu'est-ce que tu me veux, Soukeyna ? demandai-je, ma voix tremblant légèrement sous la colère.

Elle esquissa un sourire, ce sourire qui m'enveloppait toujours d'une rage froide. Un sourire que j'aurais voulu effacer à tout jamais de son visage.

_Bébé Dieyna voulait voir sa mère, répondit-elle d'une voix douce, presque trop douce, comme si cette attitude pouvait masquer tout ce qu'elle avait fait.

Je détournai les yeux vers la petite fille dans ses bras. Malgré tout ce que j'avais contre Soukeyna, je ne pouvais ignorer cette innocence pure dans le regard de la petite. Il n'y avait aucune haine en elle, rien d'autre que l'amour que seul un enfant pouvait offrir. C'est cette innocence qui me fit craquer. Je la pris dans mes bras, ressentant un instinct de protection, un amour simple mais pur. Son sourire ébranla ma rancune, mais je n'étais pas dupe..

_J'étais venue te dire que je pars en voyage... et pour de bon. Je ne t'embêterai plus. Sa voix était froide, détachée, presque mécanique. Comme si tout ce qui était derrière nous n'avait plus aucune importance.

_Tu peux aller te faire foutre en enfer si tu le veux, keyna, répondis-je, les mots acides, coupants, me libérant d'un poids que je portais depuis trop longtemps.

Elle sourit tristement, mais ce sourire n'avait plus de prise sur moi. Elle n'avait plus ce pouvoir sur mes émotions. Je ne la ressentais plus comme une figure de mère. Elle était la personne qui avait volé mes rêves, qui m'avait volée, moi.

_Prends soin de bébé Dieyna... Ses mots flottaient dans l'air comme une tentative trop tardive d'apaisement, mais je ne pouvais plus les entendre. Ce n'était plus la même femme.

Elle se leva, prête à partir, mais s'arrêta juste avant la porte.

_Fais attention à Maël... Je sais que tu m'en veux pour ce que j'ai fait, mais un jour viendra où tu me comprendras. Tu sauras la vérité, celle qui t'a été cachée depuis tout ce temps. Je suis désolée, Diarry... tu ne méritais pas ça...

La mention de Maël me foudroya sur place. Son nom, ce nom qui avait résonné dans mon cœur comme un écho lointain, mais toujours douloureux. Que voulait-elle dire par « la vérité cachée » ? Ce n'était plus une question de passé, c'était devenu une énigme que j'étais prête à résoudre, mais pas tout de suite. Pas avec elle. Tout entre nous était fini, mais je ne pouvais ignorer ce qu'elle venait de dire. Et moi, comment j'allais faire avec ces mots ? Je n'avais pas la force d'y penser.

Je restai là, figée, ses derniers mots me faisant tourner la tête dans toutes les directions. Tu ne méritais pas ça...

Princesse Leïla Mballo

La plage s'étendait à l'infini devant moi, une mer calme, presque trop calme, qui me renvoyait l'image d'une paix que je n'avais jamais connue. Le bruit des vagues me rappela le jour où, avec ma sœur, nous avons tenté de fuir l'enfer. Nous croyions que la mer, cette étendue infinie, pourrait nous libérer. Mais la mer ne nous a pas sauvées. La mer n'a pas empêché la perte.

Mamy m'avait arrachée à cet enfer. Elle m'avait prise sous son aile, m'ayant fait la promesse de me donner une nouvelle chance. Mais ma sœur... ma sœur était morte dans l'eau. Elle avait été emportée, et je n'avais même pas pu lui tendre la main.

Je m'assis dans le sable, sentant la douleur m'envahir. La mer semblait me juger, me rappeler tout ce que j'avais perdu. Pourquoi elle, et pas moi ? Pourquoi fallait-il qu'elle meure, qu'elle soit emportée, alors que j'étais encore là à respirer l'air lourd de cette souffrance ? Pourquoi la vie m'avait-elle laissée dans cette tourmente, incapable d'échapper à la culpabilité ?

Mes larmes montèrent, brûlantes, mais elles restèrent là, coincées dans ma gorge. Le vent fouettait mon visage, mais rien ne semblait pouvoir apaiser cette douleur. Ni le vent, ni la mer. Tout ce qui m'entourait était lié à ce passé qui me poursuivait.

Je fermai les yeux, tentant de repousser les souvenirs, mais ils revenaient toujours. Ma sœur. La violence. La fuite. Le souvenir de ces instants d'agonie, de cette fin tragique, me paralysait.

Le vent soufflait fort, et mes cheveux se mêlaient à la brise, se rebellant, comme si eux aussi voulaient fuir. Mais la vérité était là : rien ne m'échapperait. J'étais prisonnière de ma propre histoire, condamnée à revivre cette douleur à chaque souffle.

Quand une voix brisa le silence, je levai les yeux.

_Hé, Leïla...

C'était Momo. Il s'approcha, et comme toujours, il avait ce regard qui ne cherchait pas à poser des questions. Un regard qui me disait que peu importe ce que j'avais traversé, il était là, présent, sans juger. Sans connaître tout, sans savoir tout.

_ Ça va ? Il s'assit à côté de moi, son ton calme et apaisant. Pourtant, il ne savait rien. Il ignorait tout de ma vie avant qu'il n'apparaisse. Tout ce que j'avais perdu, tout ce que j'avais dû endurer.

Il ne posa aucune question, il attendit. Et ça, c'était plus que suffisant. Peut-être était-ce ça, la fraternité. Il ne me forçait pas à ouvrir mon cœur. Il attendait, respectant le silence, respectant la souffrance, comme un frère l'aurait fait. Un frère sans le savoir.

Je le regardai un instant, un frisson me traversa en pensant à la façon dont il me souriait. Un sourire innocent, celui d'un frère.

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By Hollybook04

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