Love Is A Drowning Art

CHAPITRE 10

Ferren et Leander

Leander

Je m'étais toujours considéré comme quelqu'un de détaché, quelqu'un qui se contentait de prendre ce qu'il voulait sans s'attarder sur les détails. Les relations, pour moi, n'avaient jamais été plus que des plaisirs éphémères, une distraction bienvenue dans la monotonie de l'existence. Mais Ferren... Ferren est différente. Il y a quelque chose en elle qui m'attire, qui me pousse à vouloir comprendre ce qu'elle cache sous cette façade de froideur. Je ne pensais pas tomber sur elle maintenant, encore moins coucher avec elle. Mais tout arrêter ruinerait mes plans. Ce n'est pas une simple inconnue.

Au début, notre relation n'était qu'un jeu. Elle me plaisait, c'était évident, mais je n'avais jamais envisagé d'aller plus loin que quelques nuits passées ensemble. Pourtant, plus je la vois, plus je me rends compte que quelque chose cloche. Surtout depuis que je sais qui elle est. Elle est là, mais en même temps, elle ne l'est pas. Quand elle me parle, c'est comme si elle me laissait entrevoir des morceaux de son âme tout en me tenant à distance. Cette distance me frustre. Elle semble toujours distraite, préoccupée par quelque chose que je ne comprends pas encore.

Ce qui m'intrigue encore plus, c'est qu'elle n'est pas comme les autres. Elle ne se laisse pas impressionner, ne cherche pas à me plaire à tout prix. Et, bizarrement, ça me plaît. Je ne m'attendais pas à ce que sa sœur, Darya, se pointe avec ses remarques cinglantes. Qui est-elle pour me parler de cette façon ? Mais ce qui m'a surpris, c'est que, plutôt que de m'énerver, cela a attisé ma curiosité. Ferren a quelque chose que je ne comprends pas, quelque chose qui semble la différencier de toutes les autres filles que j'ai connues. Elle n'est pas si simple.
La première nuit que j'ai passée avec elle, je n'y prêtais pas vraiment attention. Elle a parlé de ses problèmes, de sa famille, mais je n'écoutais qu'à moitié. À l'époque, tout ce qui m'intéressait, c'était elle, physiquement. Je pensais qu'elle finirait par se lasser de moi, ou moi d'elle, et que ce serait tout. Mais maintenant, après ce que Darya m'a dit, je me retrouve à repenser à cette nuit, à réexaminer ce qu'elle m'a confié.

Ferren semble savoir bien plus que sa sœur. Elle est connectée à quelque chose de plus profond, quelque chose que Darya semble chercher désespérément sans encore comprendre. Et cela m'intéresse, ça m'attire même. J'ai commencé à écouter Ferren plus attentivement. Chaque mot, chaque regard, chaque silence. Je commence à voir les motifs dans ce qu'elle ne dit pas, dans les omissions subtiles, dans les changements de sujet quand je m'approche trop près de la vérité.
Elle m'a parlé du médaillon, cet objet qu'elle tient tant à garder près d'elle. Je l'avais remarqué, bien sûr, mais je n'avais jamais demandé pourquoi il était si important pour elle. Jusqu'à ce qu'elle m'en parle elle-même. Le médaillon, selon elle, appartenait à son père, un homme dont elle parle rarement et toujours avec un certain respect mêlé de douleur. Il contient une gravure, un symbole qui semble insignifiant à première vue, mais qui pour Ferren, est porteur de sens.

"Le médaillon est un lien," m'a-t-elle dit une nuit, les yeux perdus dans le vide. "Un lien entre notre passé et ce que nous sommes maintenant. Mon père disait toujours qu'il était la clé pour comprendre ce qui est arrivé à notre famille, mais je n'ai jamais vraiment su ce que cela signifiait."

Je l'ai écoutée, réellement écoutée, pour la première fois. J'ai senti que ce n'était pas juste des mots, mais des morceaux de vérité qu'elle laissait échapper, peut-être inconsciemment. Ce médaillon, ce n'est pas juste un bijou pour elle, c'est bien plus. Il symbolise tout ce qui a été perdu, tout ce qu'elle essaie de comprendre et de récupérer. Et moi, je suis là, au milieu de tout ça, à essayer de décoder les signes.