THIS GIRL IS ON FIRE, THIS GIRL IS ON FIRE...
La sonnerie du téléphone envahit le silence de la pièce, le refrain de Girl on Fire d'Alicia Keys résonnant dans l'air tranquille. Le téléphone vibrait sur la table de chevet, tandis que Joie émergeait lentement du sommeil. Elle fixa le plafond, ramenant une main sur son front où une migraine lancinante commençait à se réveiller. Elle avait dû se coucher dès son retour de son rendez-vous avec Clément, ce beau brun rencontré par une amie. Joie sourit en repensant brièvement à la soirée agréable passée avec lui.
La chambre où elle se trouvait était baignée dans l'obscurité. Des étagères remplies de dossiers bien classés longeaient le mur, chaque pochette plastifiée portant un nom ou un numéro d'affaire soigneusement inscrit. Des classeurs fermés étaient alignés dans une armoire aux portes coulissantes, et rien ne traînait sur les surfaces. La lampe de chevet, éteinte, projetait une ombre discrète sur le bureau, où une pile de feuilles impeccablement rangée attendait. Joie avait un esprit méthodique, chaque détail de la pièce le montrait.
Son téléphone continuait de sonner. Elle tendit la main pour le saisir. C'était Gobi, qu'elle avait enregistré sous le surnom de « Poisson Ingrat ». Elle jeta un œil à l'heure : 23h23.
Oh le con, il me réveille pendant ma migraine et en plus il appelle à une heure miroir...
Elle décrocha d'une main lente, portant le téléphone à son oreille sans grande motivation. Elle n'eut même pas le temps de le saluer.
- Un corps vient d'être retrouvé à Nice, Joie ! lança Gobi, sa voix éclatant dans le téléphone, accompagnée d'un bruit de fond assourdissant. Des voix s'élevaient, mêlées à des bruits et des murmures de la foule qui entourait Gobi. Joie percevait la tension, une énergie contenue prête à exploser.
Le choc de la nouvelle la propulsa hors du lit, balayant son mal de tête d'un coup.
- Quoi ? s'étonna-t-elle. S'agit-il d'un meurtre ? C'est arrivé quand ?
- Je sortais de l'interrogatoire avec Robin quand M. Chen m'a appelé, répondit-il. Il devait être presque 19h30. Et je suis sur la Promenade des Anglais, où le corps a été retrouvé, depuis 20h. Mais impossible de m'approcher davantage, les flics ont bouclé le périmètre, et il y a plein de journalistes qui tentent de nous devancer.
Le bruit ambiant dans le téléphone semblait s'intensifier. Elle entendait des voix d'hommes et de femmes qui s'interpellaient, des rumeurs se propageant rapidement comme une vague de curiosité morbide. Cela la forçait à se concentrer pour discerner les paroles de Gobi.
- Nicolas et Isabelle sont avec toi ? demanda-t-elle.
- Non, bien qu'ils semblaient super motivés pour venir, répliqua Gobi. Je leur ai dit de rentrer. Pas question que des nouveaux voient le corps d'un mec gonflé et lisse dont la peau pourrait se détacher à tout instant pour leur première affaire.
Joie esquissa un sourire.
- Ah ben dis donc, s'amusa-t-elle, je suis surprise de voir que tu apprécies les nouveaux.
- Comment ça ? demanda-t-il, intrigué.
- Si tu les détestais, tu les aurais emmenés avec plaisir pour être sûr qu'ils se reconvertissent après avoir vu une telle horreur, plaisanta-t-elle.
Gobi rit, mais leur conversation fut brièvement interrompue par un nouveau vacarme. Après s'être éloigné un peu de la foule, il reprit :
- C'est possible que je les apprécie un peu, effectivement, admit-il.
- J'en suis ravie, répondit Joie. Donc tu es sûr que c'est bien un homme ?
- De ce que j'ai pu voir, c'est-à-dire pas grand-chose, oui, confirma-t-il. Mais les flics agissent bizarrement. Ils mettent beaucoup d'efforts pour s'assurer que le corps reste invisible, et la foule qui n'arrête pas de grossir n'aide pas. Pourquoi les gens ne peuvent-ils pas s'empêcher de se regrouper pour admirer de tels spectacles ?
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Les Raisons Du Cœur
Mistério / SuspenseUn psychopathe que tout le monde croyait mort réapparaît à Monaco, semant la terreur et le doute. Un homme venu de Paris disparaît mystérieusement, laissant derrière lui une traînée de questions sans réponses. Un jeune journaliste se retrouve entraî...