Réadaptation

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Kévin passa encore quelques mois à l'hôpital à cause de sa jambe. Les médecins tenaient à ce qu'il fasse une réadaptation car même s'il était hors de danger ,sa jambe fracturée dans l'accident était quasiment morte. Durant tous ces jours,pas une seule fois ,on put parler seuls à seuls. Il y avait tout le temps quelqu'un avec lui qui l'aidait à faire quelque chose. Même si la famille de Kévin m'aimait bien ,je sentais que celui-ci ne leur avait pas informé de la nature de notre relation. Même moi ,je ne la connaissais pas. Etions-nous encore des amis? Ou même m'aimait-il toujours?
Personne ne m'avait parlé d'un coup qu'il pouvait avoir pris à la tête,cependant c'était la seule explication que j'avais trouvé pour comprendre pourquoi on en avait toujours pas discuté jusqu'à présent.
Moi je l'aimais de plus en plus. J'admirais son courage,son optimisme par rapport à la situation qu'il vivait. Il n'avait rien demandé à Dieu sur son sort et il prenait mieux que quiconque chaque nouvelle qu'on venait de lui annoncer. À sa place ,j'aurais sûrement pété un câble !
Je me rendais tous les jours à l'hôpital les premières semaines mais la fin de session qui arriva,me fit peu à peu renoncer à aller voir Kévin. J'étais d'humeur exécrable. Pas seulement parce que je devais subir des tas d'examens mais aussi parce que j'avais l'impression de ne plus rien contrôler. J'étais différente de la fille qui avait entamé cette session avec tellement d'impatience et de détermination. Et ça,c'était avant de rencontrer Kévin... Avant de savoir qu'il valait mieux laisser le feu qu'est l'amour vous ravager que d'essayer de le combattre.J'aurais au moins voulu parler à Kévin au téléphone mais il a perdu le sien durant l'accident et il ne s'est pas procuré un nouveau. Si j'appelais,c'était quasiment sûr que j'allais tomber sur un membre de sa famille et ce n'était pas mon plus grand désir. Joline avait arrêté de me forcer à sortir avec elle et son copain depuis qu'elle avait su que j'aimais Kévin et que lui aussi m'aimait. J'étais fatiguée de l'entendre dire à tout bout de champ quel beau couple on formait. Ou avait-elle vu ce couple? Je n'ai même pas dit au garçon concerné que je pamais d'amour pour lui!
Tout ceci me désespérait. Meme ma famille ne me laissait pas de tout repos. On me demandait sans cesse des nouvelles de Kévin, quand est-ce qu'il pourra venir les voir...Bien sûr, je ne savais pas quoi repondre. Pourtant,ça ne les empêchait pas de poser des questions. Ils savaient comment cet accident m'avait affecté et nul ne doutait à présent de mes sentiments pour Kévin. J'avais hâte que la session finisse pour faire le point. J'en pouvais plus d'être ainsi partagée entre me forcer de ne pas aimer Kévin ou laisser cet amour s'emparer de moi petit à petit.
Et il y'avait Joline aussi. Je l'aimais bien jusqu'à ce qu'elle se mette en tête de reunir Kévin et moi!Je n'arrêtais pas de lui répéter que si Kévin et moi devrions être ensemble, ce n'est pas elle qui en sera l'auteure. Je savais qu'elle voulait que je goûte à l'effet que ça fait d'avoir quelqu'un dans sa vie,quelqu'un qu'on aimait,qui nous faisait sentir combien on était spécial! Je ressentais tout ça...mais loin de Kévin à présent puisque j'arrivais pas à être assez courageuse pour faire comprendre à sa famille qu'on avait des chsoes à se dire Kévin et moi.
En attendant ce moment,j'etudiais comme une forcenée. Ce n'était pas l'envie de donner le meilleur de moi qui m'habitait le plus mais je voulais m'occuper, effacer mes idées noires. Ça marchait bien jusqu'à ce qu'étant assez épuisée ou que je devais aller dormir. Alors là, dans la noirceur de ma chambre, je me mettais à penser à ce que ça aurait été ma vie si j'avais avoué à Kévin combien je l'aimais,ou même si je lui avais expliqué pourquoi j'étais si prudente en amour. J'aurais pris le risque qu'il me traite de lâche, mais je lui aurais au moins tout avoué. Je ne doutais pas qu'il pouvait me comprendre. Il était le seul après Dieu à me comprendre mieux que moi-même....Dans ces momentd noirs,ces moments de tristesse,il y avait pas juste des larmes de regrets,de peine que je rencersias sur mon oreiller, arrivaient à me faire sentir mieux....
Un samedi matin,une semaine avant la fin de mes examens,mon téléphone me réveilla. D'abord je l'ignorai parce que j'étais tellement fatiguée que j'avais l'impression d'avoir travaillé douze heures d'affilée la veille au soir alors que j'avais même pas fait la moitié !
Mais la sonnerie persista ,alors d'un geste brusque j'attrapai mon téléphone qui reposait sur ma table de chevet. D'un œil,je regardai qui essayait de me joindre un samedi matin à 7hres! Mais le temps que j'attrapai mon téléphone, je manquai l'appel. Les yeux à moitié fermés, j'essayais de voir le numéro mais c'était un numéro que je ne connaissais pas. Avec un soupir,je déposai mon téléphone sur la table de chevet en me disant que c'était qui s'était trompé de numéro. J'avais à peine les yeux fermés à nouveau que la sonnerie reprit. En colère,je pris l'appareil et lançai brusquement :
-Allô !
-Diane?répondit une voix masculine à l'appareil
Je fronçai les sourcils en me redressant dans le lit. Cette voix m'était familière mais j'arrivais pas à l'identifier.
-C'est qui?dis-je prudemment
La voix rit à l'autre bout du fil.
Non!C'est pas vrai!J'ouvris grand les yeux. Plus aucun doute,je ne dormais plus.
-Troy!lançai-je
-Eben,t'en as mis du temps pour me reconnaître !
-Parce que je ne sais plus depuis quand je t'ai parlé la dernière fois. Ça fait si longtemps!!!
-Oui,c'est vrai. Ça va?
-Oui oui mais toi ,est-ce que ça va?
-Bien sûr, je t'appelais pour te dire que je séjourne chez mes parents pendant les fêtes de Noël.
-Pour vrai?!
-Oui,je suis chez eux en ce moment.
-Ils doivent être super contents de te voir!
-Oui tellement contents que j'ai eu honte de les avoir infligés tant de souffrances en partant.
-Tu devais partir,j'imagine.
-À l'époque,je ne voyais aucune issue,Diane.
-Ou t'en as pas cherché non plus?
-Je sais que tu m'en veux d'être parti mais tu dois pouvoir comprendre ce que je vivais à l'epoque!
-Non Troy,j'ai fait le contraire. J'ai renoncé à comprendre ton geste.
-C'est peut-être mieux ainsi.
-C'était la seule façon que j'ai trouvé pour ne pas te haïr d'avoir fait ça.
-Je suis désolé, Diane.
-Moi aussi,Troy.
-Ça te dirait de déjeuner avec moi aujourd'hui ?
Je réfléchis rapidement. Je devais étudier ,mais ce n'était pas une priorité,j'avais tellement étudié ces jours-ci que je pense que je mérite de lâcher un peu la prise. Après tout, je mourrais d'envie de voir mon ami après tout ce temps !
-D'accord.
-Je passe te chercher à 10hres?C'est pas trop tôt ?
Fallait y penser avant que tu m'appelles à 7hres du matin!!!!
-Non c'est parfait. À tantôt.
-Super.À plus.
Je raccrochai en soupirant et je me laissai tomber sur le lit. Il avait fallu qu'il vienne maintenant ! Au moment où j'essayais de voir clair dans ma vie sentimentale et faire la paix avec mon passé.
Quelques heures plus tard, j'étais prête et j'attendais Troy. J'arrngeais la coiffure pour la énième fois quand la sonnette retentit. Je me ruai vers la porte pour pas que le son réveille la maison encore endormie. J'ouvris doucement la porte et je sortis en la fermant sans lever mes yeux. Puis je dis:
-Ma famille dort encore alors je ne voudrais pas les...
Ceci dit,je me tournai vers mon visiteur et j'eus un choc.
Troy me sourit .
-Salut! Toujours la même,mais en plus belle à ce que je vois.
Sur ce,il se pencha et déposa un baiser sur ma joue. Je regardai le nouveau Troy qui se tenait en face de moi et je n'avais qu'un mot en tête pour le décrire : Un homme!Mon ami n'était plus le jeune ado que j'avaid connu. Sa barbe de quelques jours et ses larges épaules le prouvaient.
-Tu as...,bégayai-je
-Changé ?
Il rit doucement et mit ses mains dans les poches de son manteau.
-Et si on y allait?Je te ferai un rapport détaillé de tout ce que tu aimerais savoir de ce nouveau Troy.
Je lui souris.
-Tu lis dans mes pensées.
J'enfilai mes gants et ma tuque et je le suivis.
Il alla vers une jolie Honda de couleur beige et m'ouvrit la portière. Je le remerciai tout en grimpant sur le siège avant. J'attachai ma ceinture et je me tournai vers mon ami. J'arrivais pas à croire que j'étais ici,dans cette voiture avec lui. Moi qui pensais ne jamais le revoir.
Quand il s'aperçut que je le fixais,il me sourit en disant:
-Quoi?
-Je pensais que t'avais oublié mon numéro de téléphone.
Il mit le contact et fit tout simplement :
-Ah oui?
-Tu n'as répondu à aucun de mes emails,t'es pas venu à Montréal depuis trois ans ,Troy!
-Et voilà,des reproches!On croirait entendre ma mère ! dit-il,sarcastique
-Désolée, je m'étais promise de ne rien dire.
Je m'adossai à mon siège en soupirant et je regardai la route devant moi jonchée de neige.
Pourquoi il avait fallu que je dise ça? Ça ne me regardait pas ce qu'il était devenu. Il avait choisi de partir,je l'avais accepté son choix,non?
Je priais à présent pour qu'on soit rendu à ce déjeuner. Je voulais me distraire et pas me focaliser sur la colère et la tristesse que j'avais ressenti quand Troy était parti.
Mais mon ami n'avait pas la même envie,car il m'emmena dans un restaurant tres loin de chez moi,à environs 45 minutes de chez moi.
Quand il se stationna enfin ,je ne pus m'empêcher de lui demander:
-C'est le bon,cette fois?
-De quoi tu parles?
-Parce qu'on a déjà passé trois restaurants qui auraient pu faire l'affaire.
Il eut la mauvaise idée de sourire,ce qui m'exaspéra.
-Oui,c'est le bon.
Il sortit de la voiture en secouant la tête. Je défis ma ceinture et je pris mon sac afin de le suivre à l'intérieur du restaurant. Celui-ci s'appelait Eggcetera . Très original comme nom.
Troy alla trouver la fille à l'accueil et lui dit en anglais:
-Une table pour deux,s'il vous plaît.
Quand il se tourna vers moi, je lui lançai :
-J'avais oublié si tu pouvais parler l'anglais maintenant.
-Et toi?
-Je me bats encore.
-Ça viendra.
-Comment tu connais ce restaurant ?
-C'est un ami qui l'a conseillé,tu me diras si c'était un bon choix de suivre son conseil.
-Avec plaisir.
On fut dérangé par une jolie fille,vêtue en noir qui nous dit:
-Mr,Mlle,suivez-moi.
Sans nous faire prier,on la suivit à une table près de la fenêtre, ce qui m'arrangeait parfaitement.
J'enlevai mon manteau et Troy enleva le sien et nous nous installames.
Je pris le menu pour parcourir les choix que j'avais. Et il y'en avait, des choix !
Je levai la tête pour regarder Troy et mes yeux tomba dans les siens. Je m'attendis à ressentir un petit frisson mais je ne ressentis rien. Nada,nothing,rien du tout!
J'en fus si soulagée que je souris sans m'en rendre compte.
-Ça va,Diane ?
-Oui,je vais très bien alors raconte. Pourquoi t'es à Montréal ?
-Etudies-tu encore en Soins infirmiers?
-Oui et ne change plus de sujet.
Troy sourit et baissa la tête.
-J'avais envie de te voir.
-Sans blague?
-Je m'excuse pour toutes les fois où j'ai pas répondu à tes emails,tes appels.
-Arrête, c'est pas la peine,Troy. Je ne t'en veux pas. Je savais qu'il y'avait une raison derrière ce silence et j'ai accepté de déjeuner avec toi parce que je veux connaître cette raison.
-C'est difficile à expliquer,Diane.
-Ah oui?Tu penses?
-Je suis sérieux.
-Moi aussi,figure-toi.
Il passa une main dans ses cheveux en promenant son regard dans le restaurant bruyant.
-Tu sais pourquoi je suis parti,Diane.
-Justement,non,je ne sais pas pourquoi tu es parti. Oui,tu m'as donné la raison que tu voulais mais toi et moi,nous savons très bien que ce n'était pas la bonne. Alors qu'est-ce qui s'est passé pour que tu retournes à Montréal sans avertir?
Troy me regarda fixement dans les yeux et j'y lus une telle tristesse que mon coeur se serra douloureusement.
-J'ai rencontré une fille à Ottawa,deux mois après que je me sois installé sur le campus de mon collège. Elle s'appelait Jenna. Elle était belle. Et je ne te parle pas seulement de sa beauté extérieure,j'admirais sa façon de voir les choses. Nous fréquentions le même collège, des programmes différents mais le même campus. Je t'ai jamais parlé d'elle parce que je n'étais pas sûr que tu étais prête à entendre parler d'elle. Moi non plus,j'étais pas prêt à la voir plus qu'une simple fille. Mais les mois ont passé,nous avons commencé à sortir ensemble.
Mon ami se tut un instant et parut voir le menu et l'attrapa en disant d'une voix qu'elle voulait légère :
-Et si on commandait maintenant ?
-Non Troy,dis-moi tout.
-Diane....supplia t-il
Mais il dut lire quelque chose dans le regard que je lui lançai car il déposa le menu en soupirant.
-Je suis tombé amoureux d'elle comme tu as dû t'en douter. Et quelques mois après notre rencontre, nous avions commencé à coucher ensemble.
-Mais t'es au courant que c'est...
-Oui j'ai péché, je le sais. Et je l'ai payé assez cher,crois-moi.
Il mit son visage entre ses mains.
-Elle est tombée enceinte, un an plus tard. Je ne savais pas quoi faire. J'avais pas fini l'école,je n'avais pas une bonne job et là, j'apprenais que j'allais être papa!J'ai pété un câble. Elle voulait le garder alors que je persistais à dire le contraire. Pour moi,cet enfant venait tout gâcher. Jenna ne voyait pas les choses comme ça. Alors on s'est séparés pendant quelque temps.
Mon ami se tut à nouveau et ce silence était encore pire que le premier si je pouvais dire ça.J'aurais pu jurer que mon ami tremblait comme un enfant et ce n'était pas le froid qui était en cause...Je frissonnai à mon tour.
-Troy,c'est la raison pour laquelle je n'avais pas de nouvelles de toi?
-Entre autres. Mais maintenant, il ne me reste rien. Jenna et le bébé sont morts!
J'eus un coup à la poitrine,doucement je portai une main à mes lèvres.
-Non,murmurai-je
-D'après ce qu'on m'a dit,c'était un banal accident de la route et ils sont morts tous les deux sur le coup. Tu ne sais pas combien je me sens mal,combien je regrette de ne pas l'avoir soutenue dans son choix. C'était quand même mon enfant!Et là, je vais devoir vivre avec leur mort toute ma vie.
-Oh Troy...
Je me levai de mon siège,les larmes aux yeux et je pris mon ami dans mes bras et comme dans un brouillard, nous entendîmes :
-Vous avez fait votre choix?

Celui que j'attendais...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant