3. soigné les bleus

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                                                                                     Diana 


C'est autour d'une table, dans un restaurant, que j'écoute les histoires de mes amis. Elles sont tellement folles que je ne serais pas surprise qu'un jour, elles m'appellent pour me dire qu'elles sont en prison.

— Aujourd'hui, j'ai failli me battre avec un raciste. Il criait sur une femme voilée, et sa femme à lui l'insultait aussi, raconte Leila en aspirant son verre d'une traite.

Leila Bakir est ma première amie. Elle faisait aussi du patinage artistique, mais elle a arrêté lorsque son père a fait fortune dans le secteur du parfum. Elle a dû déménager à Dubaï, mais elle est vite revenue ici avec sa grande sœur, car elles n'aimaient pas le climat là-bas. Elle étudie à l'université de York, et son rêve est de pouvoir vaincre le racisme qui rôde dans notre société. En parallèle, elle se spécialise dans l'art, et son appartement est rempli de ses tableaux. Elle m'a tellement aidée, surtout après mon accident. Sa beauté est à la hauteur de sa gentillesse et de sa générosité. Ce qui fait d'elle Leila, ce sont ses cheveux châtains et ses yeux noirs. Elle a un corps généreusement formé, et elle aime le mettre en valeur. Mais ce qui la caractérise vraiment, c'est son combat pour ses origines et sa religion. Elle a été traumatisée lorsque sa mère s'est fait agresser peu de temps après leur emménagement ici. Personne ne leur parlait. On se moquait de son père barbu, de sa mère voilée et surtout d'elle, qui n'arrivait pas encore à parler anglais correctement. Je me suis vite attachée à elle, et aujourd'hui, son combat est devenu le mien. Je me bats contre ceux qui la jugent négativement à cause de ses origines.

— On sait toutes qui sera en garde à vue pour violences... malheureusement, ce ne sera pas l'agresseur, mais la victime, continue-t-elle avec amertume.

Puis, il y a Anna. Anna est une fille réservée, mais une fois qu'on découvre qui elle est vraiment, c'est une explosion de bonheur. Leila l'a rencontrée à la fac, et depuis, nous sommes inséparables. Elle est venue étudier pour se perfectionner au piano. Elle a toujours voulu devenir pianiste, comme son grand-père l'était. Dans sa famille, tout le monde est musicien, et son enfance a été marquée par les tournées de son grand-père dans les plus beaux opéras et les concerts de musique classique. À côté de ça, c'est une rêveuse. Elle lit beaucoup et s'imagine portant les plus belles robes d'époque et trouvant son prince charmant. Anna est une femme aux cheveux courts et au style vintage. Elle est mignonne à sa façon. Sa force réside dans ses yeux, qui expriment une détermination à toute épreuve. Les moqueries des autres n'ont fait que renforcer cette force. Elle n'a pas honte de ses origines chinoises. Elle aime tout partager de sa vie, car elle trouve important de créer un lien avec la personne en face d'elle.

Ces deux personnes m'ont aidée à soigner mes blessures, même si la plaie reste grande ouverte dans mon âme. Elles ont toujours été là, malgré le fait que je sois très solitaire. Ma mère a brisé ma confiance en moi, m'obligeant à tout faire seule, jusqu'à ce que je n'arrive plus à respirer. C'est alors que mes amies sont intervenues.

Je souris face à leur débat sur comment s'occuper d'un raciste.

— Les filles, vous avez vu la nouvelle ?

Leila montre sur son téléphone un tweet récent.

— Le prince va venir pour un gala ici et ça concerne plutôt Diana, puisque c'est pour la patinoire.

— J'ai entendu parler de ce gala, apparemment c'est son cousin qui a organisé l'événement, mais il a un empêchement.

Anna se redresse.

— Attends, tu le savais et tu n'as rien dit ?!

— J'ai oublié, dis-je en souriant, gênée. Mais apparemment, la ville veut faire un tirage au sort des meilleurs patineurs pour participer à la compétition nationale.

The Red IceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant