𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟹 : 𝙰𝚛𝚒𝚊

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Ma tête tourne. Un vertige poisseux m'englue, et j'ai l'impression d'être enroulée dans du coton. Je cligne des yeux, la vision floue, brouillée par des taches sombres qui me dansent devant. Puis, peu à peu, les contours d'une pièce se dessinent. Je me demande où je me trouve, car l'odeur qui imprègne l'air, un mélange de métal et de moisissure, me semble inquiétante.

Je tente de bouger, mais une sensation froide et rigide m'enveloppe les poignets. Je suis attachée. Une chaise, vieille et grinçante, appuie contre mon dos. Mon cœur s'emballe, tentant de compenser la lenteur de mon esprit qui se réveille.

Où suis-je ?

Face à moi, une vitre me renvoie mon propre reflet. Mes cheveux sont si ébouriffés qu'on ne distingue plus mes boucles, mes cernes sont d'un gris profond sous les yeux, et ce regard — un regard que je ne reconnais pas. Perdu. Faible. 

Putain, Aria, reprends-toi.

Mes yeux glissent de chaque côté de la pièce, et je les vois enfin. Deux silhouettes immobiles, drapées de noir, se tiennent à mes côtés. Des maîtres de l'ombre. Super. Exactement le genre de compagnie que j'aime avoir.

Un frisson parcourt mon échine, mais je ne leur offrirai pas la satisfaction de montrer la moindre peur. Pas question. Alors, je relève le menton, essaie d'ignorer le tremblement dans mes mains.

— J'espère que l'accueil est mieux que la déco...

Mon reflet dans la vitre esquisse un sourire en coin. Un grésillement brise mon petit numéro, déchirant l'atmosphère lourde et étouffante de la pièce. Mes muscles se tendent d'un coup. Je fixe le plafond, où de petits haut-parleurs sont dissimulés dans les angles, et mon cœur rate un battement lorsque j'entends une voix que je reconnaîtrais entre mille.

Éléna.

Je me redresse aussitôt, une lueur d'espoir effleurant mes pensées — jusqu'à ce que je capte le ton de sa voix. Quelque chose ne va pas. Je le sais, je le sens.

— Aria... murmure-t-elle, presque hésitante. Je t'en supplie, reste calme. C'est... important.

Rester calme ? Elle me prend pour qui ? Mes mains se crispent contre les liens qui m'entravent. Ma mâchoire se serre, et je fixe mon reflet dans la vitre en face, comme si, par je ne sais quel miracle, j'allais pouvoir percer ce foutu miroir.

— Tu es où ?

Un silence glacial suit, avant qu'elle reprenne. Chaque syllabe qu'elle prononce est une torture, une note qui résonne de plus en plus faux.

— Tu... Tu es la favorite du Passeur d'âmes désormais.

— Qu'est-ce que c'est cette connerie encore ?

— Être la favorite du Passeur d'âmes, ça signifie que tu as attiré son attention. Ce n'est pas un honneur, loin de là. C'est pour ça que je voulais que tu restes en retrait.

— Je ne comprend pas... 

— Il te considère comme un bien de luxe. Comme sa chose. Et il va te... préparer pour la prochaine vente. C'est ça que ça veut dire, d'être la « favorite ». Il choisit une personne, quelqu'un qu'il... brise, quelqu'un qu'il dépossède de tout ce qu'elle est, pour augmenter sa valeur aux yeux de ses clients.

Les mots « briser » et « déposséder » se plantent en moi. Le sarcasme et l'arrogance que j'avais en réserve s'effritent, remplacés par une vague glacée de compréhension.

— Il commence par te tester. Pour lui, c'est... un jeu. Il adore voir jusqu'où il peut aller avant que sa favorite ne... ne craque. Il se nourrit de la peur, de la douleur, de la résistance. Il aime briser ce qu'il considère précieux, pour rendre sa vente encore plus captivante. Mais, le pire, Aria... le pire, c'est que très peu de favorites survivent jusqu'à la fin.

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The Devil's Embrace (Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant