Chapitre 8

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Théodora

Je m'étais levée à quinze heures, sachant que ma garde commençait à dix-huit heures et durerait jusqu'à huit heures du matin. J'avais encore des comptes rendus de patients à terminer, en attente depuis une semaine, et je devais les finaliser absolument pour ce soir. Ma double vie récente me prenait un temps fou, que je n'arrivai pas à rattraper.

Spécialisée en psychiatrie, mes interventions aux urgences étaient rares. En général, je passais plus de temps en consultation, mais en cas de besoin, les urgences m'étaient réservées.

La soirée d'hier me hantait, repassant sans cesse dans mon esprit. Avec un peu de recul, ma colère s'était apaisée, surtout en réalisant que tout était enfin terminé. Il me restait cependant à récupérer l'argent, ce qui signifiait revoir les revoir.

En y repensant, je comprenais que rien de vraiment grave ne s'était passé grâce à l'arrivée d'Oscar. Mais cette peur... jamais auparavant je n'ai été tétanisée comme ça.

Je me dirige vers la cuisine pour me faire couler un café et me mettre au travail devant mon ordinateur. Mais en allant vers la pièce en question, mon corps s'arrête devant un miroir.

Je me regarde mais je n'arrive pas à penser à autre chose.

Je me déteste.

Voila ce que je me dis quand mon reflet apparaît dans celui ci.

Quel genre de personne peut faire ça ? Commettre l'illégal juste pour sois.

Ce n'est pas pour toi, c'est pour ta mère.

Je regarde, attentivement. Mes cheveux m'arrivent maintenant sous la poitrine, mes lèvres sont sèches, ma peau est terne et mes yeux sont... tristes. Je refoule mes pensées aussi profondément que possible parce que je dois penser aux autres.

Je m'installe à mon bureau avec mon café, mais rien n'y fait. Je n'arrive pas à me concentrer. Je rabats mes jambes sous mon menton, tandis que mes cheveux effleurent mes chevilles.

J'essaie de ne pas prendre de recule mais c'est comme si la soirée d'hier n'avait jamais existé. Comme si c'était un cauchemar, tellement que cela semble irréel. Ma vie était si tranquille avant.

Ma mère allait bien, j'étais psychiatre et je n'avais pas vu d'homme sur la route qui hante toute mes nuits. Je finis mon café d'une traite pour aller en direction de la douche, ça m'aidera peut-être à changer me changer les idées.

J'avais décidé de rappeler ma mère, il était neuf heures du matin chez elle, un moment parfait pour discuter. J'attendais impatiemment qu'elle décroche, mais les sonneries se succédaient sans réponse.

Les pires scénarios traversaient mon esprit, alimentant ma frustration. En tant que médecin, il me semblait inconcevable qu'elle ne me tienne pas informée. J'éteins mon portable avant de le jeter sur le canapé. Je le regarde, attendant un appel de sa part mais rien.

Et si...

Ta gueule.

Non, c'est impossible, quelqu'un m'aurait bien prévenu non ?

Qui ? Tu es seule.

Je n'ai toujours aucune nouvelle de ma mère, et cela ne lui ressemble pas du tout. Peut-être aurais-je dû lui dire que j'étais au courant ? Et s'il lui était arrivé quelque chose ?

Malheureusement, je viens d'arriver à l'hôpital et mon portable ne sera pas ma priorité cette nuit.

La nuit se passe comme d'habitude. Je fais le tour des chambres, apparais aux urgences, mais pas de consultations aujourd'hui, celles-ci ne commencent qu'à huit heures du matin. Je ne fais pas souvent des gardes de nuit, car le rythme est assez intense. Souvent, les patients qui arrivent aux urgences et qui ont besoin d'une consultation psychiatrique doivent attendre le lendemain, étant souvent victimes de blessures physiques avant tout. Ce soir, plusieurs admissions ont été faites : un jeune homme atteint d'anorexie qui a perdu connaissance, une patiente que j'avais déjà vu ici, elle est bipolaire et n'a pas prit ses traitements, et bien d'autres cas. À New York, le travail ne manque jamais à l'hôpital.

NémésisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant