Miracle

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Un mois plus tard,l'état de Kévin n'avait pas changé. Il ne pouvait communiquer avec nous. On savait juste qu'il était encore en vie grâce aux machines. Je venais le voir en cachette,parce que je ne voulais pas qu'on me voit encore pleurer. Et c'est ce qui arrivait à chaque fois que je rentrais dans la chambre 247 de l'hôpital,ou à chaque fois qu'on me parlait de lui. Ma mère refusait de me donner de ses nouvelles car elle ne voulait pas m'affecter. Elle voulait que je reprenne ma vie d'avant l'accident mais c'etait impossible. J'y arrivais pas en sachant dans quel état était Kévin.Voir ce grand corps inerte dans ce petit lit me rendait carrément triste,furieuse aussi. Ça aurait pu être un autre mais on avait choisi lui!
À chaque fois que je venais le voir,je m'asseyais à la tête du lit et je lui tenais la main.Bizarrement ce geste me réconforta,me remplissait de paix ,comme s'il me redonnait l'espoir que j'avais perdu mais quand je lâchais cette main,j'étais tombée à nouveau dans mon trou noir.
On était lundi,j'avais hâte que la journée passe pour aller au chevet de Kévin avant de rentrer chez nous. J'assistai à mon cours de soins et Joline était là. Elle était au courant de l'accident et en était ébranlée comme moi mais ce qu'elle savait pas ,c'était que j'étais dingue de notre ami commun. Quand le cours prit fin ,Joline m'annonça avec un sourire:
-J'avais prévu d'aller voir Kévin aujourd'hui, tu voudrais m'accompagner ?
-J'y allais de toute façon, repliquai-je
Je ramassai mes livres et avec Joline ,j'allai à mon casier où je les déposai.
-Sais-tu si son état a amélioré ? me demanda t-elle
Mon coeur se serra ,j'étais à deux doigts de craquer devant mon amie. Et là,elle saurait tout. Je respirai profondément et je fermai mon casier. Je me tournai vers elle pour lui répondre :
-Non rien a changé, Joline.
Mon amie secoua tristement la tête avant de remonter la lance de son sac à dos.
-C'est incroyable, je ne sais juste pas quoi dire. On vient de le rencontrer, Diane,on apprenait tout juste à le connaître et....
Elle avait tellement raison. Je hochai la tête et on se décida à partir. Au cours du long trajet du Collège à l'hôpital, mon amie et moi,ne parlâmes point. Ce fut comme un soulagement quand nous descendimes notre dernier bus à quelques pas de l'hôpital.
Nous montâmes à l'étage et allâmes à la chambre 247. Comme chaque fois que je le voyais,je me sentais défaillir. Je m'accrochai à l'encadrement de la porte un instant tandis que mon amie alla au pied du lit. Elle avait une main portée à ses lèvres, comme si elle retenait un cri. Et ceci me déchira. Parce que cela voulait dire qu'une autre personne parmi toutes celles que je connaissais déjà savait que Kévin ne s'en sortirait pas. Doucement,je laissai l'encadrement de la porte et j'allai rejoindre mon amie. Elle se tourna vers moi,le visage baigné de larmes.
-Oh Diane,c'est affreux,murmura t-elle
-Oui,murmurai-je
-Qu'est-ce que les médecins disent?
-Ils considèrent qu'il est...mort,mais la famille de Kévin ne l'accepte pas alors elle a décidé de le laisser brancher...
Ma gorge se noua et je ne pus continuer ma phrase. J'allai à la fenêtre pour que mon amie ne voient pas mes yeux brillants.
-Je vais aller chercher un café,je vais rester ici un peu ,demain,il n'y a pas de cours,déclara t-elle
-C'est vrai. Apporte-moi un s'il te plaît ,merci,lui dis-je sans me tourner.
Je crus qu'elle était sortie alors seulement,je soupirai. Mais la voix de mon amie dans mon dos me fit sursauter quand elle dit:
-Tu l'aimes ,n'est-ce pas ?
Je me retournai vivement sans même avoir le réflexe de sécher mes larmes qui coulaient.
-Non Joline,tu...
-Diane,arrête,c'est pas la peine. J'avais fini par le deviner.
Elle me sourit en me prenant une main.
-C'est le seul garçon depuis que je te connais que t'emmenes à notre église. J'ai vu aussi comment il te déstabilisait,moi qui pensais que c'était quelque chose d'impossible!
Elle rit doucement.
-Tu vas peut-être me trouver bizarre mais...je suis contente pour toi,Diane. Aimer,c'est ce qu'il y'a de plus beau. Et j'avais peur que tu ne le vives plus.
-J'ai essayé,Joline. Je ne voulais pas tomber amoureuse de lui,je ne voulais pas...
-Te connaissant,t'as dû résister de toutes tes forces avant de l'admettre mais c'est un fait,ça se voit dans ton regard,on peut pas se tromper. Je vais aller chercher ce café,je veux tout savoir.
Elle me prit dans ses bras et me fit un gros câlin. Ça me fit un bien fou de pouvoir enfin partager mes sentiments avec quelqu'un,avec Joline en plus.
Je séchais mes larmes avec des mouchoirs et je m'approchai du lit. Je regardai l'électrocardiogramme indiquer les battements du coeur du garçon qui j'aimais. Et ensuite,je regardai Kévin et je souris.
-Une fois,tu m'as dit que L'ECG était une drôle de façon que les scientifiques avaient choisi pour lire les battements du cœur. Les lignes ressemblaient plus à des mouvements du dos d'un chameau et ça n'avait rien à voir avec un coeur...
À ce souvenir,je ris doucement puis j'allai m'asseoir près du lit.
-Et ces mouvements du dos de chameau comme tu disais,sont la seule preuve que j'ai qui me dit que t'es encore de ce monde,Kévin...je me sens tellement mal depuis que je sais que t'es ici...
Je ne pus continuer car j'avais éclaté en sanglots. J'essayais de ne pas faire de bruit même si Kévin en pouvait rien entendre.
-J'aurais dû te dire que je t'aimais, j'aurais dû te le dire....,me lamentai-je
Je pris ma tête entre mes mains,désespérée. Ce fut ainsi que me trouva Joline et elle me prit dans ses bras pour me consoler. On decida de pousser les fauteuils vers la fenêtre pour que Kevin ne nous entendit pas. Comme s'il risquait d'entendre grand chose... Je bus une gorgée de café et la chaleur se répandit dans mon corps froid. Je sentais le regard insistant de mon amie sur moi et cela me mit mal à l'aise. Je regardai dehors en lui disant:
-Je voulais tout te dire mais j'étais pas sûre que je voulais que tu sois au courant. J'ai pas ressenti ce que je ressens...depuis...
Je fronçai les sourcils pour le rappeler mais j'en fus incapable.
-Je n'ai jamais ressenti ce que je ressens,murmurai-je
-Et ça t'effraie? demanda mon amie
-Oui,énormément. J'ai peur qu'il me fasse mal ou que moi,je m'en fasse.
-Est-ce qu'il est au courant de ce que tu ressens?
-Non...
Je vis le regard triste de mon amie quand je lui dis cela.
-Mais il m'a dit qu'il m'aimait...
-Quand ça?pressa Joline,les yeux brillants
-Le jour de son accident.
-Quoi?T'étais avec lui ? Mais...
-On était sortis ensemble ce jour-là, il m'a dit ce qu'il ressentait pour moi et moi,j'ai fui...Plus tard, j'ai appris pour son accident.
-Seigneur...ça à dû être affreux, Diane.
-Oui je me sens mal. Je n'arrête pas de me dire que je n'aurais jamais dû le laisser.
-Mais ce qui est fait est fait,tu ne peux rien changer.
-Je sais mais ça ne m'aide pas à accepter ce qui lui est arrivé...
Je vis me regard de mon amie se diriger vers le lit et revenir vers moi. Elle me sourit.
-Je ne sais pas pourquoi mais à chaque fois que je vous voyais,vous formiez déjà un couple dans mon esprit. Vous êtes nés pour être ensemble,Diane. J'en suis certaine.
-Comme Johnny et toi?
-Comme Johnny et moi...
-Puisse Dieu t'entendre,Joline. Je ne pense pas que je supporterai de le perdre. J'en ai déjà tellement perdu...
Mon amie me serra à nouveau contre son coeur en silence.
Nou passames près de cinq heures avec Kévin, ce fut sa mère qui nous poussa à aller chez nous parce qu'on tombait de sommeil. Évidemment, je ne voulus pas. Mais Joline avait décidé de rentrer. Et je ne voulais pas la laisser seule...ou c'était moi qui ne voulais pas rester seule. J'embrassai Magalie pour lui dire au-revoir et elle me chuchota tranquillement :
-J'ai confiance en Dieu,Diane. Tout va bien.
Une autre personne aurait trouvé ses propos dérisoires mais moi,je savais que ce n'était pas des paroles en l'air. Dieu pouvait encore faire un miracle.
Je rentrai chez moi,je pris une douche ,je fis ma prière du soir et malgré ma fatigue évidente,quand je montai le lit,je fus incapable de trouver le sommeil. Je n'arrêtais pas de tourner et de retourner dans mon lit en pensant à Kévin.
Il était cinq heures du matin quand enfin je réussis à dormir et la dernière image que j'eus, ce fut le visage si beau de Kévin qui me disait je t'aime.
Aux environs de 11hres du matin, je me levai,m'habillai fraîchement pour me rendre l'hôpital. Je sentais que quelque chose avait changé depuis hier soir. La maison était vide. J'étais la seule à avoir la journee devant moi. Je ne pris même pas le temps de déjeuner. Je sortis de la maison et je me mis en route environ une heure et quart plus tard,j'étais dans l'ascenseur qui menait à l'étage où se trouvait Kévin. Quand il fut rendu,je me ruai pratiquement vers sa chambre. La porte était ouverte comme à l'habitude mais ce qui n'était pas habituel depuis quelques semaines,c'était le son de la merveilleuse voix de Kévin dans la chambre.
Une joie immense m'envahit et je pénétrai dans la chambre. Tous les yeux se tournèrent vers moi. Jared,Millie(la petite soeur de Kévin),les parents de Kévin et Kévin lui-même. Les yeux brouillés par des larmes,je portai une main à mes lèvres. Kévin me sourit ou du moins s'efforça de le faire. Je me risquai à m'avancer vers le lit sous les regards de sa famille.Il leva une main et toucha la mienne quand je fus près de lui et me sourit. Seigneur ,il m'avait tellement manqué !!! Merci de me le ramener !
-Tu ne vas quand même pas tomber dans les pommes à nouveau,lança t-il doucement avec effort
Je ris ,sa famille fit de même alors seulement, je m'autorisai à croire au miracle qui avait été fait. Il était en vie!Kévin était revenu à la vie !

Celui que j'attendais...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant