Les Échos de Rinevaila

Chapitre 63 : Le premier obstacle

Le soleil s'élevait doucement dans le ciel, baignant la forêt d'une lumière dorée filtrée par le feuillage épais. Les chants d'oiseaux et le bruissement des feuilles accompagnaient les trois jeunes femmes alors qu'elles marchaient sur le sentier, laissant derrière elles le village et les souvenirs de ces derniers jours. Leur aventure reprenait, et elles se dirigeaient avec confiance vers leur prochaine destination.

Astrid marchait en tête, silencieuse, concentrée sur les environs. Derrière elle, Elara et Mira discutaient tranquillement, la forêt dense les enveloppant d'une atmosphère mystérieuse.

« Cette forêt est différente de tout ce qu'on a traversé jusqu'ici, » fit remarquer Mira, ses yeux parcourant les immenses arbres qui se dressaient autour d'elles.

Elara hocha la tête, l'air pensif. « Oui, elle semble ancienne, comme si elle cachait des secrets. »

Astrid entendait leurs paroles, mais elle restait sur ses gardes, les sens en éveil. Le sentier devenait de plus en plus étroit, les arbres se resserraient, et une sensation d'oppression s'installait, bien que tout autour paraisse paisible.

Après plusieurs heures de marche, le chemin devint encore plus difficile à suivre, les branches se mêlant pour former une sorte de voûte naturelle qui assombrissait leur route. Leurs pas résonnaient à peine sur la terre meuble, et l'air était devenu plus lourd.

« On dirait qu'on approche de quelque chose... » murmura Astrid, sans savoir exactement pourquoi elle ressentait cela.

À peine avait-elle terminé sa phrase qu'un bruit sourd retentit. Un craquement violent, suivi d'un grondement lointain. Avant même qu'elles ne puissent comprendre ce qui se passait, un énorme tronc d'arbre, en équilibre précaire sur une pente, se mit à rouler droit vers elles.

« Attention ! » cria Elara en bondissant de côté.

Astrid tenta de faire de même, mais trop tard. Le tronc percuta son épaule avec une violence inouïe, la projetant contre un arbre voisin. Un cri de douleur échappa de ses lèvres tandis qu'une sensation de brûlure se propageait dans son bras gauche.

Mira, qui avait évité de justesse l'impact, accourut aussitôt vers elle. « Astrid ! Est-ce que ça va ? » demanda-t-elle, la voix pleine d'inquiétude.

Astrid, encore sous le choc, tenta de se relever, mais la douleur dans son épaule la paralysait. « Mon épaule... » souffla-t-elle en grimaçant. « Ça fait mal... »

Elara se précipita à son tour, s'agenouillant auprès d'Astrid. Elle écarta délicatement le tissu couvrant son épaule pour examiner la blessure. Une grosse ecchymose commençait déjà à se former, signe d'un impact sévère. « Je pense que c'est une luxation... ou peut-être pire, » dit-elle d'une voix grave.

Astrid serra les dents. La douleur était intense, mais elle savait qu'elles ne pouvaient pas se permettre de rester là trop longtemps. « Il faut qu'on continue... »

Mira secoua la tête. « Tu ne bouges pas d'ici tant qu'on ne s'est pas occupé de toi. »

Elara acquiesça. « Mira a raison. On doit te soigner d'abord. »

Avec précaution, elles aidèrent Astrid à se remettre sur ses pieds, chaque mouvement provoquant une vague de douleur dans son épaule. Les trois jeunes femmes avancèrent lentement, Mira prenant la tête pour chercher un endroit sûr où s'arrêter.

Elles trouvèrent finalement une petite clairière, à l'abri derrière un amas de rochers, suffisamment éloignée du sentier pour qu'elles puissent s'y installer en toute sécurité. C'était un lieu calme, protégé par la densité des arbres qui les entouraient.

« Reposons-nous ici, » dit Mira en inspectant les alentours. « On a besoin de soigner Astrid correctement. »

Elles aidèrent Astrid à s'asseoir contre un arbre, puis Elara se mit à la tâche. « Il va falloir remettre l'épaule en place, » expliqua-t-elle en regardant son amie. « Ça va faire mal, mais c'est nécessaire. »

Astrid hocha la tête, sachant ce qui l'attendait. « Fais-le. »

Elara saisit le bras d'Astrid avec précaution, puis d'un geste rapide et précis, elle réaligna l'épaule disloquée. Astrid étouffa un cri de douleur, sa respiration haletante, mais la tension dans son épaule se relâcha presque aussitôt.

« C'est fait, » dit Elara d'une voix rassurante. « Mais tu dois te reposer. »

Mira, qui était restée silencieuse pendant l'intervention, soupira de soulagement. « On reste ici jusqu'à ce que tu sois en état de marcher. Pas question de repartir avant. »

Astrid hocha la tête avec reconnaissance, même si une partie d'elle souhaitait déjà reprendre la route. Mais elle savait qu'elles devaient être prudentes. La douleur dans son épaule s'atténuait peu à peu, mais elle restait lancinante, et chaque mouvement rappelait la gravité de la blessure.

Alors que le feu de camp crépitait doucement, les trois jeunes femmes s'accordèrent un moment de répit. La forêt était toujours aussi dense, mais la clairière leur offrait un semblant de refuge. Mira veillait au feu, tandis qu'Elara préparait une infusion d'herbes pour apaiser la douleur d'Astrid.

« On a eu de la chance, » murmura Elara, les yeux posés sur le feu. « Ça aurait pu être bien pire. »

« C'est sûr, » répondit Mira, jetant un regard vers Astrid. « On ne peut pas prendre de risques inutiles. Si cette forêt est remplie d'embûches comme celle-là, il va falloir être encore plus prudentes. »

Astrid acquiesça, mais une part d'elle ne pouvait s'empêcher de penser au chemin qui restait à parcourir. Leur mission n'était pas terminée, et ce n'était que le début des épreuves. Cette blessure était un rappel brutal de la réalité du voyage.

« Nous devons continuer, » murmura-t-elle finalement. « Je vais me remettre, mais on ne peut pas perdre de temps ici trop longtemps. »

Elara posa une main rassurante sur son bras valide. « On partira quand tu seras prête. Pas avant. »

Les heures passèrent lentement, la lumière du jour diminuant peu à peu à mesure que le crépuscule s'installait. Astrid se sentait épuisée, mais elle savait que son corps avait besoin de repos pour récupérer. Malgré la douleur, une lueur de détermination brillait dans ses yeux. Elle n'allait pas laisser cette blessure les ralentir.

Finalement, alors que la nuit tombait, elles décidèrent de s'arrêter pour la nuit dans la clairière. Mira monta une petite tente de fortune avec ce qu'elles avaient sous la main, tandis qu'Elara veillait sur Astrid, s'assurant que son épaule ne s'aggrave pas.

Le silence de la forêt semblait pesant, mais les trois jeunes femmes savaient que cet obstacle n'était que le premier d'une longue série.