Chapitre 9 : L'Affaire Robin

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Les lumières tamisées de la bijouterie laissaient filtrer un mince rayon de clarté à travers les rideaux tirés, plongeant l'espace dans une pénombre froide et silencieuse. Gobi entra, suivi de près par Nicolas et Isabelle. Nicolas affichait toujours un regard furieux dirigé vers Gobi.

Leurs pas résonnaient doucement sur le sol, rompant la quiétude de l'endroit. Un petit couloir menait à la salle principale, où trônaient trois énormes portants, deux à droite et un à gauche, ainsi qu'un plus petit au centre.

Au fond de la boutique, une grande caisse surélevée, surmontée d'une vitre épaisse, dominait la pièce. Sur les murs, deux tableaux. L'un représentait un bateau naviguant sur une mer calme, un petit logo noir presque invisible imprimé sur le bateau, près de la porte. L'autre tableau, plus imposant, montrait une femme parée d'un collier de perles se regardant dans un miroir, derrière la caisse.

En entendant les bruits de pas, une femme sortit de l'ombre au fond de la boutique. Elle émergea lentement, comme si elle hésitait à quitter le refuge de l'obscurité. C'était Robin, la gérante de la bijouterie.

Robin s'approcha de l'interrupteur et alluma les lumières, révélant soudain la beauté cachée de la bijouterie. Bien que la salle fût petite, les portants blancs et les lumières éclatantes donnaient à l'endroit une grandeur surprenante.
Mais les portants vides, les quelques éclats de verre encore visibles sur le sol et les tiroirs laissés ouverts, tout indiquait l'ampleur du cambriolage.

Gobi fixa Robin, surpris par son apparence. La jeune femme blonde, d'une vingtaine d'années à peine, avait des cernes profondes sous ses yeux rougis, ses cheveux en bataille témoignaient de nuits sans sommeil, et sa posture, légèrement courbée, reflétait une fatigue accablante.
Elle portait un petit pull beige, une robe verte froissée et des baskets blanches, très propres, qui contrastaient avec sa tenue.
Malgré son état, quelque chose dans son regard trahissait une volonté de fer, une lueur de courage qui brillait au fond de ses yeux épuisés.

En voyant cette jeune fille, pas plus âgée que lui, s'approcher, Gobi ressentit un sentiment de culpabilité. Il réalisa qu'il avait laissé ses préoccupations personnelles le détourner de son véritable rôle : aider ceux qui en ont besoin.
Il se sentait mal de ne pas être venu la voir plus tôt, au moins pour la consoler dans ce moment difficile. Après tout, elle connaissait bien M. Chen et était venue lui demander son aide.

Il tourna la tête un instant vers ses collègues. Tous deux affichaient un sourire sincère et chaleureux dirigé vers Robin. Gobi se sentit encore plus mal. Il avait agi comme un idiot, laissant deux novices gérer une situation aussi délicate. En plus de s'être comporté comme un vrai con.

Robin s'approcha de Gobi avec un sourire fatigué.

- « Merci d'être venus, » murmura Robin. « Désolée pour... l'état de la boutique. Et pour le mien. »

Gobi lui serra doucement la main, essayant de lui transmettre un peu de réconfort.

- « Vous n'avez pas à vous excuser, Robin. Vous êtes incroyablement courageuse de tenir le coup. »

Elle haussa les épaules, toujours avec le sourire.

- « On fait ce qu'on peut, n'est-ce pas ? »

Gobi hocha la tête, profondément respectueux de la force de cette jeune femme qui, malgré les circonstances, parvenait à garder une attitude admirable.

Isabelle s'avança, son sourire bienveillant apaisant instantanément l'atmosphère.

- « Robin, on va vous reposer quelques questions, mais prenez tout le temps dont vous avez besoin. Nous sommes là pour vous écouter, » dit-elle avec une douceur qui résonna dans le regard de Robin, désormais plus détendue.

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