À la vie à la mort

Pour toujours et à jamais

Reina brisa le silence par un rire tordu, un son aussi froid que tranchant. Malgré sa position affaiblie, elle n'avait pas perdu son arrogance.

- Regretter d'être né ? siffla-t-elle entre ses dents, du sang coulant toujours de ses lèvres.
Tu ne comprends vraiment rien, Braison. Vous tous, vous ne voyez pas la vérité. Je ne suis pas celle que vous devez haïr. C'est ce monde pourri, cette société, vos faux espoirs. Vous pensez vraiment que la mort de Keanu ou celle de ma mère me touche encore ?

Elle cracha du sang au sol, un sourire déformé illuminant son visage marqué de folie.

- Rien de tout ça n'a d'importance. Vous essayez de vous accrocher à une idée de justice, de vengeance. Mais tout ça n'est qu'une illusion. Vous êtes comme des enfants qui pleurent la perte de leurs jouets cassés.

Braison serra encore plus fort son col, son visage à quelques centimètres du sien, ses yeux brillants de rage.

- Ferme-la, grogna-t-il.
Tout ce que tu dis ne fait que confirmer à quel point tu es pourri jusqu'à l'os. T'as toujours tout voulu détruire, même ta propre famille. C'est fini pour toi, Jaden. Plus de mensonges, plus de manipulations.

Reina, cependant, ne se démontait pas. Elle continuait de le fixer avec ce regard provocateur, comme si elle avait encore un coup à jouer.

- Peut-être que je ne m'en sortirai pas aujourd'hui, murmura-t-elle, ses yeux brillants d'une lueur de démence. Mais vous non plus.

Reina se redressa légèrement, ses mouvements soudains attirant l'attention de Cole. Il fronça les sourcils, remarquant pour la première fois un léger scintillement sur sa veste. Une petite lumière rouge, clignotant doucement.

- C'est quoi ça ? murmura Cole, ses yeux se fixant sur le dispositif.

Il s'approcha prudemment, mais Reina éclata d'un rire rauque, son corps secoué par une euphorie démente. Elle profita de son approche puis d'un mouvement brusque, se menotte à lui

- Vous pensiez vraiment que j'allais simplement attendre que vous m'abattiez ? Vous êtes plus stupides que je ne le pensais.

Braison se retourna brusquement, son regard se durcissant à la vue de la scène. Un sentiment de panique s'empara de lui, alors qu'il comprenait peu à peu ce qu'elle avait en tête.

- Qu'est-ce que tu as fait ? S'écria Jordan, les yeux rivés sur la petite lumière rouge qui continuait de clignoter.

Reina éclata de rire, savourant chaque seconde de ce moment. Elle sortit un petit détonateur de la poche intérieure de sa veste, puis appuya dessus

- Vous n'avez jamais eu une chance contre moi, soupira-t-elle. J'ai toujours été deux coups en avance. Et maintenant... maintenant je vais tous vous emmener avec moi.

Le cœur de PJ se serra. Il savait qu'ils étaient tous en grand danger. Sans perdre une seconde, il cria à tout le monde de reculer.

- Sortez d'ici, maintenant ! hurla-t-il, sa voix résonnant dans l'air glacé.

Les autres membres du groupe, jusqu'alors dispersés dans les ruines, commencèrent à se déplacer, mais la panique les avait déjà gagnés. Braison se précipita vers Jordan, tentant de l'éloigner, mais elle, trop enragée par ce qui venait de se passer, restait figé sur place.

- Non, Jordan! Elle va nous faire sauter, il faut partir, maintenant ! cria Demertria en la tirant par le bras.

Mais Jordan, les yeux toujours fixés sur Cole, secoua la tête.

- Tu as gagné dit-t-elle à Reina.

Elle haussa les épaules avec une indifférence glaciale.

- Ce n'est pas une question de gagner ou perdre, répondit-elle, sa voix doucereuse.
C'est une question de fin. Une fin pour toi, pour tous ceux qui ont osé s'opposer à moi. Vous pensiez vraiment que vous alliez m'arrêter ? Je vous prends tous avec moi.

Tout sembla se passer au ralenti.

Le silence fut déchiré par un bip incessant, signe que la bombe s'activait. Cole, qui ne pensait plus à rien d'autre qu'à sauver Jordan, la  repoussa de toutes ses forces.

- Va t'en! hurla-t-il.

Tout se déroulait à une vitesse vertigineuse. Le bip incessant de la bombe résonnait, se rapprochant inévitablement de la fin. Cole, le regard désespéré, se tenait devant Jordan, la suppliant de fuir, mais elle refusait catégoriquement.

- Je ne peux pas te laisser, Cole ! cria-t-elle, ses mains serrées sur son bras comme si elle pouvait le retenir, le sauver d'une issue inévitable.

- Jordan, il n'y a plus de temps ! Tu dois partir ! Je t'en supplie ! lança-t-il, désespéré.

Elle secouait la tête, les larmes jaillissant de ses yeux, refusant de le quitter. Cole savait que la situation échappait à tout contrôle, et la terreur qui montait en lui se transformait en une force brute, un instinct de protection irrépressible.

Mais il plongea son regard dans le sien, la voix douce malgré la situation désespérée.

- Écoute-moi bien, Jordan. Tu n'es jamais seule. Jamais. Je suis avec toi, pour toujours. Mais maintenant, tu dois partir. Tu dois vivre... pour nous, pour toi... et pour notre enfant.
Pour toujours et à jamais, tu te souviens ?

Jordan hocha doucement la tête, les larmes brouillant sa vision.

- Pour toujours... et à jamais, murmura-t-elle.

Avec un dernier baiser sur son front, Cole la poussa doucement vers la porte, ses yeux emplis d'un amour infini, mais aussi d'une détermination sans faille.

Le détonateur dans les mains de Reina scintillait de manière sinistre, et son sourire déformé s'élargissait. Elle savourait chaque seconde de la terreur qui déferlait autour d'elle.

- Nicholson ! Prends-la ! Hurla Cole

Sans réfléchir, Braison fonça vers Jordan, attrapant sa sœur de toutes ses forces, la soulevant du sol tandis qu'elle se débattait avec une énergie frénétique.

- Non hurla Jordan, les yeux rivés sur Cole.
Non, Cole ! Je t'en supplie !

Cole savait que son sacrifice était inévitable. Son regard s'adoucit, une larme solitaire coulant sur son visage alors qu'il la regardait une dernière fois.

- Je t'aime... murmura-t-il, ses lèvres tremblant d'émotion.

Juste au moment où Braison atteignait le seuil de la porte avec Jordan, la bombe explosa.

L'explosion secoua tout le bâtiment dans un rugissement assourdissant, le souffle dévastateur projetant des débris et une vague de chaleur. Braison et Jordan furent propulsés à l'extérieur par l'onde de choc, roulant au sol dans une cascade de gravats et de poussière.

Le silence après l'explosion était presque aussi terrifiant que le bruit lui-même, laissant un vide béant dans l'air.

Le monde semblait suspendu après l'explosion. Le bâtiment, autrefois imposant, n'était plus qu'un amas de débris fumants. Le souffle de la détonation résonnait encore dans l'air, et la chaleur brûlante se dissipait lentement, laissant place à un silence oppressant