Le silence dans la salle était devenu presque palpable. Tous les regards étaient rivés sur moi, l'arme encore pointée sur le chef. L'atmosphère était tendue, prête à exploser à tout moment. Je pouvais entendre mon propre souffle, lourd et rapide, alors que mes mains, bien que tremblantes à l'intérieur, tenaient le revolver avec une détermination farouche.Le chef, toujours figé sous la menace de mon arme, me scrutait de ses yeux noirs, sa colère se muant en un rictus de haine froide. Il avait l'habitude d'être le maître de la situation, de contrôler chaque mouvement autour de lui. Jamais, il n'aurait imaginé qu'une personne aussi insignifiante à ses yeux pourrait se retourner contre lui. Sa voix, basse et sifflante, trahissait sa rage contenue :
— « Tu vas regretter ce geste, Evelyn. Tu crois vraiment que ça te sauvera ? »
Je pouvais voir la tension dans ses muscles, ses doigts se crispant légèrement. Je savais qu'il cherchait une ouverture, un moment d'inattention pour reprendre le contrôle. Mais je ne pouvais pas flancher. Pas maintenant. Pas avec toutes ces vies en jeu. Je devais rester ferme.
Le vieil homme, resté à l'écart jusque-là, s'avança lentement. Sa voix, pourtant douce et mesurée, résonna dans la pièce avec une autorité inattendue.
— « Evelyn n'est pas une menace. Pas pour toi. Elle est dans une situation où elle essaie simplement de survivre, comme nous tous. » Il fit un pas de plus, se plaçant légèrement entre le chef et moi, sans pour autant bloquer ma vue. « Nous ne sommes pas ici pour nous entretuer. Nous devons voir plus loin que cette simple provocation. »
Le chef tourna lentement la tête vers le vieil homme, son regard brûlant d'une fureur à peine contenue.
— « Tu te mêles de ce qui ne te regarde pas, vieil homme. Elle est une traîtresse, et tu es sur le point de te faire embarquer dans sa folie. »
Le vieil homme secoua la tête, impassible.
— « Il n'y a pas de folie ici, seulement de la peur. Une peur que tu exploites pour maintenir ton pouvoir. Mais à un moment donné, même les plus désespérés trouvent un moyen de se libérer. Evelyn n'a rien à perdre, et c'est pour ça qu'elle a l'avantage. »
Le chef ricana, un rire sec, dénué de toute chaleur.
— « L'avantage ? » Il me fixa à nouveau, ses yeux rétrécissant en deux fentes malveillantes. « Tu n'as aucun avantage, Evelyn. Même avec cette arme pointée sur moi, tu sais que ça ne changera rien. Mes hommes te tueront avant même que tu n'aies le temps de respirer après avoir tiré. Et tu le sais. »
Il avait raison. Je le savais. Si je pressais la détente, je serais morte dans la seconde. Mais ce n'était pas ça l'essentiel. Le revolver n'était qu'un outil. Ce qui comptait vraiment, c'était la façon dont je jouais cette main.
Je fixai le chef, ma voix brisée mais résolue.
— « Je ne cherche pas à gagner ici. Mais je refuse de perdre selon tes règles. »
Il plissa les yeux, cherchant à lire quelque chose en moi, mais je ne lui laissai pas le temps de réagir. Je fis un pas en arrière, gardant l'arme levée. Mon regard passa rapidement sur les autres hommes dans la salle. Certains semblaient sur le point d'agir, les doigts prêts sur la gâchette, mais le vieil homme, sentant la tension monter, leva une main apaisante.
— « Ne faites rien d'irréfléchi », dit-il calmement. « Il y a une solution à tout ça, mais pas dans le sang. »
Le chef grogna, exaspéré par la patience du vieil homme. Il fit un signe à ses hommes, les ordonnant de baisser leurs armes d'un simple geste de la main.
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Sous les ombres
ActionDepuis ma plus tendre enfance, j'ai été façonnée par les ténèbres. Le jour où mon père m'a vendue à la mafia italienne de Boston a marqué le début d'une vie que je n'avais jamais souhaitée. J'ai grandi sous le poids des dettes de mon père, entraînée...