Partie I - Chapitre 2

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Caleb se réveilla en se débattant. Ses membres semblaient immobilisés par un étrange tissu et il n'arrivait pas à s'en défaire. Il allait utiliser le couteau qu'il avait dans la main lorsqu'il se rendit compte qu'il n'était pas si entravé que cela. Lentement, il défit les pans du hamac dans lequel il avait dormi. Il lui fallut de longues minutes pour se souvenir des évènements de la veille. L'attaque du Tempête, sa nouvelle capture par des pirates et l'attitude du Capitaine qui n'avait pas l'air si cruel finalement.

Caleb descendit du hamac et observa attentivement son environnement. Par la fenêtre, il pouvait voir le soleil se refléter sur les vagues légères qui faisaient doucement rouler le bateau de droite à gauche, dans un mouvement régulier presque apaisant. La porte de la chambre était entrouverte, laissant apparaître un lit vide. Le Capitaine devait déjà être sur le pont, ce qui n'avait rien d'étonnant considérant l'heure avancée de la journée. Sur le bureau, la montagne de parchemin avait été poussée sur le côté pour laisser place à un petit plateau contenant une sorte de pain, du fromage et une pinte de rhum. Il n'y avait aucune indication, mais Caleb doutait que le Capitaine ait deviné qu'il savait lire. Il espéra fortement que le plateau était bien pour lui et s'installa sur le fauteuil, les genoux ramenés contre sa poitrine et le couteau à portée de main.

Durant son repas, Caleb laissa son regard s'attarder un peu plus sur la chambre. Cette fois-ci, le fauteuil était tourné dans le bon angle et il avait beaucoup plus de marge de manœuvre pour se tourner comme il le souhaitait. Le lit du Capitaine prenait quasiment toute la place disponible dans la petite pièce, ce qui donna à Caleb l'impression que l'on devait étouffer lorsque la porte était fermée. Le reste de l'espace était rempli par une armoire qui contenait probablement les vêtements et les armes du Capitaine. Caleb hésita. Il aurait pu fouiller l'armoire et voler une ou deux armes supplémentaires, histoire d'être sûr d'avoir de quoi se défendre, mais il préféra ne rien toucher. Il avait déjà pris assez de risques en dérobant le couteau la veille et il remerciait les Dieux que le Capitaine n'ai rien remarqué.

Lorsque Caleb eut fini de manger, il passa ses doigts sur les entailles profondes qui s'enfonçaient dans chacun de ses poignets. Il avait passé de l'eau dessus la veille et les avait nettoyées au mieux, mais il savait qu'il allait lui rester des cicatrices à vie, même si le futur lui était assez favorable pour qu'il ne sente plus la morsure des fers, ce dont il doutait fortement. Il allait se diriger vers la bassine d'eau pour tenter de nouveau de les faire disparaître lorsqu'il remarqua que des bandages et un drôle de petit pot avaient été déposés sur le bureau, non loin du plateau repas. Reconnaissant à l'odeur du baume le parfum d'herbes médicinales que sa mère utilisait souvent avant que... Bref, reconnaissant qu'il s'agissait d'une pommade cicatrisante, il s'en appliqua généreusement sur les poignets, les chevilles et le cou et les recouvrit de bandages pour laisser à la crème l'occasion de pénétrer son épiderme. L'onguent faisait un bien fou, apaisant la brûlure des entailles et rafraîchissant doucement sa peau maltraitée.

Une fois ses blessures pansées, Caleb coinça son couteau dans sa ceinture et se dirigea d'un pas décidé vers la porte. Il avait constaté, avec un immense soulagement, qu'il n'était pas entravé dans ce nouveau navire et ne pouvait s'empêcher d'espérer que cela signifiait qu'il était libre de ses mouvements. Lorsqu'il eut la confirmation, en tentant avec succès de l'ouvrir, que la porte donnant sur le pont n'était pas fermée, Caleb se précipita dehors. Cela faisait beaucoup trop longtemps qu'il n'avait pas eu l'occasion de respirer l'air frais du large au lieu de celui, vicié, d'une cabine.

Sur le pont, tout l'équipage était au travail, lavant le pont, tirant sur les cordages ou même épluchant une quantité impressionnante de patates. Personne ne sembla remarquer la présence de Caleb, encore un peu caché sous le pont du château arrière qui surplombait les quartiers du Capitaine. Il n'osait pas franchir les derniers pas qui le mèneraient enfin en pleine lumière, trop effrayé par les pirates qui s'activaient sur le pont et la perspective de tomber nez à nez avec le Capitaine. Lorsque l'un des hommes, sur le pont, le remarqua et fit signe à quelqu'un qui devait se trouver juste au-dessus de sa tête, Caleb paniqua. Il n'aurait jamais dû sortir. L'homme avait sûrement fait signe au Capitaine que le prisonnier était en train d'essayer de s'échapper de la cabine et Caleb était persuadé qu'il allait passer un sale quart d'heure. Il eut tout juste le temps d'amorcer un mouvement pour retourner d'où il était venu qu'il sentit qu'on lui attrapait le bras. Il se jeta à genoux, les bras devant le visage, se protégeant du coup qui ne manquerait certainement pas d'arriver. Sauf que rien n'arriva. La pression sur son bras disparut et il sentit que quelqu'un s'agenouillait à ses côtés.

[MxM] Le coeur du NeptuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant