Il y a deux façons de supporter la perte d'un être cher : soit tu combats ton chagrin, soit tu sombres avec. Ornélia a choisi la seconde option.
Repousser les limites, jouer avec le danger, se détruire psychologiquement.
Est-ce qu'une personne réu...
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29 novembre 2024 - Boisset-les-roseaux
Les rythmes entraînants de la chanson de Miley Cyrus, Flowers, résonnent dans la voiture et se répandent à l'extérieur par le toit ouvert de la décapotable de Léandre. Même si j'ai conscience que je chante faux, je pousse la chansonnette en répétant chaque mot avec ferveur.
Je peux m'acheter des fleurs. Écrire mon nom dans le sable. Me parler pendant des heures. Dire des choses que tu ne comprends pas. Je peux aller danser avec moi-même. Et je peux tenir ma propre main. Ouais, je peux m'aimer mieux que toi.
À travers chacune des paroles, ce sont mes tripes que je déverse dans ce tube d'été qui peut s'écouter à n'importe quel moment et qui est le reflet exact de ce que je ressens. Je ne dois pas être très juste car mon taux d'alcoolémie dépasse depuis bien longtemps la limite raisonnable. Je joue avec le feu et j'adore ça. Cette chanteuse dit tout dans sa chanson. Nous n'avons besoin de personne pour s'aimer soi-même. Aucun homme. Aucune femme. Personne. Est-ce que je m'aime encore ? Non, pas envie de me prendre la tête avec des questions aussi futiles. L'important c'est de vivre l'instant présent. Mes cheveux au vent, le paysage qui défile à toute vitesse pour me dévoiler le jour qui commence à se lever sur Boisset-les-roseaux.
Je n'ai besoin de rien d'autre.
Encore moins de penser à après. Il n'y en a plus, de toute façon. J'ai tout perdu il y a plus de trois mois. Je pensais être capable de me relever comme après la perte d'Agathe mais il faut croire que même en ayant déjà traversé une épreuve, ce n'est pas une raison valable pour avoir la capacité de recommencer. Il n'est plus là. C'est comme si tout ce que ma tête s'amuse à me rejouer en boucle, n'avait jamais existé. Une illusion, voilà ce que c'était. Il n'était qu'un magicien qui m'a fait un sale tour. Il m'a tout donné avant de m'arracher la partie du cœur restante. Depuis, je refuse de ressentir le moindre truc négatif. J'éloigne à coup d'alcool, de déhanchements sur la piste de danse et de montée d'adrénaline, tous ces sentiments trop douloureux.
Je ne veux plus me le remémorer, je veux oublier jusqu'à son visage autant que je ne parviens plus à prononcer son prénom sans avoir envie de me foutre en l'air. Comment est-ce que je peux éprouver encore des sentiments pour un homme qui m'a détruite ? C'est incompréhensible. L'amour n'est pas une bénédiction, c'est un poison qui enserre chacun de tes organes jusqu'à ce que la souffrance soit trop pénible et que tu rendes ton dernier souffle.
Cette satanée vie est trop courte !
Des bribes difficiles de ma détention dans ce pays où je n'ai jamais voulu mettre les pieds s'insurgent dans mon esprit. Je hausse un peu plus le volume de la radio et tourne la tête vers Léandre, mon nouvel ami. On s'est rencontré peu de temps après tout ce chaos. Il est son parfait opposé, c'est sans doute pour ça que je me sens si proche de lui mais sans accorder ma confiance car je ne commettrai plus jamais cette erreur qui laisse un goût amer dans ma bouche, encore à ce jour. Léandre-Pierre, de son prénom complet, est un beau blond aux yeux verts. Ce que j'aime chez lui, c'est que rien n'est impossible. Il n'est jamais contre mes idées, il est inventif et ne semble jamais épuisé. Toujours partant pour faire la fête avec sa bande de potes qu'il m'a présenté. Ils m'ont fait découvrir ce qu'est la liberté et d'en jouir pleinement. Les limites sont faites pour être transgressées. Je veux en ressentir toujours plus car ça me fait me sentir vivante.
