Cendres Etoilées

Azral

Le Roi, drapé d'une longue cape noire arborait une stature imposante. 

Son visage pâle aux traits marqués était encadré par des cheveux d'ébène, raides et longs, tombant délicatement sur ses épaules imposantes.

Ses yeux noirs et perçants dégageaient une intensité glaciale.

—Je suis ravi de vous accueillir au sein de notre cour, en ce jour sacré. Dit-il en relevant son torse. Je sais que vous êtes ici pour une raison honorable : celle de servir à notre royaume.

Le silence de la salle était à la fois  solennel et pesant tandis que sa voix grave inspirait à la fois la crainte et l'admiration.

— Ce jour sera décisif pour vous, il permettra d'éclore en vous une nouvelle âme. Celle d'un Guerrier, fit-il en balayant du regard les premiers rangs, celle d'un Sage - poursuivit-il en plaçant ses bras sur son pupitre- ou celle d'un Artisan.

Il ne mentionnait pas les rêveurs. Cette omission répandit aussitôt des chuchotements interrogateurs au fond de la salle. En levant la main, il coupa court au bruit émergents.

— Cela mène à ma première déclaration officielle. Une décision a été récemment apporté par le comité au sein de la Cour. Dit-il en marquant un temps de pause. Celle de clôturer la Légion des Rêveurs.

Des cris étouffés parcoururent le fond de la salle. Johre relevait légèrement le coin de ses lèvres avant de reprendre un air sérieux.

— Il y a longtemps que cette Légion ne représente plus les valeurs de notre cours. Et c'est en tant que Roi que j'ai tranché en faveur de cette décision. Cette Légion représentait un risque, mais également un coût conséquent dans notre fortune commune. Nous ne pouvons plus accueillir et prendre en charge toutes les veuves et orphelins qu'ils laissent derrière eux.

Mes poings se serraient à ses derniers mots.

— Il y aura donc aujourd'hui trois Légions. Mes chers candidats. Chères candidates. Je vous souhaite un alignement digne de vous.

Dans les réactions partagées, on entendait à l'avant des applaudissement et sifflement d'encouragement. Au fond -chez nous- le calme absolu. Je tournais la tête vers Mor qui ne parut pas étonné de cette nouvelle. Ma soeur, elle, avait les yeux brillants de rage.

—Tu aurais pu m'en avertir. Dit elle les dents serrés à l'intention de Mor. 

— Et qu'est ce que ça aurait changé ? Cette décision était prise bien avant qu'il consulte les principaux concernés.

Les rêveurs représentaient une infime partie des quatre Légions, mais elle était sans nul doute la plus libre. Celle de mon père. Un morceau de moi-même n'existerait plus, même si je ne voulais pas en faire parti.

Certains se levaient des rangs pour quitter la salle. Le roi n'y prêtait pas attention et dirigea sa tête vers un côté sombre de l'estrade. D'un signe de main directif,  trois hommes le rejoignaient. Leurs pas étaient léger, assurés et coordonnés.

Mon regard fut attiré vers une silhouette élancée, arborant fièrement un uniforme noir orné de médailles.

Son visage révélait une cicatrice allant de sa tempe au coin de son oeil, dissimulée par une chevelure ondulée moins sombres que ceux du Roi. 

Il était d'une beauté profonde. En joignant ses mains derrière son dos, il bombait légèrement le torse lorsque le Roi le présentait.

—Azral. Général de la Légion des Guerriers depuis maintenant deux ans. Il est mon bras droit dans l'élaboration de nos tactiques de combat.