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L'air dans l'entrepôt sembla se figer au moment où la voix de Hugo Alessandro résonna. Un silence lourd s'installa, suivi d'un claquement de talons qui se rapprochait lentement, implacable. Hugo apparut dans un faisceau de lumière au-dessus de nous, perché sur une passerelle métallique, entouré de ses hommes armés. Son sourire narquois et satisfait m'envoya une vague glaciale dans tout le corps.

— « Je savais que tu finirais par me trahir, Evelyn », dit-il d'une voix pleine de mépris, le regard planté dans le mien. « Mais je suis déçu... j'attendais mieux de toi. »

L'homme en costume sombre, jusqu'ici impassible, se retourna lentement vers moi. Le feu dans ses yeux avait atteint une nouvelle intensité, une rage contenue prête à exploser.

— « Alors, c'est comme ça ? » murmura-t-il d'une voix tranchante. « Tu nous as menés tout droit dans un piège. »

— « Non ! Ce n'est pas ça ! » protestai-je, la panique montant en moi. « Je ne savais pas qu'il nous attendait. Je... je ne l'ai pas trahi. »

Mais mes paroles semblaient s'écraser contre le mur de méfiance et de haine que l'homme en costume sombre construisait autour de lui. Il fit un signe brusque à ses hommes, et en un instant, deux d'entre eux m'agrippèrent par les bras, me forçant à m'agenouiller. Le froid du sol en béton mordit mes genoux alors que je luttais pour respirer.

— « Tu penses vraiment que je suis aussi naïf ? » murmura-t-il en se penchant vers moi, son visage à quelques centimètres du mien. « Tu penses pouvoir me tromper, me faire croire que tout ceci n'était pas orchestré depuis le début ? »

Sa main glaciale saisit brutalement mon menton, forçant mon regard à croiser le sien. Ses yeux étaient deux abysses de colère et de mépris. Je pouvais sentir son souffle sur mon visage, et chaque mot qu'il prononçait semblait taillé dans la pierre.

— « Je vais te faire regretter cette trahison. »

Mon corps tout entier tremblait sous l'emprise de la peur. Mais avant que le chef ne puisse aller plus loin, l'homme âgé intervint, se plaçant calmement entre nous deux. Son regard pénétrant balayait la scène avec une prudence calculée.

— « Attendez », dit-il d'une voix calme mais ferme, posant une main sur l'épaule du chef. « Nous devons garder la tête froide. Si Hugo Alessandro était prêt à la piéger, cela ne signifie pas forcément qu'elle est de mèche avec lui. »

Le chef s'écarta, luttant visiblement contre l'envie de m'achever là, sur le sol. Ses poings étaient serrés, et sa mâchoire crispée de colère.

— « Et pourquoi devrais-je la croire, elle, plutôt que mes propres instincts ? » cracha-t-il.

L'homme âgé resta impassible, ses yeux rivés sur Hugo, qui continuait de nous observer de sa position élevée.

— « Parce que si elle avait vraiment voulu nous trahir, elle aurait pu le faire bien avant. Elle connaît des informations cruciales sur cet entrepôt, des détails que même nos espions n'ont pas pu obtenir. Il est évident qu'Alessandro a découvert nos intentions... mais cela ne fait pas d'elle une traîtresse. »

Hugo, qui écoutait attentivement la conversation, éclata soudain de rire, un son qui résonna dans tout l'entrepôt comme une mauvaise augure.

— « Vieil imbécile ! » lança-t-il d'une voix moqueuse. « Evelyn n'a jamais eu d'autre choix que de me servir. Elle est coincée entre vous et moi. Tu crois vraiment qu'elle vous a livré tout ça de son plein gré ? Elle sait très bien ce qui lui arrivera si elle me trahit. »

Je levai les yeux vers lui, ma respiration hachée, cherchant à comprendre comment il avait découvert mon plan. J'avais été si prudente, si méticuleuse. Pourtant, là, dans cet entrepôt, je réalisais que je n'avais jamais été à l'abri de son emprise.

Sous les ombres Où les histoires vivent. Découvrez maintenant