Jusqu'à ton dernier souffle [Gojo x Geto, TERMINEE, RELECTURE A VENIR]

🍋 Chapitre 12 🍋

PDV Suguru

Je l'observe en silence. Ses cheveux blancs contrastent avec l'obscurité de la pièce, sa silhouette, d'ordinaire si imposante, semble plus petite, presque vulnérable. Peut-être est-ce la première fois depuis longtemps que je le vois ainsi, sans cette armure de confiance et d'arrogance qu'il porte constamment. Le voir ici, dans mon appartement, prêt à tout remettre en question... ça me fait vaciller. Je veux croire que ce soir peut être une pause dans nos conflits, un moment où le poids du monde ne repose pas sur nos épaules, enfin sur les siennes. Mes pensées vagabondent. Est-ce que je suis égoïste de vouloir qu'il reste ? Oui, probablement. Mais après tout ce que nous avons traversé, je ne peux pas m'empêcher de me demander si un autre chemin aurait été possible. L'égoïsme me ronge à cet instant. Vouloir qu'il reste ici, dans cette parenthèse de tranquillité, c'est ignorer tout ce qui nous a éloignés, tout ce que j'ai fait. Je me dis que c'est cruel de ma part de lui demander implicitement d'oublier tout ce qu'il représente, tout ce qu'il défend. Et pourtant, cette pensée refuse de quitter mon esprit. Tout aurait pu être tellement plus simple s'il n'était pas Satoru Gojo, ou ne serait-ce que s'il partageait mon idéal. Mais je ne peux pas lui demander de tout abandonner juste pour moi, et puis s'il reste avec moi, mon idéal ne serait pas accompli par moi, et je passerai ma vie à me demander si c'est lui qui a tout fait à ma place. Je suis tellement égoïste, ça m'exaspère. Et si, dans un autre monde, j'avais choisi de le suivre au lieu de m'opposer à lui ? Non... J'aurai fini par être consumé par sa lumière. C'est ce qu'il se passait, c'est pour ça que je suis parti, je ne peux pas revenir en arrière, on ne revient jamais en arrière.

Il s'assied sur l'un des tabourets de la cuisine, posant ses coudes sur le comptoir. Je sens son regard peser sur moi. Je ne le vois pas mais je le sais, d'instinct. Je me suis tellement habitué à sa présence... Il attend quelque chose, une réponse, ou peut-être un signe. Mais qu'est-ce que je pourrais bien lui dire ? Que malgré tout, j'aurais voulu que les choses soient différentes ? Que j'aurais tout donné pour le suivre, pour choisir une autre voie ? Ce serait trop simple de le dire maintenant, et tellement lâche. Ce n'est pas à moi de prendre cette décision à sa place, mais je ne peux pas le laisser faire le mauvais choix. Non mais je me prends pour qui moi, c'est pas à moi de choisir alors tu la ferme Suguru et tu fais comme si tu étais normal.

- Est-ce que... Tu te rappelle du moment où tout à changé ? J'aurai peut-être dû demander autre chose.

- Ouais... Il y a toujours ce moment où on se demande si on aurait pu faire mieux, prendre une autre décision. Il soupire. Mais on sait tous les deux que c'est trop tard pour changer quoi que ce soit.

Ses mots sont un coup au cœur. Ils sont vrais, bien sûr. Nous avons fait nos choix. Il a choisi de rester du côté de la lumière, de porter ce fardeau que tout le monde lui a imposé, tandis que moi, j'ai décidé de tout détruire pour essayer de sauver ce que je croyais être juste. J'ai fais mon choix, lui semble hésiter. Je regarde l'endroit où il se tenait, la chaleur de sa présence se dissipe lentement. Le silence s'étend autour de moi comme une mer calme, mais je suis conscient des tempêtes qui couvent sous cette surface tranquille. Tout ce que je voulais, c'était un monde où je pouvais choisir, un monde où les gens n'étaient pas réduits à des pions dans un jeu cruel. J'ai cru qu'en écartant les obstacles, en découpant les racines de ce mal qui gangrène tout, je pourrais offrir à ceux que j'aime un monde meilleur. Qu'est-ce que j'ai fait de moi-même ? Je n'étais pas comme ça avant. J'étais un enfant naïf, emporté par ses rêves. À l'époque, je croyais en des choses simples : l'amitié, la loyauté, le bonheur. Et puis, j'ai rencontré Satoru. Avec lui, le monde semblait plus lumineux, plus prometteur. Mais à mesure que le temps passait, j'ai vu les fissures dans cette lumière. Peut-être même que c'est moi qui en est causé certaines. Je l'aime tellement, tellement que ça nous fait souffrir. Tellement que je préfère qu'il soit heureux sans moi et en sécurité plutôt qu'il regrette toute sa vie de m'avoir choisi.