Chapitre 58 : Un instant volé sous les étoiles

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La fête battait son plein. Les tambours résonnaient, les voix des villageois se mêlaient à la musique et aux rires, et le feu de joie projetait des ombres dansantes sur les visages illuminés par l'excitation. Astrid, épuisée par l'agitation et l'euphorie ambiante, se retira légèrement de la foule. Elle s'assit dans un coin plus calme, à l'ombre d'un grand chêne, observant le tumulte avec un mélange de fascination et de lassitude. Ses jambes lourdes témoignaient de la fatigue accumulée au cours de la journée.

Elle ferma les yeux un instant, profitant de la fraîcheur de la brise nocturne qui caressait son visage. La chaleur intense du feu de joie ne l'atteignait plus ici, et pour la première fois de la soirée, elle se sentait vraiment détendue. Le village avait été une surprise agréable, une parenthèse lumineuse dans leur voyage incertain, mais maintenant, elle avait besoin de s'accorder un moment de répit.

« Fatiguée ? » La voix familière la fit sursauter légèrement.

Elle ouvrit les yeux et vit Jhon qui se tenait devant elle, un sourire en coin. Il tenait deux verres remplis d'un liquide ambré, probablement une boisson locale. Il s'approcha et s'assit près d'elle, lui tendant l'un des verres.

« Je me suis dit que tu pourrais avoir besoin de ça, » dit-il en lui tendant le verre. « C'est du vin de miel. Très populaire pendant les fêtes. »

Astrid le regarda avec une lueur de défi dans les yeux avant de prendre le verre et de le porter à ses lèvres. Le goût sucré du miel mêlé à l'acidité du vin glissa sur sa langue, réchauffant agréablement sa gorge. Elle hocha la tête en signe d'approbation.

« Pas mal, » admit-elle en prenant une autre gorgée. « Ça me fait du bien. »

Jhon prit une longue gorgée de son propre verre avant de s'adosser au tronc de l'arbre, regardant la foule qui dansait autour du feu. « Tu avais l'air un peu ailleurs tout à l'heure. Ça va ? »

Astrid haussa les épaules, cherchant ses mots. « Oui, je suppose que c'est juste... fatiguant de se retrouver au milieu de tout ça après tout ce qu'on a traversé. »

Il acquiesça, son regard toujours fixé sur la scène devant eux. « Je comprends. Parfois, même les moments de joie peuvent être épuisants, surtout quand on porte autre chose sur ses épaules. »

Leurs regards se croisèrent, et pendant un instant, le bruit de la fête s'estompa autour d'eux. Il y avait une sorte de reconnaissance silencieuse dans les yeux de Jhon, une compréhension mutuelle qu'Astrid ne parvenait pas encore à définir.

« Et toi ? » demanda-t-elle, brisant le silence. « Pourquoi tu restes toujours à l'écart des autres ? »

Jhon sourit légèrement, un sourire teinté d'ironie. « Peut-être que je ne suis pas fait pour les grandes foules. J'aime les observer, mais de loin. Ça me donne une meilleure perspective. »

Astrid rit doucement. « Observer les autres, hein ? C'est ce que tu fais depuis le début, n'est-ce pas ? »

« Peut-être, » rétorqua-t-il avec une étincelle de malice dans les yeux. « Peut-être que j'ai trouvé quelqu'un d'intéressant à observer. »

Elle se sentit légèrement rougir face à son regard direct, mais ne détourna pas les yeux pour autant. « Tu sembles avoir un talent pour les phrases énigmatiques. »

Jhon éclata de rire, un son léger et franc qui contrastait avec son attitude souvent réservée. « C'est mon talent caché. »

Ils continuèrent à discuter, leurs échanges se faisant plus naturels, plus légers. Ils parlèrent du village, de leurs impressions sur la fête, des plats qu'ils avaient goûtés. Astrid se surprit à rire à plusieurs reprises, oubliant peu à peu sa fatigue et les pensées sombres qui l'avaient assaillie plus tôt. Jhon avait cette capacité à rendre les conversations simples mais captivantes, à transformer les moments ordinaires en instants précieux.

Après un moment, il se tourna vers elle, un sourire mystérieux aux lèvres. « Tu sais... » commença-t-il, « Je t'ai observée toute la soirée, et je pense que tu ne t'es pas encore vraiment laissée aller. »

Astrid haussa un sourcil. « Oh, vraiment ? Et qu'est-ce qui te fait dire ça ? »

Il se leva d'un bond, posant son verre vide à côté de lui, et tendit la main vers elle. « Parce que tu n'as pas encore dansé. »

Astrid leva les yeux vers lui, surprise par sa proposition soudaine. « Je t'ai dit que je n'étais pas vraiment d'humeur pour ça. »

« Peut-être que je peux changer ça, » répondit-il avec un sourire espiègle. « Viens, une danse ne te tuera pas. »

Elle hésita, cherchant une excuse pour refuser, mais quelque chose dans son regard, dans la façon dont il tendait la main, la poussa à accepter. Après tout, elle ne perdrait rien à se laisser aller, juste pour un instant. Avec un soupir exagéré, elle prit sa main et se leva.

« Très bien, mais si je me ridiculise, ce sera ta faute, » le prévint-elle en esquissant un sourire.

« Je prends le risque, » répondit-il en la guidant vers la foule.

Le rythme de la musique était vif, enjoué, et les villageois tournaient et virevoltaient autour du feu dans une danse effrénée. Astrid sentit son cœur battre plus fort alors qu'elle se retrouvait au centre de la place, entourée de ces corps en mouvement. Mais avant qu'elle ne puisse exprimer ses doutes, Jhon la tira doucement vers lui, l'entraînant dans le tourbillon de la danse.

Ils commencèrent à danser, d'abord lentement, puis suivant le rythme de la musique, leurs pas s'accordant de plus en plus. Jhon, contrairement à ce qu'elle avait imaginé, était un excellent danseur. Il la guidait avec aisance, ses mouvements fluides et naturels. Astrid, malgré ses réticences initiales, se surprit à rire, oubliant ses craintes et se laissant porter par l'énergie du moment.

« Tu vois ? » dit-il en riant. « Ce n'est pas si terrible. »

Astrid, essoufflée mais souriante, hocha la tête. « Peut-être que tu avais raison, juste cette fois. »

Leurs rires se mêlèrent aux sons de la fête, et pendant un moment, il n'y avait plus rien d'autre que la musique, les lanternes scintillantes, et ce sentiment d'abandon joyeux. Astrid se sentit légère, comme si toutes les tensions qui l'avaient habitée s'étaient dissipées.

La danse dura encore quelques instants, jusqu'à ce que la musique ralentisse et que les villageois commencent à se disperser pour profiter d'autres aspects de la fête. Jhon et Astrid, essoufflés mais heureux, se dirigèrent de nouveau vers leur petit coin sous l'arbre. Ils s'assirent côte à côte, reprenant leur souffle, leurs regards toujours complices.

« Tu es pleine de surprises, » murmura Jhon en la regardant avec une lueur d'admiration.

Astrid, encore légèrement rouge d'effort, se contenta de sourire. « Toi aussi. »

La nuit avançait, mais sous les étoiles, dans ce coin reculé du village en fête, ils semblaient avoir trouvé un moment hors du temps. Un instant volé à la réalité, où tout semblait plus simple, plus léger. Et pour la première fois depuis longtemps, Astrid se sentit réellement à sa place.

Les Échos de RinevailaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant