-Mlle,vous ne voulez toujours rien? s'enquit une voix douce au dessus de moi
Je levai la tête et je vis une serveuse vêtue de noir et blanc un petit carnet à la main. Je fronçai les sourcils. Où étais-je? Pourquoi cette dame me regardait ?Et qu'avait-elle dit déjà?
Je passai ma langue sur mes lèvres sèches et je lui lançai en repoussant les mèches de cheveux qui me tombaient sur les yeux:
-Pardon?
-Vous m'avez dit de repasser il y'a une heure, désirez-vous quelque chose maintenant ?
Une heure?Je me redresssai subitement. Je regardai l'heure dans mon téléphone. Il était deux heures de l'après-midi. Ce n'était pas possible. Comment j'ai fait pour atterir ici?J'avais un devoir de sociologie à faire! Je me levai brusquement et je souris gentiment à la serveuse en lui donnant un billet de cinq dollars.
-Je m'excuse mais je dois partir,lui dis-je
Elle me sourit,compatissante et acquiesça :
-Oui,Mlle. Bonne journée.
Je ne pris pas la peine de la remercier. Je serrai mon sac contre moi et je me dirigeai vers l'entrée du restaurant. J'étais déjà venue ici. Un sentiment de familiarité m'envahit et quand je poussai la lourde porte pour sortir,je me souvins. C'était le restaurant Madison et Kévin m'emmenait dîner ici. Kévin ! Seigneur!
Je l'avais laissé en plan après qu'il m'ait avoué qu'il m'aimait. J'avais fui en courant alors que je ressentais exactement la même chose pour lui.
J'avais dû venir ici en transport commun ,je ne voyais pas d'autre explication parce que je ne me souviens plus avoir adressé la parole à Kévin après ce qu'il m'avait dit. Je marchai jusqu'à l'arrêt de l'autobus le plus proche. Je fermai les pans de mon manteau,j'avais froid soudainement.
Mes pensées se tournèrent vers Kévin. Je réalisai en ce moment que je n'avais pas bien réagi face à sa déclaration.
On a tous eu nos peines d'amour ,mais ça ne nous donnait pas le droit d'empêcher à quelqu'un de nous aimer ou même démentir ce qu'il dit ressentir pour nous. Mais c'est ce que j'avais fait à Kévin,je le blâmais pour mes mauvaises expériences passées et ce n'était pas juste...ce n'était pas mature de ma part. Une soudaine tristesse m'envahit. Quand j'arrivai à l'arrêt du bus,j'allai m'asseoir sur le banc ,la mort dans l'âme. La sonnerie de mon téléphone me parvint comme dans un brouillard. Je me dépêchai de répondre en espérant que ce soit Kevin,mais c'était le numéro de ma mère qui s'affichait. Avec un soupir ,je répondis.
-Allô maman,je rentre bientôt.
-Oh Dieu soit loué ! Diane,tu vas bien???
La voix de ma mère était stridente à mes oreilles. Aucun doute,elle faisait une crise de panique mais pourquoi?
-Oui maman,je vais bien mais pourquoi tu cries comme ça?
-Mais t'étais pas avec Kévin ?
-Oui mais je l'ai laissé il y'a environ trois heures. Pourquoi?Qu'est-ce qui se passe ?
-Oh Diane ,ma chérie, sa mère vient de m'appeler. Kévin a eu un accident de voiture sur l'autoroute en rentrant chez lui. Il est à l'hôpital et ...il est dans un état critique. Les...
Je n'entendais plus ma mère. J'avais arrêté de respirer au mot accident . Non,pas Kévin,pas lui. Il était un conducteur prudent. Il aurait eu l'intelligence de prévenir cet accident. Non ma mère devait se tromper.
-Diane!Diane ! tu m'entends?
-Oui maman, et tu fais erreur,j'étais avec Kévin il y'a quelques heures,il n'a pas pu avoir un accident. C'est impossible. C'est Kévin,voyons,il est toujours prudent...et...
-Seigneur!Tu es en état de choc!Où es-tu?Ne bouge pas,je viens te chercher. Tu m'entends, Diane?Tu ne bouges pas.
-Maman,ça va bien,il n'y a pas de quoi faire un drame. J'étais avec lui il y'a quelques heures,il n'a...
J'eclatai alors en sanglots. J'entendis ma mère dire quelque chose mais je ne compris pas. Mon téléphone glissa entre mes doigts et je pris ma tête dans mes mains. Mon cerveau m'envoyait qu'un seul message : Ce n'était pas possible ! Ce ne pouvait pas être lui!
Mon corps fut secoué de spasmes.J'oubliai où j'étais et laissai échapper un long cri. Ça faisait mal à l'intérieur, à l'extérieur, partout,partout.J'avais la sensation que j'allais exploser.
Je n'aurais pas dû le quitter, j'aurais pas dû réagir comme je l'avais fait. J'aurais dû rester avec lui,et pas faire l'enfant. On serait encore au parc ou chacun chez soi. Mais il était à l'hôpital et ma mère avait dit en plus,dans un état critique. J'étudiais pour devenir infirmière ,fait que je savais ce qu' état critique voulait dire. Il avait une chance sur deux pour vivre. Cette pensée me fit pleurer encore plus.Je devais le voir,je ne pouvais pas garder mes mots pour moi. Il devrait savoir que moi aussi,je l'aimais. Il devrait savoir qu'il comptait beaucoup pour moi. Le seul qui me voyait réellement sans me juger.J'essuyai mes larmes avce fureur et je ramassai mon téléphone qui était tombé au sol.
Je composai le numéro de ma mère les yeux brouillés par mes larmes. Elle me répondit à la seconde sonnerie.
-Diane,ça va?T'es où ?
-Sur la rue Sherbrooke. Je veux le voir,maman.
-D'accord, d'accord. J'arrive.
-Tu m'as dit qu'il était dans un état critique,c'est ça?
Ma mère ne me répondit pas tout de suite. Sûrement, elle cherchait les mots pour que cela fasse moins mal. Elle avait su que j'aimais Kévin bien avant moi-même. Et elle aussi,elle l'appreciait.
-Je veux savoir,maman,insistai-je
-Il ne va pas bien, Diane.
-Ça veut dire quoi au juste?
-Qu'il n'est pas en forme.J'arrive,ma chérie. Ne bouge pas.
Elle raccrochai sur ce. C'était plus grave que ce qu'elle voulait bien me dire mais j'allais le savoir bientôt.
Environ une heure plus tard, ma mère et moi, nous arrivâmes à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont.
J'étais venue à l'hôpital plusieurs fois dans ma vie mais jamais pour voir quelqu'un qui était sur le point de...Non je me refusais à dire ce mot. Tout n'était pas perdu. J'espérais encore que ma mère ait exagéré en disant que Kévin était dans un sale état.
Mais quand je vis Magalie Perrault dans les bras de son mari,en pleurs, je sus que ce n'était pas le cas. Ma mère alla aussitôt trouver son amie. Elles se jetèrent l'une dans les bras de l'autre en pleurant. Je saluai le père de Kévin qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau et je me dirigeai ensuite vers sa mère. Elle avait le visage baigné de larmes et je me remis à pleurer moi aussi. Elle me prit dans ses bras et me serra tendrement.
-Je ne... comprends... pas,j'étais ...avec lui ...avant. Il n'aurait jamais eu cet accident. Pas le Kévin ...que je connais. Nooooooooon,pas luiiiiiiiii!
Je sanglotai de plus belle.
Quand je me calmai enfin,je pus regarder Magalie dans les yeux et lui demandai:
-Je peux le voir?
-On a pas encore droit à des visites. On est entrain de l'opérer.
-L'opérer ?
-Oui,le choc à été rude. D'après ce que m'ont dit les policiers,Kévin a quitté l'autoroute sous la secousse de l'autre voiture.
Je portai mes mains à mes lèvres sous le coup de l'étonnement. J'avais encore envie de pleurer...
Magalie renifla et continua:
-Il...il a eu les jambes coincées dans la voiture,et...non j'en peux plus.
Elle s'effondra dans un siège et se cacha le visage.Moi, j'étais comme inerte,je ne pouvais pas bouger. Ce fut ma mère qui m'attira vers les sièges et je m'assis, les yeux dans le vide.
C'était l'horreur ! Ceci dépassait tout ce que j'aurais pu imaginer.
Je ne sus combien de temps,je restai assise de même mais je sortis de ma torpeur quand j'entendis une voix qui ressemblait énormément à celle de Kévin. Je levai la tête et je vis Jared,le petit frère de Kévin.
Il parlait d'une voix tendue à son père. Lui aussi ressemblait à Kévin. Il était plus mince que son frère mais il avait les mêmes yeux,les mêmes sourcils ,le même contour des lèvres. Je détournai mon regard,c'était son frère mais ce n'était pas lui et ça,ça me fit mal de le découvrir.
-Mr ,Mme Perrault?lança une voix grave
Je me tournai vers l'entrée de la salle d'attente. Un homme avec une blouse blanche se tenait dans l'encadrement de la porte. Les parents de Kévin se ruèrent aussitôt vers lui. Mais il parla si fort que j'entendis malgré tout ce qu'il disait.
J'avais le coeur battant.
-Il est sorti de la salle d'opération. Mais il n'est pas encore réveillé et je ne pense pas qu'il va l'être de si tôt,commença t-il
-Mais pourquoi, docteur?
-Votre fils est...dans le coma,Mme. C'était la seule façon de le garder avec nous pour l'opération.
Un cri déchirant sortit de la gorge de Magalie.
-Et ce n'est pas tout, reprit le médecin, un nerf a été sectionné dans l'une des jambes de votre fils durant l'accident. Une réadaptation s'impose ou sinon il perdra cette jambe....
Le docteur dut continuer son discours mais déjà, je ne l'entendais plus. Je ne voyais plus rien, je devais être sur le point de tomber dans les pommes...
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Celui que j'attendais...
RomanceAprès deux chagrins d'amour,Diane décida de tout faire pour ne plus tomber amoureuse. Plus question d'avoir des amis du sexe opposé, plus question de parler d'amour avec ses amies,plus de films romantiques le vendredi soir!Deux ans passèrent et elle...