The Devil's Embrace (Réécriture)

𝙰𝚛𝚒𝚊 . 𝟸

Éléna soutient le regard du Passeur d'âmes, imperturbable. Je ne l'ai encore jamais vue tenir tête à qui que ce soit à ce point. Danser avec le danger, ce n'est pas son style. Aucun des deux ne laisse le dessus à l'autre. Ils se jaugent, se défient. Tout le monde semble aux aguets, attentif au moindre geste qui pourrait être fait.

Lui ne dit toujours rien. Je crois que c'est la pire menace.

Pourtant, à notre grande surprise, il fait volte-face et s'éloigne, se retournant pour faire face à ses acolytes. Je sens aussitôt la main tremblante, mais ferme d'Éléna entourer mon poignet, et me tirer vers elle.

— Quoi ? chuchotai-je.

— Ne lui parle plus. Ne le provoque plus.

— Mais...

— Je te demande juste de m'écouter et de la fermer pour une fois.

Elle hurle en silence, je ne lui connaissais pas ce talent. Incroyable.

— C'est loin d'être un jeu, alors crois-moi, évite au maximum d'attiser son intérêt pour toi. Arrête ton sarcasme et ravale ta fierté.

— Pourquoi ?

Elle serre davantage mon poignet.

— Parce que c'est soit ça, soit la mort. Je ne te laisserai pas choisir la seconde option. Ce n'est pas digne de toi.

Le mot « mort » me frappe plus que je ne l'aurais imaginé. Nier le fait de ne pas y avoir songé serait mentir, mais je n'ai jamais franchi le pas. Peut-être par peur ou manque de courage. Toutefois, ce mot mentionné par Éléna ne me plaît pas. En fait, je préférerais qu'elle soit plus transparente avec moi. Je déteste qu'elle me traite toujours comme une personne fragile.

Avant même que je ne puisse répondre à la blonde, une ombre se dresse face à nous, nous faisant tourner nos visages de manière synchronisée. Deux maîtres de l'ombre nous attrapent les poignets et enroulent un ruban autour. Le mien est rouge, celui d'Éléna bleu.

— Qu'est-ce que tu fous, espèce d'enfoiré ?! me défendais-je en essayant de me dégager de son emprise.

Les jours passés enfermés dans ma prison n'arrangent rien, car je suis encore plus faible que je ne le pensais. Puis, sans trop comprendre comment j'en suis arrivée là, je me retrouve bloquée par un autre colosse derrière moi. Mon corps se fige de lui-même, en alerte, mais trop tard.

Le Passeur d'âmes a pivoté vers nous, mais ce n'est pas son regard qui me saisit, c'est la sensation d'un tissu rugueux et humide se plaquant brutalement contre ma bouche et mon nez. J'étouffe un cri, et tente de me débattre, en vain.

L'odeur envahit rapidement mes narines, un mélange écœurant d'ammoniaque et de quelque chose de sucré, presque nauséeux. Ça pique, brûle à l'intérieur de mes poumons. Je m'efforce de me libérer et de respirer un air plus pur, sans succès. Je commence à ressentir de la fatigue et ma vision devient floue.

Je perçois les cris d'Éléna, mais ils sont lointains. Elle hurle mon nom, je crois. Je veux lui répondre, lui dire que je vais bien, que je me bats, mais mes forces m'abandonnent, l'engourdissement me gagne, et tout devient noir.