L'oeuf du jugement dernier

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Le lendemain matin, Caleb se réveilla avec une sensation de malaise inexplicable. La chaleur de la veille avait disparu, remplacée par une tempête monstrueuse qui faisait rage dehors. Le vent hurlait contre les fenêtres, et la pluie battante frappait les murs de Poudlard comme un martèlement constant. Il jeta un regard rapide autour de lui. Hermione dormait encore, paisiblement blottie contre lui. Il la secoua doucement, essayant de la réveiller, mais elle ne réagit pas. Inquiet, il se leva précipitamment et se dirigea vers la sortie de la salle commune, espérant trouver une explication à ce qui se passait.

Quand il ouvrit la porte, le monde tel qu’il le connaissait avait disparu.

Devant lui, il n’y avait plus les couloirs familiers de Poudlard, mais un pont de corde qui s’étendait à l’infini au-dessus d’un océan écarlate. Une pluie battante tombait à torrents, et le vent s’engouffrait violemment dans les airs. Caleb resta figé sur le seuil, ses yeux écarquillés par la terreur. Au bout de ce pont, il distingua une silhouette familière : l’Ombre. Elle se tenait immobile, le bras tendu, lui faisant signe de la main, l'appelant.

Le cœur battant, Caleb s’avança lentement sur le pont. Le bois grinça sous ses pieds, et chaque pas semblait plus lourd que le précédent. En dessous de lui, les vagues de cet océan étrange s’agitaient, mais il réalisa bientôt avec horreur que ce n’étaient pas simplement des vagues d’eau. C’était un océan de sang, et des corps flottaient à sa surface, dérivant paresseusement au gré du courant. Caleb reconnut des visages familiers parmi eux : des élèves de Poudlard, des amis, des professeurs… tous gisaient là, sans vie.

Il continua d’avancer, le pont lui paraissant interminable. Le vent hurlait dans ses oreilles, et l’air était chargé d’une odeur métallique de fer. Chaque pas qu’il faisait l’éloignait un peu plus de la réalité, comme s’il marchait dans un cauchemar dont il ne pouvait s’échapper. Après ce qui lui sembla être une heure de marche interminable, il parvint enfin à l’extrémité du pont, où l’Ombre l’attendait.

L’Ombre ne prononça pas un mot, mais se tourna, lui faisant signe de la suivre. Caleb, bien que terrifié, n’eut pas d’autre choix que de la suivre. Ils marchèrent ensemble sur une vaste plaine déserte, où l’herbe semblait morte, dévorée par les éclairs qui zébraient le ciel orageux. Chaque coup de tonnerre résonnait comme un tambour de guerre, et les éclairs illuminaient brièvement des silhouettes fantomatiques dans le lointain.

Ils marchèrent pendant des heures, peut-être des jours, Caleb n’avait plus aucune notion du temps. Ses jambes étaient lourdes, ses pensées embrouillées, mais il continuait de suivre l’Ombre, poussé par une force qu’il ne comprenait pas. Finalement, ils arrivèrent au bord d’une falaise, et ce que Caleb vit au-delà le laissa pétrifié d’effroi.

La Naissance du Cauchemar

Devant lui s'étendait une plaine sans fin, comme si le monde tout entier avait été avalé par le néant. Mais ce n'était pas le paysage qui capturait son attention. C'était ce qui se trouvait au centre de cette plaine : un œuf gigantesque, plus grand que n'importe quel bâtiment, fait d'écailles vert foncé, sombres et luisantes comme la pierre. L'œuf semblait respirer, vivant d’une manière incompréhensible, et chaque mouvement de sa surface dégageait une énergie sinistre.

Caleb eut l’impression que son souffle se coupait, incapable de comprendre ce qu’il voyait. Et alors qu’il l’observait, des trompettes retentirent soudain dans le ciel, un bruit sourd et terrifiant, comme si le jugement dernier était en train de se dérouler sous ses yeux.

L’œuf commença à se fissurer.

De petites lignes apparurent à sa surface, se propageant rapidement comme des éclairs sur du verre brisé. Des éclairs véritables jaillirent du ciel, frappant l’œuf à intervalles réguliers, et une tornade de foudre se mit à tourbillonner autour de lui. Caleb regarda, horrifié, incapable de détourner les yeux alors que l’œuf commençait à s'ouvrir lentement.

Ce qu’il vit à l’intérieur défia toute raison.

Une forme colossale s’éleva de l’œuf, une créature serpentine de proportions inimaginables. Ses anneaux gigantesques formaient une spirale presque infinie qui s'enroulait autour d'elle-même, créant un symbole cauchemardesque de l’infini. Sa peau était parsemée de cratères béants, et dans chaque cratère, Caleb aperçut des crânes humains, figés dans des expressions de terreur éternelle.

Le monstre bougeait avec une fluidité morbide, ses anneaux massifs ondulant dans l’air comme une marée sans fin. À l’extrémité de son corps, un orifice béant s’ouvrait sur des ténèbres insondables, et des serpents, peut-être des têtes, émergeaient et disparaissaient dans l’ombre. Les yeux de Caleb se posèrent sur ces crânes, chacun figé dans une souffrance perpétuelle.

Le ciel au-dessus de lui semblait se plier sous le poids de cette abomination, et l’air se chargea d’une lourdeur oppressante. Caleb sentit son esprit vaciller au bord de la folie alors qu’il continuait de regarder ce monstre. Tout en lui criait de fuir, mais il était paralysé, incapable de détourner le regard.

Soudain, la créature tourna sa tête vers lui. Ses yeux, deux sphères blanches sans pupille, plongèrent dans les siens. Caleb sentit un éclair de terreur pure traverser son corps, et avant qu’il ne puisse réagir, un éclair rouge jaillit du ciel, frappant directement la créature.

Le Réveil

Caleb se réveilla en sursaut, le corps trempé de sueur. Il haletait, les battements de son cœur résonnant dans ses oreilles. Il se redressa d'un coup, réveillant Hermione qui sursauta à son tour, les yeux écarquillés de panique.

« Caleb ! Qu’est-ce qui se passe ?! »

Caleb, encore sous le choc de ce qu’il avait vu, essaya de reprendre son souffle. Ses mains tremblaient alors qu'il tentait de se rappeler ce qu'il venait de vivre. Il tourna son regard vers Hermione, ses yeux remplis de peur.

« J’ai vu… un œuf… un monstre… C’était… c’était trop réel… » murmura-t-il, la voix tremblante.

Hermione, bien qu’effrayée par la réaction de Caleb, tenta de le rassurer. « Ce n’était qu’un cauchemar, Caleb. Un horrible cauchemar. »

Mais au fond de lui, Caleb savait que ce n’était pas simplement un rêve.

Les Ombres de Serpentard Où les histoires vivent. Découvrez maintenant