Entre nos mains

Chapitre Vingt-deux - Sous les Étoiles, la Promesse d'un Nouveau Commencement.

Alors que la nuit tissait lentement son voile sur le palais, les derniers rayons du soleil embrasaient ses imposants murs de pierre, teintant le crépuscule d'une lueur dorée. Chaque détail architectural semblait se transformer en une œuvre éphémère, sculptée par la lumière mourante. Les vitraux colorés des fenêtres captivaient les regards, projetant sur le sol de marbre des mosaïques mouvantes, vibrantes de rouges, de bleus et d'or. Dans les jardins, baignés par cette clarté douce, les ombres des arbres s'allongeaient avec grâce, dansant sur les sentiers pavés, comme si la nature elle-même participait à une chorégraphie silencieuse.

Dans la grande salle à manger, l'atmosphère contrastait avec la majesté extérieure, empreinte d'une chaleur presque intime. Les chandeliers en argent, leurs bras élégamment courbés, portaient des bougies dont les flammes vacillantes faisaient danser des éclats de lumière sur les murs ornés de fresques délicates. Une nappe immaculée en soie blanche habillait la table en acajou massif, où des plats méticuleusement préparés trônaient parmi les couverts scintillants et les cristaux d'un éclat parfait. De vases de cristal s'échappaient des arrangements floraux soigneusement composés, ajoutant des touches de couleurs éclatantes à cette harmonie feutrée.

Le roi, assis en bout de table, semblait plus affaibli qu'au matin. La fatigue alourdissait ses traits, trahissant la précarité de sa santé. Pourtant, il avait insisté pour organiser ce repas d'accueil. Sur les recommandations de Maëlle et Victor, il avait demandé à ce que l'atmosphère soit détendue, presque familiale, un contraste marqué avec les banquets solennels d'autrefois. Ces jeunes gens, avec leur sincérité désarmante, avaient peu à peu trouvé une place dans son cœur.

Lorsqu'il avait décidé de chercher un potentiel héritier à l'aide de tests ADN, il avait redouté de ne trouver que des opportunistes attirés par le titre et l'héritage. Mais Maëlle et Victor avaient balayé ces craintes. Depuis leur arrivée, ils ne s'étaient jamais montrés intéressés par la richesse ou le pouvoir. Ils ne parlaient ni d'argent, ni de privilèges, mais s'intéressaient à lui, à ses histoires, et au peuple qu'il avait tant aimé servir.

Victor, avait gagné son estime. Malgré son jeune âge, le garçon possédait une maturité rare, forgée par un passé militaire que le roi trouvait fascinant et digne d'admiration. Sa dévotion envers les siens et son empathie envers les plus faibles trahissaient un cœur noble, qui ne cherchait pas la lumière mais œuvrait dans l'ombre pour protéger et servir.

Quant à Maëlle, elle lui rappelait ses fils dans leur jeunesse. Énergique, souriante, et toujours prête à apporter son aide, elle illuminait chaque pièce où elle entrait. Elle posait mille questions, curieuse de tout, et n'hésitait jamais à prêter main-forte aux employés du palais, ce qui, bien souvent, amusait le roi. Il riait en la voyant s'entêter à transporter des plateaux trop lourds ou à aider les jardiniers, trouvant en elle une fraîcheur qui apaisait son âme fatiguée.

Ce soir-là, alors que les rires et les échanges emplissaient la salle, le roi ressentit quelque chose qu'il croyait à jamais perdu : une chaleur qui dissipait la solitude de ces dernières années. Ces instants partagés avec Victor et Maëlle lui donnaient l'impression de revivre, et, pour la première fois depuis longtemps, il se surprit à espérer.

L'arrivée des deux jeunes hommes le ravissait. Depuis que Maëlle lui avait parlé d'eux, il attendait avec impatience de les rencontrer. À peine avaient-ils franchi la porte qu'il perçut ce qui amusait tant Maëlle : un humour vif et spontané, qu'ils semblaient manier comme une arme douce. Ils taquinaient leur sœur avec une légèreté complice, leurs rires égrenant l'air comme des notes familières. Cette alchimie le touchait. Elle réveillait en lui des souvenirs enfouis, des échos de son propre passé, lorsqu'il passait des heures à chambrer son grand frère, une lueur d'espièglerie toujours prête à jaillir.