Nous étions donc en guerre. A nouveau.
La nausée me montait. Je pensais à Jah qui venait d'intégrer la Légion des Guerriers. Etait-il au courant de ce qui l'attendait ?
— Une dernière chose Cliniah : En tant que Générale , vous aurez une chambre au sein de mon palais. Votre protection dépend du royaume désormais. Vos valets vous y conduirons.
Je hochais la tête pendant que les trois généraux se levaient.
— Tu sais qu'elle deviendra l'ennemie à abattre depuis ton annonce « spectaculaire ». Dit Azral, me dévisageant de la tête aux pieds. Je doute que des valets suffisent à sa protection.
Le gloussement de Scire était à peine perceptible lorsqu'il rejoignait la porte d'entrée.
— Je vous ferais part s'il y a contestataires au sein de ma Légion. Fit-il avait de disparaître.
— Et moi je sais déjà qu'il y en aura chez les Guerriers.
Il ne restait que Gabriel et Le Roi, contemplant toujours la basse cour de son vaste Royaume. Si moi-même j'étais en danger...
— Haelin et Morheil.. Dis-je d'une voix a peine perceptible avant de racler ma gorge. Mon frère et ma soeur, ne sont-ils pas en danger eux-mêmes ?
— Ne t'en fais pas pour eux, assura Gabriel. Tu pourras les retrouver au bal et discuter de tout ça. Vas, les valets t'attendent.
Je tournais la tête pour découvrir les membres du personnel de la cour. Deux hommes élégants et discrets vêtus du même uniforme rouge, d'un gilet du même ton en velours et d'une cravate nouée avec soin. Ils baissaient la tête et semblaient m'attendre au seuil de la porte.
Je m'avançais vers les deux valets et, sans un mot les suivait jusqu'à une porte -une de celles qui semblaient condamnés- mais qui révélait un gigantesque escalier.
A l'étage, une porte à double battants. L'un deux tendait la main pour me présenter une carte semblable à celle de Gabriel où étaient incrusté les initiales C.R.
— Cette clé donnes accès aux pièces du Palais, Sergente Cliniah.
Je tournais la tête vers le plus petit. Il avait une voix douce et réconfortante. Son regard n'allait pas plus haut que la pointe de ses pieds, et je pouvais à peine remarquer l'éclat de ses yeux bleu argenté.
— Nous déposerons votre tenue de cérémonie, dit-il avant de retrousser le nez. Et... l'eau de votre bain est entrain de couler, Sergente Cliniah.
Je soulevais un bras pour humer l'odeur qui s'en dégageait. Le veston de Mor était avait beau être sublime, mais sa matière n'était pas adéquate à toute la transpiration qui avait émanée de mon corps au long de la journée.
— Comment cela fonctionne t-il ?.
Les deux hommes s'échangeaient un regard complice devant mon air intrigué.
— Il vous suffit d'agiter la carte au niveau de la serrure, Sergente Cliniah. Répondit yeux d'argent.
J'agitais nerveusement la carte à quelques centimètres de la poignée, et les deux battants s'ouvrirent.
Ma chambre.
Décorée de tableaux aux paysages bucoliques et de vases en céramique remplis de boutons de fleurs sur le point d'éclore, elle était baignée de lumière par deux immenses fenêtres, teintant chaleureusement les murs pastels. Mon regard se posait au centre de la pièce : un spacieux lit recouvert de draps brodés et de coussins aux motifs floraux.
La porte derrière moi s'était refermée. J'étais désormais seule et ma première pensée était de retirer tout ce cuir qui collait à ma peau.
Un coin de lecture occupait l'angle près de la fenêtre. Un énorme fauteuil recouvert d'un plaid tressé de fils de laine écru, et une porte à l'angle opposé de cet espace.
Un nuage de buée envahit la pièce lorsque j'accédais à la salle de bain.
La pièce était entièrement faite de marbre blanc veinée de gris. Au centre, une baignoire sur pieds délicatement sculptée.
Un luxe aberrant. Notre vieux dortoir au couvent ne représentait qu'un tiers de cet espace. De tels écarts de conforts étaient déraisonnables à mon sens. Je me sentais indigne d'entrer dans ce bain, de dormir dans ces draps qui devaient coûter pas moins d'un mois de salaire chez les Artisans.
Mais j'avais grand besoin d'un bain.
Je me débarrassais de mes habits, peinant à défaire les maillages du corset et plongeait aussitôt dans l'eau chaude et mousseuse. Tous mes muscles se décontractaient à son contact. J'inspirais et expirais lentement, tentant de mettre de l'ordre dans tous les mots qui fusaient dans mon esprit.
La légion de l'air.
Moi, Générale.
Le Gaasyendietha.
Putain. Je devais m'enfuir avant d'être livrée à la mort.
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Cendres Etoilées
FantastikQuatre Légions : Les guerriers, les sages, les artisans et les rêveurs. Cette année, Cliniah doit se présenter à l'alignement pour intégrer l'une d'entre elles. Ce qu'elle ne sait pas, c'est que le Roi a prévu pour Cliniah un destin bien tracé. Entr...