Laissant Jah finir son petit déjeuner, je regagnais la salle de bain et y croisais Haelin.
Ses cheveux mouillés paraissaient davantage longs. Elle arborait une tenue simple - une robe en laine verte qui tombait sur ses chevilles et couvrait ses fines épaules tout en formant un col carré. Cela dessinait parfaitement les traits fins de son corps. Son élégance aurait pu convertir l'étoffe la plus simpliste en un habit de bonne facture.
— T'as une petite demi heure devant toi avant que Mor ne se lève et ne finisse le pain que Murielle a concocté pour Jah.
Tandis qu'elle formait deux tresses lâches de ses cheveux d'or, elle se tournait vers moi, les yeux ronds.
— Elle tente encore de l'amadouer avec.. de la nourriture ? Pauvre fille ..
— Que veux-tu ? M'esclaffais-je. C'est si difficile de résister au charme de notre chère Jah !
Je savais qu'elle avait également un attrait pour lui, même s'il était plus jeune qu'elle. En fait, tout le monde en avait un. Mais Jah ne prêtait attention à aucune d'entre elles.
J'étais celle avec qui il passait le plus clair de son temps, à vrai dire, je lui forçais ma compagnie pour occuper le mien. Ses activités se réduisaient à la récolte des vendanges et au sport de combat. L'un comme l'autre me maintenaient en forme physiquement et me permettaient d'être suffisamment épuisée le soir pour parer mes insomnies.
Les joues d'Haelin rougissaient légèrement, et fuyait aussitôt mon regard. On ne se confiais jamais nos histoires et peines de coeur. Nous étions proche en tout sens, sauf envers ce sujet-là. Sans doute qu'elle craignait que je mette Mor dans la confidence.
Malgré son statut d'ainée, Haelin portait une particulière attention envers l'opinion de Mor. Il était l'unique figure masculine du reste de notre famille, et il s'attelait à tenir le rôle de grand frère, père par intermittence, et protecteur en toute circonstance lorsque cela relevait de l'usage de la force. Il inspirait un tel respect au sein du couvent que j'eu fait de Mor mon exemple.
— Je t'ai laissé mes produits de beauté. Dit-elle d'un sourire bienveillant. N'hésite pas si tu as besoin d'être coiffée.
Je la remerciais et filais aussitôt vers la salle de bain : il me fallait vivement une douche.
Une fois récurée, je contemplais mon reflet à travers le miroir embrumé.
Mes cheveux ne dépassaient pas le dessous de mes omoplates, ils ondulaient toujours légèrement sur la pointe. Et cette tâche de naissance qui avait fait pâlir grossièrement une mèche au devant de mon visage : elle était grisâtre et consumait une partie de mon sourcil et cil gauche.
Maman me répétait que j'avais été bénite par la main d'un ange, et qu'il y avait laissé sa trace afin que je puisse me rappeler à quel point j'étais « unique ». J'aimais davantage cette définition à celle d'une simple tâche de naissance.
Je frottais mon visage pâle dans l'espoir d'atténuer les quelques tâches de rousseur, qui brunissaient selon la luminosité. J'étais toujours curieuse de ma différence envers Haelin , elle qui avait des traits doux et purs, les miens paraissaient durs et nets. Elle avait tout de notre mère par sa chevelure dorée et ses yeux ambres, et j'avais tout de notre père par mes yeux d'un assemblage de verts.
Je n'étais plus à l'aise avec ce reflet. Il n'était que superflu, ne me donnait aucun avantage sur les champs et à l'entrainement avec Jah.
J'enfilais le peignoir que m'avait laissé Haelin puis m'orientais vers le placard. Je fixais les étoffes et bouts de tissus qui m'appartenaient : aucun ne conviendrait à la cérémonie - pensais-je.
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Cendres Etoilées
FantasiQuatre Légions : Les guerriers, les sages, les artisans et les rêveurs. Cette année, Cliniah doit se présenter à l'alignement pour intégrer l'une d'entre elles. Ce qu'elle ne sait pas, c'est que le Roi a prévu pour Cliniah un destin bien tracé. Entr...