Chapitre 22 : Les Chuchotements de l'Ombre

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La nuit était tombée sur le camp, apportant avec elle une tranquillité trompeuse. Le feu crépitait doucement au centre du campement, projetant des ombres dansantes sur les visages fatigués des compagnons d'Astrid et Eirik. L'air était rempli de l'odeur de la terre humide et des feuilles en décomposition, une odeur familière qui évoquait à la fois le réconfort et le danger.

Astrid, assise près du feu, observait les flammes avec une intensité silencieuse. Son esprit était troublé par les révélations récentes et par la distance grandissante entre elle et son frère. Elle savait que leur quête pour la Flamme Éternelle les poussait vers des chemins obscurs, mais elle ne pouvait s'empêcher de se demander si la route qu'ils empruntaient était vraiment la bonne.

De l'autre côté du feu, Eirik affûtait son épée, ses mouvements précis et mécaniques. Il avait toujours trouvé une certaine paix dans le rituel de l'entretien de son arme, mais ce soir, même cela ne parvenait pas à apaiser l'agitation en lui. Les secrets de sa sœur pesaient lourd sur son cœur, et malgré ses efforts pour comprendre ses motivations, une partie de lui se sentait toujours trahie.

Alors qu'ils se préparaient à se reposer, une présence familière émergea de l'ombre. C'était Kael, l'elfe taciturne du groupe. Son visage était à moitié caché par ses cheveux d'un blanc éclatant, et ses yeux bleu glacier brillaient d'une lumière mystérieuse. "Je peux prendre le premier tour de garde," proposa-t-il de sa voix douce et sereine.

Astrid hocha la tête avec gratitude. "Merci, Kael. Tes yeux perçants sont une bénédiction pour nous."

Tandis que le camp s'assoupissait, Kael se posta à l'écart, ses sens en alerte. Mais il n'était pas le seul éveillé. À quelques pas de là, Lyra, la guérisseuse du groupe, écoutait les bruissements de la forêt. Ses cheveux châtains encadraient un visage marqué par la fatigue et la détermination. Elle savait que cette nuit était cruciale, que les choix faits dans les jours à venir pourraient changer leur destin.

Soudain, un bruissement inhabituel alerta Kael. Il fit un signe à Lyra, et tous deux s'approchèrent silencieusement de la source du bruit. À la lisière du camp, ils découvrirent un petit groupe de créatures dissimulées parmi les arbres. Des gobelins, malicieux et imprévisibles, observaient le camp avec un intérêt malsain.

"Restez ici," chuchota Kael à Lyra avant de se glisser dans l'obscurité.

Kael avançait avec l'agilité d'un félin, évitant les branches et les feuilles mortes. Alors qu'il se rapprochait des gobelins, il perçut des fragments de leur conversation dans leur langue gutturale. Ils discutaient de l'intrusion de leurs "invités" sur leur territoire et débattaient de l'opportunité de les attaquer.

Pendant ce temps, Lyra retourna au camp pour prévenir Eirik et Astrid. "Nous avons de la compagnie," murmura-t-elle en secouant doucement Eirik. Il se leva immédiatement, l'épée à la main, tandis qu'Astrid rassemblait ses pensées pour préparer un sort de protection.

"Combien sont-ils ?" demanda Eirik, prêt à défendre leur camp.

"Je dirais une dizaine," répondit Lyra. "Mais ils ne semblent pas encore décidés à attaquer."

Astrid se leva à son tour, ajustant sa cape autour de ses épaules. "Si nous devons nous battre, faisons-le intelligemment. Utilisons l'obscurité à notre avantage."

Kael revint alors parmi eux, son visage grave. "Ils semblent plus curieux qu'hostiles, mais nous devons rester sur nos gardes."

Eirik jeta un regard vers les arbres sombres. "Nous pourrions peut-être négocier avec eux," suggéra-t-il. "Ils ne savent pas que nous ne sommes pas là pour leur nuire."

Astrid acquiesça. "Essayons de communiquer. S'ils ne répondent pas favorablement, nous agirons."

Avec précaution, le groupe s'approcha de la lisière du camp, les armes prêtes mais non menaçantes. Astrid s'avança, les mains ouvertes en signe de paix. "Nous ne sommes pas ici pour vous causer du tort," dit-elle d'une voix claire. "Nous ne faisons que passer."

Les gobelins, surpris de se faire découvrir, échangèrent des regards nerveux. L'un d'eux, probablement leur chef, s'avança. Il était plus grand que les autres, avec une cicatrice traversant son visage vert pâle. "Pourquoi devrions-nous vous faire confiance ?" grogna-t-il.

Astrid garda son calme, consciente que chaque mot était crucial. "Nous n'avons rien volé ni détruit sur votre territoire. En échange de votre bienveillance, nous pourrions vous offrir notre aide."

Les yeux du chef gobelin s'étrécirent, et il échangea quelques mots avec ses camarades. "Aider comment ?" demanda-t-il, intrigué malgré lui.

"Nous sommes en quête de la Flamme Éternelle," répondit Eirik. "Mais nous avons aussi des compétences. Peut-être pourrions-nous vous assister d'une manière ou d'une autre."

Un silence tendu s'installa alors que les gobelins discutaient entre eux. Finalement, le chef hocha la tête. "Peut-être. Mais ne croyez pas que nous vous laisserons partir si facilement."

Astrid inclina la tête. "C'est un début. Faisons cela de manière pacifique."

Alors que le groupe retournait au camp pour continuer les négociations, une étrange camaraderie naquit entre les aventuriers et les gobelins. Les discussions se poursuivirent jusqu'au matin, établissant une fragile trêve entre deux mondes souvent en guerre.

Au lever du jour, les gobelins étaient partis, laissant derrière eux une promesse non dite de coopération future. Les aventuriers, quant à eux, savaient que leur chemin était encore long, mais cette nuit-là avait prouvé que l'unité et la compréhension pouvaient triompher là où la force échouait.

Astrid et Eirik, même en désaccord, sentirent le poids de leurs responsabilités partagées. Ils comprenaient que leur quête était plus complexe qu'il n'y paraissait, et que chaque rencontre leur offrait une nouvelle leçon sur la vie et la survie.

Les Échos de RinevailaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant