Il y a deux façons de supporter la perte d'un être cher : soit tu combats ton chagrin, soit tu sombres avec. Ornélia a choisi la seconde option.
Repousser les limites, jouer avec le danger, se détruire psychologiquement.
Est-ce qu'une personne réu...
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Pour comprendre ce que ressent un animal enfermé dans une cage, il faut en devenir un soi-même. Depuis nos retrouvailles catastrophiques, c'est un massacre de souvenirs et d'émotions dans ma tête. Mes barreaux à moi sont invisibles et pourtant bien présents, car ils m'empêchent de faire ce que je désire tant. Agir comme je le souhaite m'est impossible sans la blesser davantage. Mais n'est-ce pas trop tard ? Plus j'y pense et plus je me maudis d'avoir pris la décision de revenir. Il aurait mieux fallu que je refoule mon irrésistible besoin de la revoir plutôt que de sacrifier à nouveau son bien-être ou plus précisément, sa santé mentale.
Avoir pu être témoin de la façon dont Ornélia s'autodétruit m'a ramené à mes décisions désastreuses. Si seulement j'avais pu avoir le choix de procéder autrement, je l'aurais fait volontiers et je l'aurais épargnée au passage. Oui, dans un monde idéal c'est ce qu'il se serait passé, mais nous ne sommes que dans la vie réelle et celle-ci est bien plus compliquée qu'on ne le soupçonne avant d'y être confronté avec tant de fracas. Comment suis-je censé réparer une personne anéantie par ma faute ? Je ne sais déjà pas comment parvenir à m'occuper de moi-même, alors comment le faire pour quelqu'un d'autre ?
J'en sais foutrement rien mais il faut que je trouve une solution parce que cette nana je l'ai dans la peau et je serai prêt à crever pour elle. Je le ressens au plus profond de mes tripes.
Mes pieds continuent de faire des pas inutiles en long, en large, en travers, dans cette banale chambre d'hôtel. Dans cette ville côtière où les décorations de fêtes ont envahi les villes. Je pourrais m'en réjouir si je n'étais pas autant préoccupé par l'état d'Ornélia. Noël est ma fête préférée, j'aime tellement tout ce qui englobe cette célébration autour des gens qu'on aime. Quelle ironie. Je n'ai plus personne alors cette année, le 24 et le 25 décembre seront des jours ordinaires pour moi. Ma mère me croit mort comme le reste de la population. Mon frère est en prison. Mon père est sous terre. La première femme que j'ai aimée, n'est plus de ce monde non plus et la deuxième dont je suis tombé amoureux ne veut plus rien avoir à faire avec moi.
Que me reste-t-il ? La liberté, oui, mais à quel prix ? Vaut-elle les sacrifices que j'ai dû faire ?
Je n'en suis plus si sûr.
Je ne sais même plus où est ma place parce que je risque autant la prison ici que dans mon pays, car si on apprend que je suis en vie, je rejoindrai le reste du clan Grazziani derrière les barreaux et ce, malgré que je n'ai jamais participé à aucun de leurs trafics dégueulasses. Que dis-je, la prison est la dernière de mes préoccupations, si on s'aperçoit du subterfuge que j'ai mis en place, c'est avec une balle dans la tête que je vais finir. Nul doute que des représailles sont à prévoir de la part de ceux que j'ai trahis, car même privés de liberté ils ont les contacts nécessaires pour faire le sale boulot. Sans compter sur les rivaux de ceux que j'ai longtemps considérés comme ma famille. Ils se feront un plaisir de rectifier le tir en m'ôtant réellement la vie.
